Le Maroc est considéré comme le premier producteur et exportateur de haschisch au monde, même si les réseaux de trafic de cannabis dont les ramifications s’étendent jusqu’en Europe y sont traqués. Cette traque a une histoire, qui traduit la stigmatisation des usages du kif à travers les siècles.
Face à la diversification des variétés de chanvre et même le recours à des types génétiquement modifiés, la réflexion sur la réadaptation de cette culture à son environnement d’origine au Maroc se pose. Cet axe a fait partie d’un atelier de travail de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD).
Depuis février dernier, la Commission spéciale pour le nouveau modèle de développement (CSMD) enchaîne ses séances d’écoute dans les régions du nord du Maroc. Dans les villages et les petites villes du Rif, ces rencontres ont permis aux paysans locaux de se faire entendre sur la culture du kif.
Le gouvernement n’a pas de vision pour aborder la culture et la production du kif dans plusieurs provinces du royaume, selon le président du groupe de l’Istiqlal à la Chambre des représentants. Noureddine Modiane estime aussi que l’exécutif «doit oser ouvrir le débat» pour l’intérêt du pays et «loin de toute récupération politique».
Six ans après son lancement par les parlementaires du PAM et l’Istiqlal, le débat sur la légalisation du cannabis refait surface.
Ilyas El Omari ne renonce pas à son projet de légalisation de la culture du kif. S'il a entre-temps perdu la casquette du secrétaire général du PAM, il lui reste encore celle de la présidence du conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima pour concrétiser son entreprise.
Kenza Afsahi est sociologue en France, elle étudie depuis des années la sociologie de la déviance et, à travers elle, la culture mondialisée du cannabis. Elle décrit les changements qui se sont opérés dans la culture du cannabis dans le Rif sous l’influence des hippies, des Algériens et des «breeders».