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Grand Angle

Maroc : Quelles réponses aux défis de la prise en charge à domicile des Covid+ ?

Difficultés de mettre en place un isolement, risque de complication de cas,… l’isolement à domicile au Maroc pose un certain nombre de défis. Toutefois, les experts se veulent rassurants, insistant sur l’importance de ce mécanisme et le suivi des cas mis en place par les autorités sanitaires.

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Photo d'illustration. / AFP
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Le Maroc a actualisé, cette semaine, ses procédures techniques de prise en charge des cas d'infection au SARS-CoV-2 et de leurs contacts, ainsi que la stratégie de dépistage. Dans une circulaire adressée aux différentes parties prenantes, le ministère de la Santé a ainsi posé les jalons de la prise en charge à domicile pour les cas asymptomatiques. Ceux-ci seront aussi mis sous traitement de première intention pendant une durée de 7 jours, en plus de 7 jours supplémentaires, soit un total de 14 jours d'isolement.

Celui-ci émanera d’une «décision de l'autorité sanitaire de proximité, avec l'appui de l'autorité territoriale», prise dans le cadre d'une commission et tient aussi compte de l'avis du patient et de sa prédisposition à assumer cette option. Mais dans le contexte marocain, cette prise en charge à domicile ne va pas sans poser quelques interrogations.

Car au Maroc, un changement culturel et des pratiques quotidiennes s’imposent avant même de demander aux patients de s’isoler. D'autant plus que tous les Marocains n’ont pas la possibilité de s’isoler chez eux (Familles nombreuses, logements exigus). De plus, nombreux se demandent ce qu’il faut envisager en cas de changement soudain de l’état de santé d’un patient isolé chez lui.

«Le protocole n’intervient pas pour changer le mode de vie de l’individu»

«Il y a une problématique mais aussi plusieurs paramètres pour la résoudre», déclare à Yabiladi ce vendredi le professeur Mustapha Ennaji, virologue et directeur du laboratoire de virologie à l’Université Hassan II à Casablanca. «La capacité des hôpitaux reste limitée alors que le nombre de cas augmente rapidement. La priorité est alors redéfinie : prendre des personnes dans des cas graves qui nécessitent une hospitalisation», explique-t-il.

Le virologue rappelle que pour les cas asymptomatiques, un traitement leur est administrés et guérissent donc au bout de quelques semaines. «Si nous continuons sur le même trend, en hospitalisant tous les cas testés positifs, nous aurons une saturation, au point que les patients dans le besoin d’être hospitalisés ne trouveront plus de place, comme ce fut le cas en Italie ou en Allemagne», rappelle-t-il.

«C’est une question de moyens. Les nôtres sont limités et l’état de santé est fragile. Nous devons donc donner la priorité aux personnes souffrantes de maladies chroniques», se justifie-t-il.

«Chaque mesure présente des avantages et des inconvénients. Lorsqu’on énonce que la personne doit disposer d’une chambre, c’est pour éviter qu’elle contamine le reste de sa famille. Le protocole n’intervient pas pour changer le mode de vie de l’individu mais pose une condition. La personne doit ainsi minimiser les contacts avec les autres.»

Pr. Mustapha Ennaji

Et d’ajouter, quant aux interrogations sur le risque que cette personne isolée chez elle transmette le virus, que «de toutes les façons, si la personne est testée positive, les membres de sa famille sont également testées pour qu’ils soient isolés en cas de confirmation».

Des cellules médicales et paramédicales pour faire le suivi

Le docteur Saïd Motaouakkil, professeur et médecin anesthésiste réanimateur, se veut aussi rassurant. «Le problème de traitement des malades en ambulatoire n’est pas propre au Maroc. Des personnes sont traitées ailleurs dans les mêmes conditions mais le nombre augmente de façon significative, nous sommes en phase III de l’épidémie au Maroc et nous devons soulager les structures hospitalières», explique-t-il.

«Si le patient peut s’isoler chez lui, tout en respectant les mesures préventives et en restant éloigné des autres, il est alors suivi», assure-t-il, rappelant qu’il «y aura un suivi téléphonique avec le patient».

«Dès qu’il a la sensation d’une aggravation des signes, le patient va prévenir les équipes soignantes qui le prennent en charge pour un transfert dans une structure hospitalière.»

Pr. Saïd Motaouakkil

Le Pr. Mustapha Ennaji précise, d’ailleurs, qu’il s’agit d’une «une mesure anticipative positive». «Ces patients ne sont envoyés chez eux avec un traitement qu’après une prise en charge et lorsqu’on est sûr qu’ils pourront guérir sans complication», insiste-t-il. Car, avant tout, «la complication intervient généralement en l’absence de la prise en charge médicale», conclut-il.

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