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Grand Angle

Du Maroc à la Mecque pour accomplir le Hajj, le rêve en stand-by de Yassine Ghallam

Il a marché à pied puis a traversé, en vélo, plusieurs pays africains pour arriver en Arabie saoudite et accomplir le Hajj. Mais à cause de la pandémie du nouveau coronavirus, le globe-trotteur Yassine Ghallam a dû mettre son rêve initial en stand-by.

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Le globe-trotteur Yassine Ghallam a dû mettre son rêve initial en stand-by à cause du coronavirus. / DR
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En janvier 2017, le globe-trotteur Yassine Ghallam décide de réaliser son rêve d'accomplir les rituels du Hajj. Mais contrairement au pèlerinage classique, durant lequel les fidèles se rendent en Arabie saoudite par avion, le Marocain opte pour un choix original : se rendre à la Mecque à pied.

Près de quatre ans après son départ du Maroc, il est ainsi arrivé à Médine, sans pouvoir atteindre son objectif car les autorités saoudiennes n’ont autorisé que des dizaines de personnes à accomplir le cinquième pilier de l'islam, dans le cadre de leurs mesures destinées à endiguer la propagation du nouveau coronavirus.

«Je voulais découvrir ce continent auquel nous appartenons mais nous ne savons pas grand-chose. J'ai donc décidé de voyager à pied pour retrouver l'histoire de nos ancêtres et le chemin qu'ils empruntaient pour accomplir le pèlerinage rituel», rappelle-t-il dans une déclaration à Yabiladi. «J'ai décidé de voyager avec 0 dirhams. C'était un défi avec ma mère qui m'a dit un jour que l'argent est important dans la vie et je n'étais pas d'accord avec elle», ajoute-t-il.

Une fois ses bagages faits, son voyage a commencé depuis la Mauritanie. «Quand je suis arrivé à Dakar, j'ai subi une blessure au genou et un médecin m'a alors conseillé d'acheter un vélo pour continuer mon voyage, ce que j'ai fait», se souvient-il. 

Une aventure loin d’être facile

Son aventure continue ainsi en Guinée-Bissau, puis en Guinée-Conakry, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin, au Nigéria, au Cameroun, au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Angola, en Namibie, en Zambie, au Mozambique, au Swaziland et en Afrique du Sud, avant d'arriver aux Comores, à Madagascar et à l’Île Maurice. Il interrompt son périple pour un voyage aux Emirats arabes unis avant de revenir aux Comores et poursuivre son aventure.

Il rejoint ensuite la Tanzanie, où il gravit le mont Kilimandjaro, avant de se rendre au Kenya, puis en Ethiopie, au Soudan, en Egypte où il a assisté à la Coupe d'Afrique des Nations puis en Jordanie, dernière étape avant de regagner l'Arabie saoudite.

«Cela a changé ma vision de l’Afrique subsaharienne. Les Subsahariens sont hospitaliers et aiment le Maroc en tant que peuple et aussi son roi. Il m'appelait ‘fils de Mohammed VI’, ‘fils de (Baddou) Zaki’ ou ‘fils de (Aziz) Bouderbala’ car ils aiment aussi le football marocain.»

Yassine Ghallam

Mais l’aventure n’a pas été facile pour ce globe-trotteur marocain. Il raconte avoir «attrapé le paludisme au Bénin» qui l’a alité pendant une semaine à l'hôpital, puis un accident de la circulation au Nigeria. Et durant son voyage, cet ancien employé de la société de Tramway de Casablanca a également travaillé en tant que professeur d'arabe et de mathématiques, mécanicien et agent d’hôtels.

Après quatre années, pleines d'aventures, de joies et de difficultés, Yassine Ghallam est arrivé en Arabie saoudite le 11 décembre 2019. «Je suis arrivé à Haqal (nord-ouest de l'Arabie saoudite près de la tête du golfe d'Aqaba, ndlr) et j'ai continué mon chemin. Il m’a fallu deux mois pour atteindre Médine et visiter la tombe du Prophète», souligne-t-il.

Plusieurs enseignements tirés de cette aventure

Depuis la ville sainte, il s’est rendu à pieds à la Mecque, empruntant «le chemin du Messager de l’islam et ses compagnons», qu’il parcourt en 21 jours.

Cependant, le globe-trotteur marocain n'a pas pu effectuer les rituels du Hajj, en raison des mesures exceptionnelles prises par l'Arabie saoudite en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, bien que cela ne l’ait pas empêché de s'accrocher à son rêve.

«J'ai reçu un cadeau de certains citoyens saoudiens pour accomplir les rituels du Hadj l'année prochaine, moi et mes parents. Je resterai donc ici jusqu'à l'année prochaine.»

Yassine Ghallam

Et même après avoir reçu des offres pour loger dans un hôtel en attendant, le Marocain a préféré «une caravane de voyage», dans laquelle il vit actuellement à Abha (sud-ouest de l'Arabie saoudite), dans le parc Al-Sawda.

Pour Yassine, cette aventure lui a permis d'améliorer son anglais ainsi que les bases de plusieurs langues, comme le lingala, langue bantoue parlée en République démocratique du Congo et en République du Congo, ainsi que le swahili. «Plus important encore, j'ai appris l'humanité des pays africains, et je me suis également accroché à mes rêves et compris qu’il faut fixer des objectifs pour nos vies, ne pas vivre au hasard et rester indifférent vis-à-vis de ce que disent les gens», conclut celui qui compte, à son retour au Maroc, donner des conférences sur son expérience et écrire un livre sur son aventure.

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