Hier mardi, Macky Sall, le nouveau président sénégalais a nommé le chef de son gouvernement. L’élu n’est autre que Abdoul Mbaye, un ancien directeur général d’Attijari Bank Sénégal, la filiale sénégalaise d’Attijariwafa Bank. Abdoul Mbaye est un illustre financier qui a fait ses preuves dans la gouvernance financière en occupant pendant de nombreuses années des postes de hautes responsabilités tant au niveau national que régional [Afrique de l’ouest].
Impression de déjà vu ?
Cette nomination rappelle que les responsables étrangers des banques marocaines ou de leurs filiales sont très priséspour les postes ministériels dans leurs pays. En tête de liste, Jalloul Ayed, un éminent financier tunisien, directeur générale de BMCE Bank et président du directoire de BMCE Capital avant d’être désigné ministre des Finances en Tunisie de janvier à décembre 2011.
Pour Najib Akesbi, Economiste et enseignant à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, le phénomène qui consiste à placer à la tête des gouvernements des anciens banquiers ou financiers est devenu monnaie courante. «L’exemple européen parle de lui-même avec le cas de la Grèce ou encore l’Italie, c’est dû à la crise», déclare-t-il à Yabiladi.com.
Soft power à la marocaine ?
Peut-on parler de soft-power à la marocaine pour qualifier ce phénomène ? Les économistes s’accordent pour répondre : «Non !». Cependant, Najib Akesbi précise tout de même qu’ «il y a à dire et à nuancer». «Il fut un temps où on parlait de la théorie des champions nationaux. On nous disait qu’on multiplierait les accords avec l’Europe et qu’on irait investir dans les marchés africains, rappelle M. Akesbi. On a renforcé le groupe royal SNI et on a laissé les grandes banques se développer. C’est vrai que dans un premier temps quand on fait le compte, c’est BMCE et Attijariwafa qui se sont développées.»
Mais il continu en nuancant : «La logique selon laquelle le Maroc serait en train de tisser une toile en Afrique, pour moi, c’est aller trop vite en besogne, on est encore loin de là, affirme M. Akesbi. Certains parlent même de sous puissance et de relais de la puissance impériale [en Afrique]. Je me dis qu’on n’a pas encore atteint la synergie minimale pour nous considérer comme une puissance, martèle-il. Qu’il y ait des individualités qui se démarquent c’est une bonne chose, sachant que ces individualités sont compétentes, mais ça ne suffit pas».
Pour l'Economiste El Mouhoub Mouhoub, «le Maroc n’a pas les moyens pour ça, on n’est pas la France ou je ne sais quel autre pays d’Europe, déclare-t-il à Yabiladi. Le Maroc a juste compris qu’il faut développer les relations Sud-Sud pour aller de l’avant».
Quoiqu'il en soit, avoir des personnes qui ont des relations privilégiées avec le Maroc, et qui deviennent aujourd'hui ministre dans leur pays, constitue un avantage certain pour le développement des relations économiques.