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Grand Angle

Hirak : El Othmani appelé au dialogue avec les détenus, en grève de la faim depuis plus de 20 jours

Nasser Zefzafi et six autres militants du Hirak du Rif détenus en prison sont en grève de la faim, depuis plus de vingt jours. Leur situation, et surtout leur état de santé, fait réagir les députés, au sein même du parti du chef du gouvernement. Ses frères l’appellent désormais à réagir et invoquent la Constitution.

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Photo d'illustration / DR.
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Des élus du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement, au sein de la Commission de la justice et des droits de l’Homme, ont appelé récemment le chef du gouvernement à réagir à la situation de sept détenus du Hirak du Rif, en grève de la faim depuis plus de vingt jours. Députée PJD parmi les signataires de cette requête, Amina Maelainine a révélé que Saâdeddine El Othmani a été questionné à ce sujet, puisque la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) est sous sa tutelle.

«Nous ne pouvons nous adresser légalement et officiellement à son président, le délégué général, sur ce qui a été fait pour convaincre les détenus du Hirak de suspendre leur grève de la faim entamée il y a plus de vingt jours, d’autant plus que les déclarations de leurs familles confirment que l’état de santé des concernés s’est détérioré», écrit la parlementaire, pour rappeler le contexte où cet appel est lancé au chef de l’exécutif.

Pour un traitement respectueux de la Constitution

Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik font partie des grévistes, qui dénoncent de cette façon des pressions dont ils disent faire l’objet à l’intérieur des prisons. Ils exigent aussi d’être rassemblés dans un même établissement, d’être autorisés à recevoir des livres et des journaux, en plus de l’améliorant la qualité des repas, la révision de la durée des appels téléphoniques et celles des visites.

Amina Maelainine estime qu’il est devenu «impératif» d’ouvrir un dialogue avec les détenus et discuter de leurs revendications, d’autant plus que le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a mené précédemment une médiation pour obtenir une grâce en faveur de certains détenus du Hirak.

La députée PJD considère également qu’il «n’est pas possible d’ignorer une grève de la faim, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses, susceptibles d’entraîner la mort de l’un des détenus». Elle juge «primordial» de «faire le nécessaire pour arrêter cette grève», notamment pour «ses répercussions susceptibles d'être préjudiciables pour l’image des droits humains du Maroc», dans le pays et à l’étranger.

«Les personnes concernées sont des citoyens marocains à l’intérieur des prisons marocaines. Leur intégrité physique est protégée par la Constitution et elle doit être garantie, ainsi que le droit sacré à la vie.»

Amina Maelainine

Cette sortie intervient quelques jours après une première alerte de deux formations de gauche sur la situation des détenus du Hirak du Rif. Le 30 août dernier, le Parti socialiste unifié (PSU) avait publié une déclaration de solidarité avec les militants des mouvements sociaux en détention, particulièrement ceux en grève de la faim ouverte.

Les partis de gauche appelle à un règlement définitif du dossier du Hirak

«L’administration pénitentiaire se soustrait à tous ses engagements antérieurs, torture et renforce les restrictions imposées aux détenus», a dénoncé la formation membre de la Fédération de la gauche démocratique (FGD). Le parti de Nabila Mounib exprime par ailleurs ses inquiétudes, quant à d’«éventuelles tragédies dont le peuple marocain n’a pas besoin, surtout lorsqu’on connaît les principes de patriotisme du Hirak, son pacifisme et l’injustice qu’il a subie avec un procès inique».

Le PSU souligne que la libération des détenus des mouvements sociaux, notamment ceux des Hirak du Rif, de Jerada et de Beni Tejijt, est une question d’«intérêt supérieur du pays et du peuple marocain». Dans ce sens, il renouvelle ses appels à «l’ouverture d’un dialogue responsable avec les leaders de ces mouvements en répondant à leurs revendications».

Pour sa part, le secrétariat provincial de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) à Al Hoceïma a appelé à «une intervention urgente et une interaction positive» face aux «revendications légitimes des détenus du Hirak Rif en grève de la faim». Les socialistes d’Al Hoceïma se sont adressés également aux «forces vives du pays», les appelant à «s’unir pour un règlement global du dossier du Hirak Rif afin de le clore définitivement».

En plus de ces partis politiques, les organisations de défense des droits humains ont eux aussi réagi. Ainsi, la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador a adressé un courrier écrit au délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion.

Dans cette lettre, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion a été appelée à donner «une réponse immédiate» aux demandes des détenus. Dénonçant que ces derniers soient désormais privés des acquis qui ont constitué une lueur d’espoir dans le règlement de leur dossier, suggérant une éventuelle libération dans l’absolu, l’ONG tiens responsable la DGAPR de toutes les conséquences qui résulteraient d’une non-réponse ou d’une absence d’actions.

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