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Y a-t-il un génocide invisible des femmes en Asie ?
X
3 juin 2012 19:05
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a écrit:
C'était une information comme il y en a des milliers dans les rubriques des faits divers. Un petit article du Hindustan Times, paru le 19 avril, qui signalait que, pour la deuxième fois dans la même semaine, on avait trouvé, dans la ville de Gurgaon, non loin de New Delhi, une petite fille tout juste née et déjà abandonnée. La première sous un arbre, la seconde dans une poubelle. Dans sa dernière phrase, l'auteur de l'article rappelait que, selon le recensement de 2011, le sex-ratio à Gurgaon était tellement déséquilibré qu'il naissait 853 filles pour 1 000 garçons.

On a beau savoir, depuis de nombreuses années, que les avortements sélectifs sont monnaie courante en Inde, ce genre de chiffres est toujours un choc. Le phénomène est tel que les journaux indiens emploient fréquemment l'expression de "female fœticide" (fœticide féminin), qui est même devenue un mot-clé dans The Times of India. Pour me rafraîchir la mémoire, j'ai récupéré quelques autres études et données chiffrées. Le sex-ratio "normal" chez l'homme est d'environ 105 garçons pour 100 filles à la naissance et c'est, par exemple, ce que l'on constate en France. Il peut y avoir quelques fluctuations de quelques points autour de cette proportion mais rien d'énorme. Il naît naturellement plus de garçons que de filles et, au fil du temps, les deux populations s'équilibrent (les hommes ont plus d'accidents et sont plus "fragiles" que les femmes) puis le rapport s'inverse puisque ces dames vivent plus longtemps que ces messieurs. Ainsi, en France, pour 100 femmes de 65 ans et plus, il ne reste plus que 74 hommes dans la même tranche d'âge. Au total, sur la population générale, on compte 96 Français pour 100 Françaises.

Chez les deux géants asiatiques que sont l'Inde et la Chine, le sex-ratio à la naissance a depuis un bon moment quitté les rives de la normalité, avec respectivement 112 et 113 garçons pour 100 filles. La raison est à la fois culturelle, politique et technologique. Culturelle d'abord car c'est la préférence pour les mâles, encore très marquée dans ces sociétés, qui est le moteur premier des avortements sélectifs. Technologique car, même s'il ne faut pas oublier que des infanticides de filles existent toujours, l'ampleur du phénomène s'explique par la généralisation de l'échographie au cours des dernières décennies, qui permet de déterminer le sexe du fœtus. Politique enfin car le désir des Etats de contrôler la démographie et d'abaisser le taux de fécondité (avec par exemple la politique de l'enfant unique en Chine) met une pression supplémentaire sur les familles. Les mêmes Etats ont donc introduit des lois pour juguler les IVG anti-filles et la Chine, qui était grimpée à un sex-ratio de 120 garçons pour 100 filles au cours des années 2000, avec un pic à 137 garçons pour 100 filles dans la province du Jiangxi en 2004, a vu ce chiffre sensiblement baisser dernièrement (même s'il faut parfois se méfier des statistiques officielles).

En Inde, en revanche, le "fœticide féminin" ne semble pas vraiment sur le déclin comme l'a expliqué une étude parue en 2006 dans The Lancet. La sélection prénatale s'avère particulièrement redoutable dans le cas où les premiers enfants nés sont de sexe féminin. Si le couple a déjà une fille, le sex-ratio pour le deuxième bébé n'est plus que de 749 filles pour 1 000 garçons. Et si les deux premiers enfants sont des filles, la proportion pour le troisième baisse encore à 719 filles pour 1 000 garçons ! La même étude estime que, entre 1985 et 2005, environ un demi-million de petites Indiennes ont manqué chaque année à l'appel, soit un total de 10 millions d'individus sur les deux décennies. D'où l'interrogation qui figure en titre de ce billet : peut-on parler de génocide invisible des femmes en Asie, sachant que des anomalies du sex-ratio sont signalées en Chine et en Inde, mais aussi au Pakistan et au Vietnam ? C'est un sujet délicat car certains ne se priveront pas de se saisir de cette dénonciation des avortements sélectifs pour remettre en cause le droit à l'interruption volontaire de grossesse – ce dont il n'est évidemment pas question ici. Autre obstacle : ce détournement misogyne de l'IVG est un processus silencieux qui joue sur le long terme ; il ne se manifeste pas brusquement ni de manière spectaculaire et les médias, faute d'actualité brûlante, ont donc du mal à s'en emparer.

