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Ramdane Abane, histoire de l'assassinat d'un leader de la révolution algérienne au Maroc

En décembre 1957, alors que la révolution algérienne est affaiblie par les divisions, Ramdane Abane, l’un de ses leaders, est assassiné au Maroc. Une disparition mystérieuse que les Algériens citent encore pour fustiger leurs dirigeants ou critiquer l’emprise de l'armée sur le pouvoir.

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Abane Ramdane a été assassiné au Maroc en décembre 1957. / DR
Temps de lecture: 4'

En Algérie, il est qualifié d’«architecte de la Révolution» et de «dirigeant le plus politique» du Front de libération nationale, qui a su fédérer et unir un ensemble de courants politiques au sein du mouvement de lutte contre l’occupation française. Autant de souvenirs qui marquent la mémoire Ramdane Abane, «principal organisateur du congrès de la Soummam», où les grandes lignes du mouvement révolutionnaire algérien ont été tracées. Mais les Algériens se souviennent aussi que c'est au Maroc que cette figure politique de premier plan fut assassinée par des militants du FLN.

Fakshback : Nous sommes en août 1956. Le Front de libération national, créé il y a deux ans, organise ainsi un congrès clandestin en Kabylie, en pleine guerre d’Algérie. Baptisé «Congrès de la Soummam», il réunit ainsi les principaux dirigeants de la Révolution et émet un certain nombre de décisions.

Mais plus tard, la délégation extérieure du FLN, installée au Caire et dirigée par Ahmed Ben Bella, va critiquer les conclusions de ce congrès. L’interception par la France d’un avion en provenance de Rabat et à destination de Tunis, et l’arrestation de cinq leaders du FLN algérien à bord de l’appareil, puis la bataille d'Alger ne feront qu’exacerber les luttes intestines au sein du mouvement.

Ainsi, «le conflit émerge entre Abane et les militaires» du FLN, qui l’ont considéré comme une «menace à la révolution et à leurs aspirations autoritaires», écrit Salmi Mokhtar dans un article paru dans la revue Al Hikma des études historiques (numéro 15, 2018). Les dirigeants militaires Krim Belkacem, Abdelhamid Boussouf et Lakhdar Bentobal (appelés les «3B» du FLN), étaient «derrière la session du Conseil national de la révolution au Caire en 1957», qui a permis à l'armée de prendre les devants de la révolution et d’éclipser les politiciens.

Un politique liquidé par les militaires du FLN

Durant cette période, le Maroc venait d’obtenir son indépendance et le roi Mohammed V tenait à soutenir la révolution algérienne. Le royaume était ainsi un pays où les dirigeants de la révolution se rendaient librement, notamment dans les zones frontalières comme Oujda.

Malgré des récits contradictoires sur les raisons ayant poussé Abane Ramdane à quitter l'Algérie à la fin de 1957, tous sont unanimes pour confirmer qu'il se trouvait bien au Maroc. Certaines sources indiquent qu'il avait fui vers le royaume alors qu’il était activement recherché par la France, tandis que d'autres avancent qu'il aurait été en mission au Maroc sans en préciser l'objet. Certains racontent qu’Abane aurait été attiré au Maroc pour rencontrer le roi Mohammed V.

Abane Ramdane,deuxième depuis la gauche. / DR Abane Ramdane,deuxième depuis la gauche. / DR

Citant «L’Heure des colonels» d’Yves Courrière, Salmi Mokhtar affirme ainsi que l’«architecte de la Révolution» se rend alors au Maroc pour rencontrer les autres leaders algériens. Ces derniers se seraient réunis à Tunis, à la veille de cette rencontre, pour décider de son sort. Ils optent ainsi pour sa liquidation et choisissent une «une ferme isolée entre Tétouan et Tanger», complètent Marc Imbeault et Gérard A. Montifroy dans «Géopolitique et pouvoirs : des pouvoirs de la géopolitique à la géopolitique des pouvoirs» (Edition L’Age d’Homme, 2003).

«Il redoutait l’avenir d’une Algérie indépendante entre les mains de tels personnages. Les maquis, avait-il lancé à l’adresse de Krim, c’est une chose, la politique une autre qui ne se fait ni avec des analphabètes, ni avec des ignares», rappellent-ils. «Abane Ramdane paya de sa vie de ne pas avoir suivi les conseils de Ferhat Abbas : ne pas affronter les ‘3B’ (Ben Tobbal, Benkacem Krim et Boussouf) de front. Ce ne sera donc pas, du côté algérien, les politiques, les modérés qui prendront le contrôle du pouvoir effectif.»

Assassiné au Maroc, sa dépouille rapatriée 13 ans après en Algérie

Les versions divergent aussi sur la méthode employée pour son assassinat. Ses compagnons de lutte contre le colonialisme fourniront aussi des récits contradictoires sur les dirigeants ayant personnellement supervisé son exécution près de Tétouan.

