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Abdelmajid Dolmy
19 février 2010 16:31
140 sélections, 17 ans au sein de l'équipe nationale, décoré par l'UNESCO… Abdelmajid Dolmy, l'enfant timide du football marocain, fait toujours vibrer la nostalgie collective.

L'moudir (le directeur), l'oustade (le professeur), l'mitale (l'exemple), le mâalam (le maître), le maestro, le gentleman du football marocain, l'homme des missions impossibles, le radar de l'équipe nationale, le Mozart du ballon rond… vous avez deviné à qui je fais allusion. Le légendaire numéro 6 de l'équipe nationale et numéro 4 du Raja de Casablanca, un joueur aussi imposant par sa pratique du football et sa présence sur le terrain, qu'attachant par sa gentillesse et sa modestie. J'ai nommé Abdelmajid Dolmy.

Notre première rencontre a lieu à quelques jours de l'hommage (15 juillet) que lui réservent les amis de Ghiwane, en collaboration avec la RTM. Une soirée artistique à laquelle prendront part Abdelhadi Belkhayat, Omar Sayed, Najat Atabou…

Zouheir Qamari, président de l'association à qui on doit cette initiative, tient à souligner que cet "hommage est un geste de reconnaissance aux services rendus au football national par ce joueur – ténor qui a, tout au long de sa carrière, remis son ouvrage sur le métier et symbolisé aux yeux de tous les amoureux du football le beau jeu par excellence". Nous ne contredirons pas monsieur Qamari. Mais nous sommes loin du jubilé tant attendu et évidemment mérité. Nous parlons bien de Abdelmajid Dolmy ? D'ailleurs, Hamid, fan inconditionnel ne cache pas sa déception. "Dolmy doit être fêté sur le terrain et devant des stars internationales et son public". Il n'a pas tort non plus. Mais face à l'immobilisme du Raja et de la fédération de football, l'initiative de Zouheir Qamari est bonne à prendre et à saluer. Ce qui est sûr, c'est que l'intéressé est touché par le geste. Tant mieux. "Je remercie les gens qui ont pensé à moi en me consacrant cet hommage".

- Dolmy, comment tu t'es retrouvé dans le milieu du football?
- Demande leur (montrant du doigt ses amis présents).
- Ton plus grand match ?
- Je ne me souviens plus.

On m'avait prévenu que Dolmy n'était pas très bavard. Mais là, ça dépasse de loin tout ce que j'aurais pu imaginer. Le plus frappant, c'est que je ne décèle aucune arrogance dans ses réponses. Elles me confirment la timidité et la modestie de ce bonhomme, qui semble de plus en plus gêné au fur et à mesure que je lui pose des questions. Encore plus incroyable, quand on sait qu'en vingt ans de carrière, il n'a jamais accordé d'interview. Un journaliste sportif m'avoue "qu'en 1986, on m'avait promis 20.000 DH pour une interview de Dolmy, ce qui était énorme". à la même époque, une publication de la place annonce que Dolmy (sans avoir été informé), répondra à toutes les questions des lecteurs. "Nous n'avons jamais reçu autant de courriers". Dans les deux cas, Dolmy ne changera pas pour autant ses habitudes : Silence radio.

J'essaye une dernière fois, tout en espérant le faire changer d'avis. Le convaincre de l'importance de ses déclarations. "Ton histoire pourrait servir d'exemple à la jeunesse marocaine, que tu pourrais faire rêver, inspirer, motiver. Pense au patrimoine de mémoire que tu peux laisser à tes enfants pour plus tard".

Je ne reçois en guise de réponse qu'un hochement de la tête approbateur. Sans plus. Je me résigne à me tourner vers son entourage, ses amis, sa famille, anciens coéquipiers qui m'apprennent qui il est réellement. Entre temps, personne ne peut savoir ce qui lui trotte dans la tête. Abdelmajid Dolmy voit le jour en 1953 à Bouchentouf, un des quartiers du grand Derb Soltane. Son empreinte sur cette partie de Casablanca, connue pour ses magasins d'articles de sport, son inégalable viande hachée et surtout son attachement très particulier au Raja de Casablanca (j'en oublie d'autres), est encore très visible.

Les photos, à son effigie, dans les commerces vous interpellent et témoignent de la fierté de toute une partie de la population casablancaise de celui qu'on appelle Mjid. "Derb Soltane a donné naissance à un des plus grands messieurs qu'ait connu le football, non seulement au niveau national mais aussi sur le plan international" nous dit Abdellah, avant d'ajouter "Nous en sommes fiers et personne ne pourra nous l'enlever".
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19 février 2010 16:31
C'est dans ce quartier que Dolmy touche son premier ballon. Un amas de papier ficelé. "Malgré le peu de moyens dont nous disposions, nous adorions jouer. Nos cartables faisaient office de poteaux, on jouait pieds nus pour ne pas user nos souliers…" à l'époque, nous raconte un ami de Dolmy, "dans les quartiers populaires, pour se faire respecter, il fallait soit être fort, soit jouer au foot. Mjid a choisi de taper dans le ballon". Durant ses études primaires, il se rend au terrain du Chili, jouxtant Derb Soltane et incroyable pépinière de talents, pour y jouer des matchs avec les jeunes de son âge. Les grands, épatés par son jeu, lui proposent de jouer avec eux. Il a à peine 16 ans. Un des anciens responsables du Chili, Driss dit Totofoot s'en souvient : Le petit Mjid pour son âge, avait des qualités techniques impressionnantes".

