Confiné depuis mars dernier à Taza, en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, Youssef Dahmani, journaliste à Yabiladi, a soupçonné avoir contracté le virus, au cours du mois de juillet. Fatigue, toux, perte d’odorat, autant de symptômes typiques de la Covid-19, mais l'infection n'a pu être confirmée via un test PCR et de sérologie, conformément au protocole mis en place par le ministère de la Santé. Pour cause, le fort besoin en dépistage et la situation épidémiologique dans la région Fès-Meknès a submergé les hôpitaux comme en ont temoigné plusieurs membres du personnel hospitalier à Fès.
«Lundi 20 juillet au soir, je me suis rendu à Fès pour des raison personnelles. Le lendemain, je suis retourné à Taza dans la nuit. Une fois arrivé à destination, j’ai préféré rester à l’écart de la famille pendant quelques jours. Je suis resté seul dans une maison appartenant à l’un de mes oncles, car j’ai été en contact avec un grand nombre de personnes à Fès, qui connaît une grande prévalence de la maladie», raconte le journaliste.
Vendredi 24 juillet, Youssef dit avoir «commencé à sentir des douleurs aiguës aux genoux, accompagné des symptomes du rhume, puis d’une toux». Par la suite, il s'est dit rassuré par un léger répit, peut-être sous l'effet de la vitamine C qu'il avait prise.
«Le 30 juillet, je me suis réveillé le matin avec les mêmes symptômes, avec en plus la perte totale de l'odorat», se souvient le journaliste, qui dit avoir essayé d’humer différentes senteurs et des parfums différents, voire forts, sans jamais rien sentir. A ce stade, il dit ne pas avoir perdu le goût.
Désireux de mettre fin à tout soupçons et pensant à protéger sa famille en cas d’infection avérée, Youssef s’est dirigé vers l’hôpital provincial d’Ibn Baja à Taza, dans l’espoir d’effectuer les tests et les analyses nécessaires.
«A l’entrée de l’hôpital, un agent de sécurité m’a arrêté. Je lui ai fait part de mes soupçons quant à mon infection à la covid-19. Il m’a demandé d’attendre l’arrivée d’un responsable», affirme Youssef, qui s’est mis à l’écart des patients, en attendant. Une dizaine de minutes plus tard, l’agent revient.
«Le médecin m’a demandé de vous dire que vous pouvez rentrer chez-vous et de nous recontacter, si votre cas s'aggrave.»
L’impossibilité de réaliser des tests PCR et sérologique
Etonné de cette réponse, Youssef insiste pour subir un test, décrivant les symptômes avec tous les détails. Mais l’agent de sécurité lui confiera qu’il n’est pas un cas isolé. Selon lui, «d’autres personnes ayant été en contact avec un cas confirmé dans la ville, la veille, sont venus avec des symptômes similaires en demandant à être examinés, mais ont tous été renvoyés chez eux». Non convaincu par ces arguments, le journaliste insiste une nouvelle fois, mais en vain.
«J’ai donc quitté l’hôpital, mais pour être honnête, il n'était pas débordé par les malades», reconnaît le journaliste. Actuellement, la ville compte une dizaine de cas actifs. Il appelle donc le numéro d’urgence dédié aux cas suspects de nouveau coronavirus. Après un questionnaire détaillé, à travers lequel Youssef a décrit son état de santé, on lui a promis qu’un médecin l’appellerait dans les 24 heures, l’interlocuteur au bout du fil conseille également au patient de rester chez lui. Il confie que «la situation est devenue très difficile», particulièrement à Fès, face à l’augmentation inquiétante des nouvelles infections.
«Le soir, je me suis tourné vers un médecin de ville, qui m’a prescrit une radio des poumons. Après cela, il m’a prescrit un antibiotique et un Doliprane, mais sans pouvoir dire si j'étais infecté de la Covid-19», confie Youssef. Ce vendredi soir, il n'avait toujours pas reçu l'appel du service spécial Covid-19 tel que promis. Youssef est resté confiné même si les symptômes se sont atténués. Mais ces précautions ont-elles été respectées par les autres cas suspects renvoyés chez eux ces derniers jours par l'hôpital Ibn Baja ?