Pour finir, je voudrais signaler que ce phénomène fait des ricochets ailleurs qu'en Asie, tout d'abord par le biais des communautés expatriées qui continuent, au moins pour un temps, de privilégier une descendance masculine. Ainsi, un sex-ratio anormal chez les enfants nés de parents indiens vivant en Angleterre et au Pays de Galles a-t-il été mis en évidence dans une étude parue en 2007. Au début du mois de mai, The Economist a relevé une autre étude montrant le même genre de phénomène, cette fois dans la province canadienne de l'Ontario, dans des familles venant d'Asie du Sud et du Sud-Est.

Enfin, certains pays d'Europe succombent aux préjugés anti-filles et pratiquent les avortements sélectifs y afférents. Le signal d'alarme a été tiré il y a quelques mois, en octobre 2011, par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe qui a adopté une résolution intitulée "La sélection prénatale en fonction du sexe". On y lit notamment qu'"au cours des dernières années, l’écart par rapport au sex-ratio naturel à la naissance a atteint des proportions inquiétantes dans plusieurs Etats membres du Conseil de l’Europe. C’est notamment le cas de l’Albanie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan où le taux actuel est de 112 garçons pour 100 filles et de la Géorgie où il est de 111 garçons pour 100 filles. (...) L’Assemblée souhaite attirer l’attention des Etats membres du Conseil de l’Europe sur les conséquences sociales de la sélection prénatale en fonction du sexe, notamment sur les déséquilibres démographiques susceptibles de créer des difficultés pour les hommes dans la recherche d’une épouse, de mener à des violations graves des droits de l’homme telles que la prostitution forcée et la traite à des fins de mariage ou d’exploitation sexuelle, et de contribuer à une montée de la criminalité et des troubles sociaux."

Pierre Barthélémy (@PasseurSciences sur Twitter)
c
3 juin 2012 19:13
la phrase importante du texte:

"c'est la préférence pour les mâles, encore très marquée dans ces sociétés, qui est le moteur premier des avortements sélectifs. "
X
3 juin 2012 19:41
C'est un génocide silencieux. Et sur lequel les féministes gardent le silence. Car il est difficile de dire quoi que ce soit puisque l'avortement est permis et encouragé. D'ou leur silence.
c
3 juin 2012 21:02
mais tu racontes n'importe quoi........... ptdr
les féministes au contraire dénoncent fermement cet eugénisme anti féminin.
L
3 juin 2012 21:53
Je reste intimement convaincu qu'un génocide des femmes entrainerai inéluctablement un génocide des hommes...Angel
3 juin 2012 21:59
salam rasta

je te conseille ce film sur ce sujet il est poignant, j'en avais fait un post sur yabi :

Matrubhoomi, un monde sans femmes

Pour une famille pauvre de l'Inde, avoir une fille exige de grands sacrifices pour lui constituer une dot et pouvoir la marier. Dans un village où depuis des années les filles ont été éliminées à la naissance, Ramcharan, père de cinq garçons, cherche à marier son fils aîné. Secrètement gardée à l'écart du village par son père, Kalki est la seule femme de la région. Ramcharan découvre son existence. Il fait une offre au père de Kalki, qui après avoir hésité, finit par vendre sa fille contre une forte somme d'argent. Kalki se retrouve mariée non pas au fils aîné de Ramcharan comme cela avait été prévu, mais aux cinq frères. Ramcharan, veuf depuis plusieurs années, exige de partager le lit de la jeune femme. Kalki trouve un peu de réconfort auprès du plus jeune des cinq frères, le seul à la traiter avec respect. Il meurt, tué par un de ses frères. Kalki fait parvenir à son père une lettre dans laquelle elle expose la situation. Celui-ci, transformé par l'argent qu'il a reçu précédemment, réclame à Ramcharan un supplément pour les nuits qu'il a passées avec sa fille. Désespérée, Kalki tente de s'échapper. Elle est rattrapée et pour couper court à toute nouvelle tentative, elle est enchaînée dans l'étable.


un extrait

la condition des femmes en inde est catastrophique, surtout les veuves qui sont considerees comme des parias
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
3 juin 2012 22:01
Citation
Louloubia a écrit:
Je reste intimement convaincu qu'un génocide des femmes entrainerai inéluctablement un génocide des hommes...Angel

bah non car justement les parents ne veulent pas d'enfants filles, c'est vraiment incompehensible et tout cela a cause de quoi ?

de cette foutue dot trop onereuse pour les parents pour pouvoir marier leurs filles plus tard

dans leur mentalité une fille coute trop cher.
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
c
3 juin 2012 22:09
Citation
SoltanaMM a écrit:
salam rasta

je te conseille ce film sur ce sujet il est poignant, j'en avais fait un post sur yabi :

