Longtemps considérée comme un vulgaire dialecte, marginalisée, la darija est pourtant l’héritière de toute une tradition orale, notamment en poésie avec le zajal et le melhoun, rappellent, dans cette interview croisée, la linguiste Dominique Caubet et l’écrivaine Mouna Hachim.
Mal comprise par les populations du Moyen-Orient et même des fois ceux de nos voisins maghrébins, mélange d’expressions et de langues étrangères, notre darija est une «lingua franca» inventée pour nous permettre de communiquer et se comprendre. Mais notre dialecte est-il plus proche de l’arabe classique ou de l’amazighe ?
La publication de photos tirées de manuels scolaires où était retranscrite la plus fameuse des comptines en darija a provoqué l’ire, la semaine dernière. Jan Jaap de Ruiter, enseignant chercheur à l’Université de Tilburg aux Pays Bas et spécialiste du plurilinguisme au Maroc, nous explique l’évolution du rapport à la darija au Maroc.
Alors que l’arabe fait partie des dix langues les plus parlées dans le monde, elle serait en déperdition à cause de son usage en déclin. Même les Etats arabes n’échappent pas à cette disparition à petit feu, qui laisse la place à l’anglais ou au français, en plus des dialectes locaux.
Fort de plus de 35 ans dʼexpérience dans le domaine de la traduction, l'universitaire Dr Mourad Alami, qui a passé de longues années en Allemagne, est rentré définitivement au Maroc en juillet 2008. Son cheval de bataille : redonner sa place et une force à la darija dans laquelle se trouve selon lui lʼidentité des Marocains. Dans cet entretien quʼil nous accorde, Dr Mourad Alami revient sur son plaidoyer pour une meilleure prise en compte