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L’artiste hip hop belgo marocain HMI peint « la femme »

Fouad Hachmi, artiste belgo-marocain, expose, ses toiles, à Bruxelles, jusqu'au 21 avril, à l'espace Magh. Il expose les grandes figures de femmes qui appartiennent à son panthéon. Révolutionnaire, chanteuse, personnalité politique... Ces grands portraits consacrent quelques héroïnes contemporaines.

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L’artiste hip hop belgo marocain HMI peint « la femme »
L’artiste hip hop belgo marocain HMI peint « la femme »
L’artiste hip hop belgo marocain HMI peint « la femme »

Les quatre facettes d’Angela Davis, en quatre portraits peints sur quatre grandes toiles carrées, à la façon d’Andy Warhol. La deuxième expo solo de HMI, de son nom d’artiste, ou Fouad Hachmi de son vrai nom, mise en place depuis le 8 mars, pour la journée de la femme, et jusqu’au 21 avril, à l’espace Magh à Bruxelles, aborde «le thème de la femme» et mêle les influences et les styles. De portraits crus et réalistes du pop art, en profils anonymes crayonnés, l’exposition fait s’entrechoquer plusieurs aspects de la vie et de la sensibilité du peintre belgo-marocain, membre du collectif d’artistes hip hop CNN.

«Dans ma précédente exposition, je n’avais représenté que des hommes : Mohamed Ali, Che Guevara, Jacques Brel, NTM, I AM, Al Capone ... et on m’en avait fait la remarque. Cette fois, pour la journée de la femme, j’ai voulu présenter un autre visage des femmes que celui auquel s’attendait les visiteurs. J’ai préféré représenter des femmes fortes plutôt que de représenter, encore une fois, des femmes nues, sensuelles, toujours dans une position de fragilité qui a besoin d’être protégée», explique HMI. Il a sélectionné un peu plus d’une dizaine de grandes figures féminines, des «femmes révolutionnaires». Leila Khaled, Oum Kaltoum, Withney Youston, Angela Davis, Mère Theresa … l’artiste a emprunté aux cultures nord américaines, arabes et européennes pour composer sa galerie.

Oum Keltoum, le sphinx égyptien

Entre le pop art et le graph hip hop, ces portraits très colorés, sur de grandes toiles, sont généralement inspirés d’une photographie connue de ces femmes. Ce réalisme est renforcé par l’usage, dans certaines toiles, de symboles. Par exemple, la ville de Las Vegas est représentée, en couleurs très vives, en fond du portrait en noir et blanc de Mère Theresa. Trop démonstratif, à la limite de la caricature, cette toile rappelle toutefois, comme le choix des figures féminines, l’ancien métier de HMI : animateur socio-culturel.

L’artiste engagé a voulu présenter des héroïnes contemporaines, des figures admirables auquel chacun peut s’identifier. La superposition du puissant profil d’Oum Keltoum, sur le profil du sphinx dans des tons ocres, ressemble à une hagiographie. «Les adolescents qui viendront voir l’exposition, en rentrant chez eux, j’espère que leur prochain clic ce sera «Angela Davis». Tout le monde connait l’histoire de Rosa Parks, mais celle de Angela Davis l’est beaucoup moins. Etre Angela Davis, dans les années 60 aux Etats Unis, c’était un peu comme être musulmane, aujourd’hui au Danemark», explique Fouad Hachmi.

Certaines toiles, si elles restent figuratives, ne représentent pas de personnalités connues. Une enfant tenant un chiffon rouge devant elle, regardant le ciel derrière une vitrine, le visage d’une adolescente qui pleure et dont la larme de sang porte un minuscule fœtus et surtout, une toile blanche avec un prénom : Latifa. Même s’il ne voulait pas exploiter la victimisation des femmes, Hachémi n’a pas pu faire abstraction de son drame personnel. «Ma frangine, Latifa a été tuée, il y a 8 ans, sous les tortures de plusieurs hommes qui prétendaient l’exorciser parce qu’elle ne parvenait pas à avoir d’enfant», raconte Fouad. Il veut que soit reconnue la souffrance de sa soeur et le crime de ses agresseurs. Un militantisme qui ne passe pas seulement par les toiles : «j'ai obtenu que ses agresseurs soient rejugés en assises.»

Quand : jusqu'au 21 avril

: Bruxelles, 17 Rue du Poinçon, espace Magh

La statue de la liberté voilée

L’une des toiles de l’exposition les plus réussies est sans doute la statue de la liberté, voilée, la main levée, l’index pointant le ciel. Cette peinture très réaliste, rappelle, si l’on s’en éloigne, une photographie. « Certaines personnes son passées devant sans remarquer le détournement que j’en avais fait, elles n’ont vu que la statue », raconte HMI. Symbole des droits des femmes musulmanes ? la statue interpelle également par le doigt levé. Cette femme, cette liberté ne revendique pas ses droits avec la violence d’un poing fermé, mais semble demander la parole, le doigt levé.

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