A en croire Salmi Mokhtar, Abane aurait été pendu devant les yeux des trois militaires. Mais après sa mort, le journal El Moudjahid, considéré comme le porte-parole de la révolution algérienne, avait tenté de dissimuler la question de l'assassinat d'Abane au Maroc, en publiant une photo en première page du leader et en titrant «Abane Ramadan est mort dans au champ d'honneur». Et d’évoquer des faits expliquant que le militant serait mort dans l'une des batailles, «après avoir subi des blessures entraînant une grave hémorragie» qui lui aurait coûté la vie.

Les partisans algériens plaidant pour la primauté de l'action militaire ont également tenté de se débarrasser des hommes d'Abane Ramdane. Selon Farhat Abbas, chef du premier gouvernement intérimaire de la révolution, Hajj Ali, proche d’Abane, avait été arrêté avant ce dernier et transféré dans une villa au Maroc, où il aurait été interrogé. La torture l’aurait «poussé à préférer le suicide à la résistance», selon cette version.

Quant à Abane Ramdane, sa dépouille restera au Maroc pendant 13 ans, avant d'être rapatriée en Algérie. Les Algériens soupçonnent, d’ailleurs, que la tombe de la place des Martyrs dans le cimetière d'Alia (banlieue d'Alger), qui porte son nom, serait vide, et que son lieu d’inhumation reste inconnu.

Plus de 60 ans après cette disparition, la vérité sur les responsables de son assassinat manque aux ouvrages évoquant le parcours et la vie de ce militant. D’ailleurs, lors des manifestations du Hirak algérien né en février 2019, des manifestants ont brandi son portrait. «Abane Ramdane a laissé un testament : un État civil et non militaire», ont-ils scandé, en référence à l’appel du militant à donner les pouvoirs aux politiques et non aux militaires.

