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Grand Angle

Crise sanitaire : EMCEMO dénonce «la politique de déni de dignité» et l’exclusion des MRE

Dans une note, le Centre euro-méditerranéen migration et développement est revenu sur le blocage «catastrophique et chaotique» des MRE au Maroc, tout en critiquant leur exclusion des élections, 9 ans après la confirmation de ce droit par la Constitution marocaine.

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Des binationaux franco-marocains autorisés à regagner la France. / DR
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La crise du Covid-19 au Maroc a révélé «la politique de déni de dignité, de respect, de considération et la réalité d’abandon des ressortissants marocains à l’étranger (en visite au Maroc et/ou à l’étranger)», a indiqué lundi soir Centre euro-méditerranéen migration et développement (EMCEMO).

Dans une note parvenue à Yabiladi, le centre basé à Amsterdam et représenté à Tanger et Bruxelles, a affirmé que «la situation d’urgence sanitaire ne justifie pas l’abandon de ces ressortissants et l’absence de rapatriements».

L’ONG part ainsi de plusieurs constats ayant marqué la crise sanitaire, dénonçant ainsi la «prise en otage» des Marocains bloqués à la suite de la fermeture subite des frontières», estimant que «la communication à leur sujet a été absente et ce durant plusieurs mois, sans politique claire et responsable visant à leur trouver les solutions». «Après quatre mois d’interdiction d’accès à leur lieu de résidence, les institutions étatiques marocaines persistent et signent leur mépris des citoyens», dénonce-t-on.

EMCEMO critique aussi le fait que «l’ouverture des frontières par le biais de vols RAM et Air Arabia conditionnés par l’obtention de tests PCR et sérologiques a limité l’espoir de dizaines de milliers de familles (…) alors que les rapatriements organisés après plus de deux mois n’ont répondu à aucune transparence concernant les bénéficiaires».

«Le blocage au Maroc des binationaux et des MRE résidant légalement dans leur pays de séjour a été également catastrophique et chaotique causant des situations intenables : séparation d’enfants de leurs parents, empêchement de malades chroniques de suivre leurs consultations et traitements dans leur pays de résidence, perte de droits sociaux etc.»

EMCEMO

Le centre s'en prend aussi aux «institutions mandatées au service du citoyen marocain et dont la mission est centrée sur les questions migratoires». Celles-ci «ont brillé par leur absence, le mépris des citoyens marocains résidant à l’étranger et le déni de leur dignité, et ce en temps de grande crise». «Les Marocains résidents à l’étranger ainsi que les immigrés au Maroc, se retrouvent relégués aux oubliettes d’un département qui entérine la perte de leurs acquis et signe leur déni au respect», dénonce-t-il encore.

L'exclusion politique des MRE se poursuit

La note évoque aussi la participation politique des MRE. Ainsi, «à la veille des élections législatives marocaines de 2021, l’exclusion des citoyens marocains résidant à l’étranger du processus électoral, 9 ans après l’acquis constitutionnel en ce domaine (article 17), relève de pratiques anti-démocratiques suivies par l’ensemble des institutions étatiques et des partis politiques», écrit le centre dirigé par Abdou Menebhi.

«Les responsables des partis politiques se plaisent à conjuguer tourisme et sorties folkloriques dans les pays de résidence de leurs concitoyens en prétextant participer à l’inclusion des marocains résidant à l’étranger dans leurs programmes.»

EMCEMO

Pour l'ONG, «les citoyens marocains établis à l’étranger, se sont retrouvés sacrifiés à l’autel des ‘négociations’ entre partis politiques et ministère de l’Intérieur s’agissant des prochaines élections, en se mettant pratiquement d’accord sur l’exclusion des MRE de leur droit de vote et d’éligibilité pour les élections législatives à partir de leur pays de résidence, conformément au discours royal fondateur du 6 novembre 2005».

Le centre appel enfin «ceux qui sont mandatés et rémunérés par le contribuable de se montrer à la hauteur de leurs missions et d’œuvrer au service de leurs concitoyens, là où sied l’intérêt général et non celui d’une poignée d’imposteurs», à l’approche notamment de la Journée nationale de la communauté marocaine établie à l’étranger, célébrée le 10 août.

«Au-delà du gouvernement, des parlementaires et des partis politiques, nous appelons ceux qui dirigent réellement les affaires politiques au Maroc à considérer une nouvelle approche et un nouveau départ avec leurs concitoyens établis à l’étranger», conclut l'organisation.

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