Human Rights Watch a estimé, ce lundi, que les soupçons d’espionnage pour lesquels Omar Radi est poursuivi «se fondent sur son travail journalistique, ainsi que des recherches qu’il a effectuées à la demande de clients basés à l’étranger». Dans un rapport consacré aux poursuites à l’encontre du journaliste et militant, l’ONG internationale estime que ces dernières sont «apparemment truquées», comme celles menées «contre des journalistes critiques» et visant à «étouffer toute contestation».
Directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, Eric Goldstein soutient que «les accusations d’espionnage, ainsi qu’une cascade d’autres charges, semblent concoctées pour faire tomber Omar Radi». L’ONG rappelle que le journaliste «a publié plusieurs enquêtes sur la corruption dans le milieu politique et les expropriations de terrains par des spéculateurs», en plus de ses collaborations avec plusieurs médias marocains et internationaux.
Human Rights Watch indique également avoir «consulté des articles de médias en ligne réputés proches des services de sécurité, dont certains semblaient exposer le dossier présenté au juge d’instruction». Placé en détention provisoire le 29 juillet par le juge d’instruction au vu du «caractère dangereux des actes criminels, l’atteinte à l’ordre public et la présence de moyens de preuve», Omar Radi s’est vu refuser une requête de liberté provisoire, le 3 septembre.
Elle rappelle cependant que «le dossier d’accusation contre Radi se fonde apparemment sur des échanges de SMS avec un diplomate étranger, des contrats qu’il a signés avec des sociétés de consulting étrangères pour effectuer des recherches au Maroc, ainsi que des recherches journalistiques sur l’impact social des expropriations de terres collectives, pour lesquelles il avait obtenu une bourse». «En l’absence de justification conséquente de son placement en détention provisoire, Radi devrait être immédiatement libéré en attendant son procès», a déclaré Human Rights Watch.
Concernant les soupçons de viol et d’attentat à la pudeur sur l’une des collègues d’Omar Radi au sein de Le Desk, l’ONG internationale souligne que «son accusatrice, qui s’est exprimée publiquement, a le droit d’être entendue et respectée» et qu’«au même titre que Radi, elle a droit à une procédure judiciaire équitable». HRW souligne par ailleurs que dans «une procédure inhabituelle», le tribunal a «réuni en un seul dossier les accusations de viol et d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat», ce qui fait que «c’est le même juge d’instruction qui examinera toutes ces accusations».