AZZRRO
Date : le 23 novembre 2021 à 19h33
Abane était trop intelligent et trop brave pour ceux qui l’ont assassiné. Abane vit encore, ses bourreaux sont en Enfer.
omarsharif
Date : le 22 novembre 2021 à 11h53
Rahimaho Allah . Un homme en avance sur son temps
Clineur
Date : le 22 novembre 2021 à 11h04
Comment tu peux accuser le Maroc encore une fois d'être le renseignement des Français lors du détournement de l'avion, il y a eu une interview d'une personne algérienne qui était dans cette avion qui donne sa version des faits mais vous vous continuez à ouvrir vos bouches, vous n'êtes que des gros menteurs et manipulateur El hamdoulilah que le monde entier à vu votre vrai visage, vous être la risée de tous le pays et vous avez même détrôné la Corée du nord en terme de manipulation. https://youtu.be/xto6HRoNn9w
Axis.7
Date : le 22 novembre 2021 à 10h10
«Il redoutait l’avenir d’une Algérie indépendante entre les mains de tels personnages. Les maquis, avait-il lancé, c’est une chose, la politique une autre qui ne se fait ni avec des analphabètes, ni avec des ignares». Malheureusement en 2021, le pouvoir algérien est toujours entre les mains des ignares.
marcopolot75
Date : le 14 septembre 2020 à 09h11
@samy rachid@ Il y'a personne qui peut prétendre "être le super héros de la révolution" et ceux qui l'ont fait "cette révolution "c'est FI SABILI Allah pas pour avoir "le pouvoir" ou "des postes " Il fallait bien constituer une assemblée "dites constituantes" et choisir un chef après l'indépendance, et la constituantes Que Ait Ahmed ou d'autres "chefs" ne soit pas content , c'est compréhensible mais cela n'enlève rien à la légitimité de Ben Bella, son passé plaidait pour lui. Boumedienne était le chef de l'armée et sans cette armée ( nationale" car composé de soldats et officiers de toutes les régions du pays), l'Algérie aurait explosé en régions autonome avec des petits chefs, d'ailleurs ce qu'à essayé Ait Ahmed mais il a échoué. Ait Ahmed et ses soutiens n'ont cessé de dénigrer depuis le pouvoir et l'armée, alors que lui n'a jamais un combattant de l'intérieur, ni Boudiaf d'ailleurs mais "des politiques"
Rio de oro
Date : le 13 septembre 2020 à 17h02
@marcopolot75 Malheureusement ,ces braves hommes de la liberté ,sacrifiés pour la noble cause ,celle de libérer leur pays, pour une Algérie libre,civile,dirigée par ses hommes ahrare,la voilà entre les mains de ceux qui ont pris le train en marche ,l'armée des frontières ,et les ex officiers de l'armée française antique ,écoute cette video ,qui profite du morceau , qui sont tes collègues :
marcopolot75
Date : le 13 septembre 2020 à 13h38
@ihasan@. c'est un mensonge Il faut lire la biographie de Ben bella réalisée par des historiens français, qu'on ne peut accuser de paritarisme Ce militant n'a pas commencé sa lutte contre le colonisateur en 1954 mais juste après la seconde guerre mondiale membres du PPA , du MTLD, puis de l'Organisation Secrète (OS) Arrêté et condamné plusieurs fois par le colonisateur, son passé plaide pour lui. "Marqué par les massacres de Sétif et Guelma du 8 mai 1945 et après avoir été initié par Mohammed El Kébir qu’il remplaça alors que celui-ci était sur le point de faire l’objet d’une arrestation, Ben Bella adhère au Parti du peuple algérien (PPA) et au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), de Messali Hadj. Il est ensuite élu conseiller municipal de sa ville en 1947. Membre de l'OS dirigée par Hocine Aït Ahmed avec Rabah Bitat, pendant très longtemps, il lui a été attribué sans qu'il ne le démente, le braquage de la poste d'Oran de 1949 afin de financer le parti En mai 1950, il est arrêté à Alger, jugé coupable, il est condamné à sept ans de prison. Il s'évade en 1952 et se réfugie au Caire auprès d'Hocine Aït Ahmed et de Mohamed Khider avec qui il formera plus tard la délégation extérieure du Front de libération nationale (FLN). Les principaux dirigeants du FLN (de gauche à droite : Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf et Ahmed Ben Bella) après leur arrestation du 22 octobre 1956. Il est arrêté une deuxième fois le 22 octobre 1956 lorsque l’avion civil marocain qui le conduisait du Maroc à la Tunisie en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf est détourné par les forces armées françaises4. Il faillit être tué lors d'une mission française dirigé par Jacques Burgeat. Il parvint à s'échapper pendant la nuit après plusieurs heures d’intenses échanges de tirs. Libéré en 1962, après six ans d'emprisonnement et de résidence surveillée en France, d'abord à la prison de la Santé, ensuite au fort Liédot sur l'île d'Aix, puis au château de la Fessardière à Turquant et finalement au château d'Aunoy, il participe au congrès de Tripoli où un différend l'oppose au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GRPA). Après les accords d'Évian, il critique en effet la légitimité du gouvernement provisoire et se heurte à Mohamed Boudiaf et Krim Belkacem. Il rentre à Alger et s'installe à la villa Joly, l'Assemblée nationale constituante l'investit le 27 septembre 1962, par 159 voix sur 179 votants. Ahmed Ben Bella devient ainsi le président du Conseil. A l'indépendance , il a été élu par ses pairs "révolutionnaires" de l'assemblée constituante Un révolutionnaire qui a milité depuis ses 17 pas. Dans tout les cas, qui préside ou pas les destinée de l'Algérie cela ne regarde pas un sujet du ROI. www.larousse.fr › encyclopedie › personnage › Ahmed... Dès l'âge de 17 ans Ben Bella milite au sein du PPA (parti du peuple algérien), puis ... Le président, à la fois chef de l'État et chef du gouvernement, nomme les ...
Ihssan_57
Date : le 12 septembre 2020 à 23h23
Il t’a dit la vérité, évidente, claire et qui ne souffre d’aucun doute. Ce genre de paroles est toujours bon à dire...
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marcopolot75 à écrit:
@Newhorizon20 @. hors sujet...le sujet c'est les leaders de la révolution
safranlxyxy
Date : le 12 septembre 2020 à 23h22
Les vrais leaders de la révolution algérienne ont été court-circuités et mis de côté ou assassiné par les faux leaders et vrais escrocs qui vous ont dirigé de benbella au lapin sorti du chapeau de gaïd salah Pinochet en passant par le 1m 68 le nain d'oujda qui a coulé l'algerie et que tu prenais pour un pharaon quand tu portais un autre pseudo. Tu m'a bien compris Mr jeha le marocain . Cela fait au moins deux ans que tu nous l'a pas sorti celle-là. Tâche de ne pas nous sortir que ton frère est marié une marocaine.
Citation
marcopolot75 à écrit:
@Newhorizon20 @. hors sujet...le sujet c'est les leaders de la révolution
piducas
Date : le 12 septembre 2020 à 20h29
Dès l'indépendance, lors de la "crise de l'été 1962", d'un côté nous avons les leaders politique et légitime avec le GPRA et Farhat Abbas, de l'autre nous avons l'armée des frontières avec le colonel Boumediene et son acolyte Boutef qui se la coulaient douce à Oujda au Maroc -Le clan de Oujda -. S'ensuivit une lutte fratricide entre les divers protagonistes soutenu par l'une ou l'autre wilaya historique. Boumediene, totalement inconnu par la population, sur conseil de Bouteflika avait besoin d'un "historique" pour prendre le pouvoir, Boutef avait d'abord approché Boudiaf qui l'avait envoyé balader. Ils se rabattirent donc sur Ben Bella pour leur servir de marche pied vers le pouvoir. Ni Boutef ni Boumediene, n'ont été au maquis. En ce moment c'est un peu l’histoire qui se répète ; pour justifier son coup d'état contre Ben Bella, la version officielle de Boumediene est " ta3dil et thora" le correctif de la révolution. C'est ce qui est enseigné dans les manuels scolaires. En ce moment on nous parle de "Ta3dil ed doustour" Le correctif de la constitution ...
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Mouhammad1900 à écrit:
Quelle marche sur Alger?
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