En 1970, alors au Lycée Mohammed V, Dolmy se voit proposer – il est presque emmené de force – par Youâari, son voisin de l'époque et responsable actuel de l'équipement chez le Raja, un match test chez les verts. L'essai est concluant. Pour l'anecdote, le père de Dolmy ne veut pas entendre parler de carrière dans le football. "J'ai dû subtiliser le livret de famille à mon père pour signer avec le Raja", nous avoue Dolmy. Il est donc dorénavant rajaoui. Il brille de mille feux au sein d'une équipe junior dont les joueurs sont d'une part plus âgés que lui, mais aussi plus expérimentés. Ce qui ne l'empêche pas de devenir très vite la star de l'équipe.

Aujourd'hui, Dolmy reconnaît, qu'en jouant dans son quartier et au Chili, n'avoir "jamais pensé un seul instant évoluer un jour au sein d'une équipe, puisque je jouais seulement pour le plaisir". Il ne faut pas plus d'un an pour qu'il se retrouve cette fois-ci au sein de l'équipe première. Abdelkader Lakhmiri, entraîneur du Raja à l'époque, l'aligne pour son premier match aux côtés de Petchou, Houmane, Binini… Ce qui ne semble pas l'impressionner. Bien au contraire, il sort un match parfait. Le coach ne veut plus se passer de lui. La lune de miel qui durera 17 ans sera couronnée part trois coupes du trône. Sa contribution à ces sacres est largement reconnue. Le public qui apprécie la finesse qu'il apporte au jeu rajaoui le lui rend bien. "On scandait son nom tout au long des rencontres. C'était incroyable".

D'ailleurs le rendement du Raja se mesure à la forme de Dolmy. Ce n'est qu'en 1987, qu'il quitte l'équipe de ses débuts pour la Centrale laitière. Fouad Filali, grand fan de Dolmy et président de l'ONA, le veut absolument pour apporter la popularité qui manque à son équipe. Et çà réussit. "Alors que le Raja jouait le même jour, le public rajaoui se déplaçait en masse pour regarder jouer Dolmy au sein de la Centrale laitière". Tous les journalistes sportifs s'accordent à dire que ce transfert est l'événement sportif de l'année. Et le plus cher. 400.000 dirhams. Pour l'anecdote, Dolmy impose une clause dans son contrat : je ne jouerai jamais contre mon ancienne équipe. 3 ans plus tard, il reviendra au bercail. Le Wydad devant jouer la demi finale de la coupe d'Afrique, Youri, l'entraîneur du WAC prend contact avec lui pour le recruter. La nouvelle se propage rapidement au sein du public rajaoui qui se rend immédiatement en masse au complexe du Raja pour signifier aux dirigeants sa colère. Ces derniers, face aux pressions, recrutent à nouveau Dolmy. Il finira sa carrière au sein de l'équipe de ses premières amours.

Dolmy et l’équipe nationale
La carrière de Dolmy au sein de l'équipe nationale ne laisse pas indifférent. Elle est même impressionnante. "Il nous a donné tellement de plaisir". 17 ans de bons et loyaux services (un record), près de 140 sélections (encore un record). Pour les férus des records, sachez que Dolmy n'a jamais, durant sa longue carrière, obtenu d'avertissement. Ce qui lui a valu le prix du fair-play décerné par l'UNESCO en 1992, pour récompenser "Un joueur dont la moralité et la courtoisie exemplaires le font unanimement considérer par ses partenaires ou adversaires comme un ambassadeur du football". Il s'illustre dès ses débuts avec la sélection junior lors d'un tournoi dans la ville du Havre, auquel participent les plus grandes équipes mondiales. Il est élu meilleur joueur .
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19 février 2010 16:32
Son passage chez les grands ne se fait pas attendre. Lors de son premier match en équipe A, qui a lieu à Fès en 1974 contre le Sénégal, Dolmy explose. Joao Havelange, président de la FIFA à l'époque, présent ce jour-là est impressionné : "Ce joueur m'a beaucoup plu. Il dispose de grandes qualités techniques. Il a devant lui un grand avenir". Le Patron de la Fifa ne s'est pas trompé. L'ascension de Dolmy sera vertigineuse. Une magnifique coupe d'Afrique remportée en 1976. Une incroyable aventure mexicaine de 1986 durant laquelle un certain Dolmy a tellement dominé le milieu de terrain lors d'un Maroc-Angleterre qu'il fut agressé par un joueur anglais qui avait été exclu par l'arbitre. Dolmy a été noté 9/10 par le journal l'équipe, note rarement attribuée. Mohammed Timoumi, un des héros de Mexico 86, sera élogieux à son égard- il n’est pas le seul – et pour le rôle qu’il a joué au sein de l’équipe. "Il était le directeur du jeu lors de tous nos matchs".

Cela fait près de 13 ans que le maestro a tiré sa révérence, nous gratifiant de mille et une belles choses. Dans l’attente de lui renvoyer le ballon (Messieurs du Raja et de la Fédération, on attend toujours), nous ne pouvons que lui être reconnaissant et espérer. éspérer qu’un jour un nouveau maestro nous fera autant vibrer.
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k
19 février 2010 16:34
Un grand joueur comme on en fait (presque) plus au Maroc.

Il me semble (à vérifier) qu'il n'a jamais reçu un seul carton (jaune ou rouge) durant toute sa carrière!
 
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