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Grand Angle

Diaspo #154 : Meryem Saadi, du journalisme culturel à l’art contemporain à Stockholm

Journaliste culturelle au Maroc, Meryem Saadi a toujours rêvé d’évoluer dans le domaine d’art contemporain, pour accompagner le processus créatif des artistes de plus près, tout en continuant à évoluer. Son rêve aura été réalisé à Stockholm, où elle vit actuellement.

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Meryem Saadi, productrice d'expositions en Suède / DR.
Temps de lecture: 4'

Journaliste culturelle au Maroc, Meryem Saadi est née et a grandi à Rabat, où elle a obtenu son diplôme en journaliste à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC). Mais avant cela, elle a déjà un pied dans le domaine culturel, où elle a fait partie des chargés de communication bénévoles pour L’Boulevard, dès 2005 et 2006. Elle y découvre le monde passionnant des scènes musicales et de l’organisation de tels événements. Mais une fois diplômée, elle évolue en presse écrite, en rejoignant la rédaction de TelQuel.

«C’était difficile de pouvoir travailler à plein temps dans la culture, donc même si c’était un domaine qui me plaisait beaucoup, je ne pouvais le faire qu’en freelance ou parallèlement à un emploi», explique-t-elle à Yabiladi. Plus tard, Meryem Saadi dévie vers la communication, en travaillant notamment à Hit Radio puis pour le Festival Mawazine, gravitant ainsi autour de la musique. Ce tremplin lui ouvrira les portes de la Fondation nationale des musées (FNM). Elle en retient de bons souvenirs : «C’est là où j’ai commencé à savoir plus exactement comment se montait une exposition et comment se menait tout le travail en amont pour organiser une telle rencontre.»

Vernissage d'une exposition collective sur laquelle Meryem Saadi en tant qu'exhibition producerVernissage d'une exposition collective sur laquelle Meryem Saadi a travaillé en tant qu'exhibition producer

De la communication à la production d’expositions

C’est ainsi que l’actrice culturelle cherche une formation dans le domaine, mais elle n’en trouve pas une équivalente au Maroc. «J’ai su que c’est ce que je voulais faire car un travail de chargé de communication finissait par être répétitif. De plus, je pensais depuis longtemps à continuer mes études pour avoir un master. Avant cela, je voulais quand même avoir une expérience professionnelle, mais qui aura duré dix ans !», s’amuse-t-elle à rappeler.

«Je n’aurai jamais imaginé que j’allais travailler pendant dix ans, avant de poursuivre mes études. Mais c’était en tout cas une période où j’ai beaucoup appris.»

Meryem Saadi

Rêvant de découvrir particulièrement l’Europe du nord, Meryem Saadi a commencé à chercher quelles formations correspondaient à ses aspirations. Dans ce sens, elle souligne que «beaucoup de personnes sont découragées par les frais de scolarités élevés, mais peu s’informent sur les bourses qui sont pourtant disponibles». C’est ce qui lui aura permis de rejoindre l’Université de Stockholm, en 2017, où elle fait des études en «art curating and art management», pour évoluer dans l’art contemporain. Elle découvre de l’intérieur le travail sur les expositions, les biennales, la gestion de collections, l’édition des livres d’art.

«C’est un master qui m’a permis de rencontrer plusieurs professionnels d’art contemporain et de galeristes. Très vite, j’ai pu travailler en freelance, souvent avec des artistes suédois, même en parallèle de mes études», raconte-t-elle avec satisfaction. Meryem Saadi en profite pour rendre visible le travail d’artistes marocains, notamment Younes Atbane qu’elle invite en Suède pour présenter son projet intitulé «The fictional biennale of Marrakech». «C’est important pour moi de faire des projets artistiques avec des Marocains et des Suédois ici», insiste-t-elle.

Visibiliser les artistes marocains en Suède

Aujourd’hui, Meryem Saadi se retrouve pleinement dans son environnement académique et professionnel, après avoir décroché son diplôme en 2019. Pourtant, ses six premiers mois en Suède ont été cruciaux pour son intégration. «Durant cette période, j’ai halluciné par le fait que les process diffèrent beaucoup entre les deux pays, les modèles culturels et l’implication des acteurs publics dans le soutien aux projets artistiques», nous confie-t-elle. A la fin du master aussi, Meryem Saadi bénéficie d’un soutient de son université pour monter un premier projet artistique en tant que productrice d’exposition.

«J’ai découvert que des artistes recevaient des financements des communes, des villes ou des quartiers, pour mener leurs projets et constituer leurs équipes, ce qui est un processus artistique différent de ce qui se passe au Maroc. J’ai été surprise au début, puisqu’on réfléchit peu sur le long-terme au Maroc, particulièrement dans le domaine artistique.»

Meryem Saadi

A Stockholm, Meryem Saadi a également pu de détacher de la barrière de l’âge, souvent perçue au Maroc comme un handicap pour la reconversion professionnel ou la formation universitaire. «En arrivant en Suède, j’étais au début de la trentaine. Beaucoup de personnes dans mon entourage au Maroc me disaient qu’on ne pouvait pas reprendre ses études à cet âge-là», se rappelle-t-elle encore.

Une fois arrivée à Stockholm, Meryem découvre qu’elle n’est pas la seule à reprendre ses études, après plusieurs années dans le milieu professionnel. «Certains étudiants du master avait 40, 50, voire 60 ans et ne s’embarrassaient pas à l’idée de rejoindre les bancs de l’université, pour actualiser leur bagage académique et professionnel, découvrir de nouvelles idées ou bifurquer vers un autre domaine culturel, sans aucune considération d’âge», affirme-t-elle.

Meryem Saadi se sent tout de suite à l’aise dans son nouveau pays d’accueil, où la barrière linguistique n’aura pas non plus constitué un obstacle. «Au début, j’étais un peu stressée à cette idée, mais j’ai découvert que nombre de Suédois sont bilingues et apprennent l’anglais dès leur enfance, donc ils n’attendent pas que les étrangers maîtrisent leur langue pour bien s’intégrer», se rappelle-t-elle. «C’est donc après mon master, en anglais aussi, que j’ai commencé à prendre des cours de langue. J'avoue que c’était dur au début, vu que nous sommes plutôt francophones et anglophones au Maroc, or la langue suédoise a des racines germaniques», nous confie encore Meryem.

Au fur et à mesure des mois, l’apprentissage devient plus facile et Meryem Saadi se plaît à travailler sur différents projets artistiques. Elle ambitionne notamment que l’ambassade du Maroc à Stockholm capitalise sur les dynamiques culturelles ici pour créer des passerelles entre les deux pays.

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