Matrubhoomi, un monde sans femmes

Pour une famille pauvre de l'Inde, avoir une fille exige de grands sacrifices pour lui constituer une dot et pouvoir la marier. Dans un village où depuis des années les filles ont été éliminées à la naissance, Ramcharan, père de cinq garçons, cherche à marier son fils aîné. Secrètement gardée à l'écart du village par son père, Kalki est la seule femme de la région. Ramcharan découvre son existence. Il fait une offre au père de Kalki, qui après avoir hésité, finit par vendre sa fille contre une forte somme d'argent. Kalki se retrouve mariée non pas au fils aîné de Ramcharan comme cela avait été prévu, mais aux cinq frères. Ramcharan, veuf depuis plusieurs années, exige de partager le lit de la jeune femme. Kalki trouve un peu de réconfort auprès du plus jeune des cinq frères, le seul à la traiter avec respect. Il meurt, tué par un de ses frères. Kalki fait parvenir à son père une lettre dans laquelle elle expose la situation. Celui-ci, transformé par l'argent qu'il a reçu précédemment, réclame à Ramcharan un supplément pour les nuits qu'il a passées avec sa fille. Désespérée, Kalki tente de s'échapper. Elle est rattrapée et pour couper court à toute nouvelle tentative, elle est enchaînée dans l'étable.


un extrait

la condition des femmes en inde est catastrophique, surtout les veuves qui sont considerees comme des parias


je l'ai vu sur arte. excellent.
3 juin 2012 22:13
Citation
coldman a écrit:
Citation
SoltanaMM a écrit:
salam rasta

je te conseille ce film sur ce sujet il est poignant, j'en avais fait un post sur yabi :

Matrubhoomi, un monde sans femmes

Pour une famille pauvre de l'Inde, avoir une fille exige de grands sacrifices pour lui constituer une dot et pouvoir la marier. Dans un village où depuis des années les filles ont été éliminées à la naissance, Ramcharan, père de cinq garçons, cherche à marier son fils aîné. Secrètement gardée à l'écart du village par son père, Kalki est la seule femme de la région. Ramcharan découvre son existence. Il fait une offre au père de Kalki, qui après avoir hésité, finit par vendre sa fille contre une forte somme d'argent. Kalki se retrouve mariée non pas au fils aîné de Ramcharan comme cela avait été prévu, mais aux cinq frères. Ramcharan, veuf depuis plusieurs années, exige de partager le lit de la jeune femme. Kalki trouve un peu de réconfort auprès du plus jeune des cinq frères, le seul à la traiter avec respect. Il meurt, tué par un de ses frères. Kalki fait parvenir à son père une lettre dans laquelle elle expose la situation. Celui-ci, transformé par l'argent qu'il a reçu précédemment, réclame à Ramcharan un supplément pour les nuits qu'il a passées avec sa fille. Désespérée, Kalki tente de s'échapper. Elle est rattrapée et pour couper court à toute nouvelle tentative, elle est enchaînée dans l'étable.


un extrait

la condition des femmes en inde est catastrophique, surtout les veuves qui sont considerees comme des parias


je l'ai vu sur arte. excellent.

excellent ? je dirais plutot poignant malheureux j'en ai vomi surtout lorsqu'ils passent tous les uns derriere les autres.

et puis au debut lorsque le film commence avec la noyade d'un enfant sad smiley

les films societals indiens sont de plus en plus en vogue si je puis dire loin de tous les saris flamboyants et les bijoux luisants, un nouveau regard sur cette societé haute en couleur mais tellement contradictoire.

le sort des veuves par exemple ..
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
c
3 juin 2012 22:30
ben d'apres ce que j'ai pu voir récemment (toujours sur arte), ça évolue la bas. méme le systeme des castes est remis en cause de plus en plus. mais c'est un grand pays avec des disparités énormes. quand au saki, le bucher de veuve, c'est rare de nos jours visiblement.
3 juin 2012 22:34
oui le saki est rare et encore heureux, elle avait ete interdite lorsque gandhi a pris le pouvoir

bon je devie du sujet mais ca reste la condition des femmes lol

d'autant que cette pratique etait du au fait que la femme etait accusée de ne pas avoir pu retenir l'ame de son mari Grrrr

ma foi il y a encore beaucoup de boulot a faire
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
c
3 juin 2012 22:59
on peut effectivement regretter la mort trop soudaine de ghandi. il avait tant à apporter encore.......
X
3 juin 2012 23:02
Il y a un article sur un docteur qui donnait des avortons à manger aux chiens. Les femmes qui refusaient d'avoir des filles se font avorter et pour cacher cette sélection absurde, les fœtus sont donnés à des chiens.

[afteramerica.wordpress.com]
3 juin 2012 23:10
j'en avais entendu parler c'est affreux
[b][color=#FF0000][center]Se tromper une fois est une erreur Se tromper deux fois est un choix[/center][/color][/b]
g
3 juin 2012 23:17
C'est vraiment un sujet morbide avec des commentaires qui donnent la nausée ! et si on essayait de penser positif en faisant des debats constructifs sur des idées optimistes !
 
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