L’Union Marocaine du Travail est vent debout contre la présentation par le gouvernement du projet de loi organique portant sur les modalités de l’exercice de la grève. Le syndicat historique, au terme d’une réunion extraordinaire de son secrétariat national tenue hier, considère que l’initiative de l’exécutif est «contre la classe ouvrière marocaine et le mouvement syndical».
«C’est une tentative flagrante d'exploiter la pandémie du coronavirus pour éliminer les droits et les acquis de la classe ouvrière au lieu de la protéger», dénonce l’UMT dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Il rappelle au cabinet El Othmani qu’il est «le gouvernement de tous les Marocains et non au service du seul patronat».
Aussi, l’UMT exige «le retrait de ce sinistre projet» afin qu’il soit examiné dans le cadre «du dialogue social tripartites».
La colère de l’Union Marocaine du Travail, que partagent d’autres enseignes syndicales, s’explique par les restrictions dressées par le gouvernement devant l’exercice de ce «droit constitutionnel», comme le souligne l’article 29 de la loi fondamentale du 1er juillet 2011. Dans le viseur des syndicats figure notamment l’article 5 du projet qui décrète l’interdiction de «toute grève ayant des objectifs politiques».
Ce projet de la loi organique porte la signature du cabinet Benkirane. Il a été déposé au bureau de la Chambre des représentants le 6 octobre 2016, soit vingt-quatre heures avant les législatives du 7 octobre. Mais ce n’est que mercredi 16 septembre 2020 qu’il sera examiné pour la première fois par les députés membres de la Commission Justice et Législation en présence du ministre de l'Emploi, Mohamed Amekraz.
L’adoption d’une loi fixant les conditions et les modalités de l’exercice de la grève est attendue depuis la constitution de 1962.