Maroc - Sénégal : Vers une relance de la coopération entre les deux pays ?

«Je suis venu pour représenter Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la cérémonie d’investiture du nouveau président du Sénégal, un pays connu pour ses relations séculaires et exceptionnelles avec le Royaume du Maroc», a déclaré à la MAP le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane à l'investiture du président sénégalais nouvellement élu, Macky Sall.

«Relations profondes»…

La présence du chef du gouvernement marocain à cette investiture n’est pas surprenante, au vu des relations de longue date dont jouissent le Maroc et le Sénégal. «Les relations entre les deux pays sont tellement profondes et enracinées dans une dimension spirituelle si unique qu’elles ne risquent en aucun cas d’être affectées par un quelconque aléa de conjoncture» a ajouté M. Benkirane. Dans un message de vœux adressé à Macky Sall, le souverain a souligné «la qualité exceptionnelle des relations de fraternité africaine et de coopération fructueuse» qui unissent les deux pays. Mohammed VI a, à l’occasion, réitéré sa détermination à œuvrer de concert avec le nouveau président sénégalais «pour les renforcer et les diversifier davantage, dans le cadre d’un partenariat stratégique politique et économique fort et innovant, et d’une coopération Sud-Sud agissante et solidaire, pour le bien-être [des] deux peuples frères et pour le développement [du] Continent [africain, ndlr]».

…Multisectorielles

Parler des rapports maroco-sénégalais, c’est parler de politique, parce que ce sont des gouvernements, mais aussi d’économie, d’énergétique, d’éducation, de religion, … Quelques grands dossiers marquent le partenariat bilatéral. A titre d’exemple, sur le plan énergétique, l’ONE a décroché un marché en 2011 pour la fourniture des équipements devant servir à l’installation d’une usine de production de courant électrique d’une capacité de 60 Méga Watts au Sénégal, rapporte Le Soir. Ceci dans le but de combler les déficits d’alimentation énergétique auxquels est confronté le pays d’Afrique de l’Ouest. Parlant d’éducation, le Maroc compte près de 1 000 étudiants sénégalais qui arrivent par centaine chaque année, via l'Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI). Parallèlement, le Sénégal accueille actuellement entre 600 et 900 étudiants marocains dont la majorité en médecine et pharmacie.

Un bilan qui laisse optimiste le consul honoraire du Sénégal au Maroc, Mohammed Chraibi. «Je crois bien que les relations entre nos deux Etats vont se consolider très rapidement au bénéfice des deux peuples», a-t-il indiqué. Pour lui, le fait que Mohammed VI ait été l’un des premiers chefs d’Etat à adresser des vœux au nouveau président sénégalais est un signe fort et loin d’être anodin.

«Rien d’étonnant»

Pour le politologue Mohamed Darif, il n’y a rien d’étonnant au bon fonctionnement des relations maroco-sénégalaises. De manière générale, «quand il y a de bonnes relations politiques, c’est normal qu’il y ait une volonté de consolider les échanges économiques et sociaux, explique-t-il à Yabiladi. C’est la nature des relations politiques qui priment toujours, insiste le politologue». Concernant le cas Maroc-Sénégal, il faut savoir que «les relations entre [les deux pays, ndlr] sont d’ordre stratégique parce qu’elles ont un fondement culturel. Je fais allusion au facteur soufi, explique M. Darif. Un bon nombre de Sénégalais appartiennent à la confrérie Tijani. Ils font leur pèlerinage à Fès puisqu’il y a le tombeau du fondateur».

Le respect de «l’intégrité territoriale» séduit le Maroc

Selon Mohamed Darif, «le Maroc a toujours mesuré les relations avec les autres pays à l’égard de la question de l’intégrité territoriale. Et l’Etat sénégalais a toujours reconnu l’intégrité territoriale du Maroc». Le politologue considère que les renforcement des relations entre le royaume chérifien et la république sénégalaise a commencé avec Hassan II. Cependant «avec Mohammed VI, l’on a assisté à la mise en place d’une véritable politique africaine par le Maroc. Car à un moment donné, le Maroc avait rompu les relations avec les pays qui avaient reconnu le Polisario et le territoire sahraoui. Cette nouvelle politique africaine a influé sur les relations avec le Sénégal».

Première sortie officielle au Maroc ?

En tout cas c’est ce que souhaite Mohammed Chraibi qui a d’ailleurs adressé, dans ce sens, un message au président Macky Sall via la presse sénégalaise. «Nous souhaitons que le président Macky Sall puisse réserver sa première sortie officielle à un pays frère, le Maroc. (…) C’est la tradition», confie-t-il.