Menu

Grand Angle

Coronavirus : A l’approche de la rentrée, la charge virale chez les enfants en débat

A quelques jours de la rentrée scolaire dans les pays touchés par la pandémie du nouveau coronavirus, les recherches sur la viralité chez les enfants suscitent un intérêt particulier. Mais les conclusions se contredisent, mettant parents et décideurs politiques dans le flou.

Publié
Photo d'illustration / Ph. Lione Guericolas - MPP - SIPA
Temps de lecture: 3'

Les enfants sont-ils un transmetteur important du nouveau coronavirus ? Cette question parmi d’autres donnerait des éléments de réponses quant à la réouverture ou non des établissements scolaires. Mais à ce stade, les scientifiques n’ont pas tranché. A quelques jours de la rentrée, une nouvelle étude parue dans The Journal Of Pediatrics a montré que la charge virale nasopharyngée serait élevée chez les enfants, voire même plus que chez des adultes hospitalisés.

Mais ces conclusions sont contestées au sein même du corps médical, des pédiatres en France, dont Robet Cohen, les ayant considérées comme «exagérées». Preuve scientifique à l’appui, des chercheurs du Korea Centers for Disease Control and Prevention (Corée du Sud) ont montré avant cela que la contagion était moins importante chez les enfants en bas âge.

Au milieu de ce débat, le Maroc a décidé que la rentrée scolaire se ferait principalement à distance. Les cours présentiels se décideront en fonction de la situation épidémiologique.

Des hypothèses contradictoires

Médecin et chercheur en politiques des systèmes de santé, Tayeb Hamdi souligne auprès de Yabiladi qu’au sein de la communauté scientifique mondiale, la question reste en effet peu claire. «Au début, des scientifiques ont suggéré que les enfants étaient des propagateurs de l’épidémie, à tranvers un rapprochement entre la covid-19 et la grippe». Il souligne que par la suite, des études ont montré que les plus petits étaient moins touchés par la pandémie. «Ils seraient moins contaminants que les adultes, selon des chercheurs australiens».

«Sur beaucoup de foyers étudiés aux Etats-Unis, au Japon et en Corée du Sud, ce sont des adultes qui se sont avérés être à l’origine de la contagion», rappelle Dr. Hamdi. Notamment sur la base de ces avancées, les mesures de déconfinement dans certains pays ont inclus les écoles et les espaces de jeu. «L’une des références prises est le cas d’un enfant britannique, testé positif, mais qui n’a causé aucune contamination en colonie de vacances, où il a été en contact avec plus de 200 personnes», souligne le médecin.

Cependant, de nouvelles données ont montré un cas similaire aux Etats-Unis, où des contagions auraient été établies. «Les études américaines ont alors suggéré que les enfants de moins de cinq ans auraient une charge virale 10 à 100 fois plus importante que celle des adultes. Théoriquement, cela implique une forte contagion, mais l’étude coréenne a montré que les moins de 9 ans n’étaient pas les principaux vecteurs, qu’à partir de 10 ans ils le seraient autant que les adultes, mais pas plus», souligne encore Tayeb Hamdi.

Ce qui est sûr, selon le médecin, c'est que les enfants sont moins touchés que les adultes, représentant «moins de 5% des personnes infectées dans le monde». Tayeb Hamdi rappelle qu’ils «ne présentent pas souvent de cas graves, ne connaissent pas beaucoup de décès et guérissent rapidement». Cependant, «peu de réponses existent, sur la capacité de contamination chez les cas asymptomatiques».

Le dilemme de concilier pédagogie et crise sanitaire

Le médecin déclare que «les données épidémiologiques dans les pays où les écoles ont réouvert ont montré peu de foyers dans ces milieux». Là où des enfants ont été testés positifs, «peu de parents auraient contracté le virus à travers leurs enfants», affirme-t-il.

D’un point de vue plus pédagogique également, Dr. Hamdi souligne la nécessité de rouvrir les écoles, surtout pour les enfants en bas âge. Il plaide pour «un équilibre entre les considérations sanitaires et celles liées à la sociabilisation des enfants». En revanche, il estime que pour le cas du Maroc, la situation épidémiologique et la capacité d’assurer un minimum de protection pour les enfants dans le milieu scolaire restent problématiques.

«Les tailles de classes, les équipements, le nombre d’élèves et les moyens humains ainsi que matériels diffèrent parfois d’un établissement à l’autre, sans parler des disparités en termes d’infrastructure par villes et par régions.»

C’est là toute la difficulté de décider d’ouvrir les écoles ou non, dans le conteste national, selon Dr. Hamdi. Pour lui, «la réaction politique à cette question reflète le désarroi des ministères de la Santé et de l’Education, signifiant qu’il n’existe pas de réponse précise et que la rentrée s’adaptera à la situation épidémiologique au jour le jour».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com