Menu

Grand Angle

Maroc : Quand des équipes de football paient le tribut de la disgrâce de leurs présidents

Le parrainage d'un club de football par une figure politique ou une personne proche du pouvoir est à double tranchant. Le KACM, de l’Union sportive du Sidi Kacem, de la Renaissance sportive de Settat, et plus récemment le Chabab Rif Al Hoceima ont payé un lourd tribut pour la disgrâce ou la disparition de leurs présidents.

Publié
Ilyas El Omari s’intéressait beaucoup au football, ici avec les Lions de l’Atlas / Archive - DR
Temps de lecture: 3'

Hier, dimanche, le club de Chabab Rif Al Hoceima (CRH) a perdu toutes ses chances pour se maintenir dans la 2e division de la Botola. Son nul à domicile face au Racing Athletic Club de Casablanca a précipité sa descente dans la ligue amateur. Une chute vertigineuse après une incursion en 1ère division en 2018-2019, déclenchée par la disgrâce de son ancien président Ilyas El Omari (PAM). Depuis son retrait de la vie politique marocaine, les sponsors ont fui le CRH et avec eux plusieurs joueurs.

Pour ne rien arranger, la FIFA a décidé en décembre 2019, de priver le club de trois mercatos : l’hivernal et l’estival de 2020 et l’hivernal de 2021. En cause l’incapacité du CRH à honorer ses engagements financiers avec les joueurs recrutés à coup de millions de dirhams du temps d’Ilyas El Omari. L’homme  qui rêvait de rivaliser avec les grands du football marocain, tels le WAC et le Raja a laissé le club d'Al Hoceima au bord de la faillite.

Equipe du Chabab Rif Al Hoceima / Archive - DREquipe du Chabab Rif Al Hoceima / Archive - DR

Le RSS ne s’est jamais remise de la mise à l’écart de Basri

La mésaventure du Chabab Rif Al Hoceima n'est pas un cas isolé. D’autres clubs ont vécu des cycles de grandeurs et décadences. La Renaissance sportive de Settat en est à ce titre un exemple éloquent. Depuis la mise à l’écart de l’enfant du pays, Driss Basri, du ministère de l’Intérieur en octobre 1999, le RSS a perdu de sa superbe ainsi que plusieurs millions de dirhams que versaient «généreusement» chaque année, des entreprises privées installées dans la zone industrielle de la ville, mais aussi publiques, telle la RAM. Le transporteur historique avait même offert un autocar à l’équipe dans les années 90. Un privilège réservé à cette époque aux grands clubs de Casablanca tels le KACM et les FAR.

Si le club bénéficiait de moyens financiers confortables sous la tutelle de Basri, le RSS n’a pu remporter aucun trophée aux niveaux national et continental durant toutes ces années fastes. Son unique titre de championnat remonte à 1971 alors que sa coupe du trône date de 1969. Après le départ de Basri, le RSS végète en 2è division depuis seize ans.

Driss Basri avec Henri Michel assistant à un match de football / Archive - DRDriss Basri avec Henri Michel assistant à un match de football / Archive - DR

L’âge d’or du KACM  avec Mohamed Mediouri  

Le nom de Mohamed Mediouri, le célèbre garde du corps du roi Hassan II, restera à jamais associé aux exploits réalisés par le  Kawkab Athlétique Club de Marrakech. Sous la présidence de l’enfant de la ville ocre, commencée en 1984, le KACM a remporté un titre de championnat (1992) et trois coupes du trône (1987, 1991 et 1993), renouant ainsi avec ses performances de 1963, 1964 et 1965. En 1996, le KACM a même décroché la coupe de la confédération africaine face aux Tunisiens de l’Etoile du Sahel, devenant ainsi le premier club marocain à brandir le trophée continental.

Des prouesses réalisés grâce aux millions de dirhams des sponsors qui se précipitaient pour conclure des contrats avec le club, permettant le recrutement de joueurs talentueux venus de toutes les grandes villes et même de l’étranger. Ainsi pour son retour au Maroc, après des années passées en Espagne, Hassan Fadel l’ancien coéquipier de Baddou Zaki à Mallorca a jeté l’ancre à Marrakech.

Mohamed Mediouri portant le trophée de la CAF / Archive - DRMohamed Mediouri portant le trophée de la CAF / Archive - DR

Mais suite au décès de Hassan II et le retrait de Mediouri, les ennuis financiers ont commencé à s’accumuler. Les sponsors ont tourné le dos au KACM rendant la chute inévitable même si les joueurs locaux, avec les moyens du bord, ont pu retarder cette échéance jusqu’en 2011 pour la relégation en 2ème division. Le 5è club le plus titré du Maroc a fait preuve d'un sursaut d'orgueil en remontant en 1ère division quelques années mais est redescendu par la suite.

Le FUS sauvé par un proche du roi

Avant le KACM, l'Union sportive de Sidi Kacem a souffert du décès, le 22 janvier 1983, du général Ahmed Dlimi, un autre enfant du pays qui accordait à son club fétiche protection et influence. L’USSK avait d’ailleurs failli remporter le titre de championnat en 1970, revenu aux FAR, et joué deux finales de la coupe du Trône en 1975 et 1980. Depuis, le club a contracté un abonnement avec le bas du tableau avant qu’il ne descend en 2e division en 1996 et puis en division amateur en 2003.

Le Fath Union Sport de Rabat aurait pu être reléguée aux oubliettes et subir le sort du KACM et de l'USSK si ce n’était la désignation en 2009 de Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi, à la tête du comité directeur du club. Une arrivée marquée la même année par le retour du FUS parmi l’élite. Depuis les bons résultats sensont enchaînés : coupe du Trône en 2010 et 2014, coupe de la CAF en 2010 et un titre de champion de la Botola en 2016.

Supporter du FUS / Ph. AIC PressSupporter du FUS / Ph. AIC Press

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com