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Grand Angle  

Diaspo #153 : Rachid Zrykou, un journaliste marocain qui brille en Chine  

Après une formation dans le tourisme, Rachid Zrykou s’est rendu en Chine afin d'apprendre le mandarin. Il finit par changer complètement de parcours. Devenu journaliste, il présente désormais des programmes et des émissions d'information.

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Rachid Zrykou est un journaliste marocain basé actuellement en Chine. / DR
Temps de lecture: 3'

C’est à Mokrisset, ville marocaine de la région de Tanger-Tétouan, située dans le Rif occidental et proche de Ouazzane, que le journaliste marocain Rachid Zrykou voit le jour en 1990. Après son baccalauréat, il s'installe dans la ville de Kénitra pour poursuivre ses études en sociologie à l'Université Ibn Tofail. Malgré les difficultés financières qu'il rencontre, il s'accroche à ses études.

«Après avoir obtenu mon diplôme, le chômage commençait à m’inquiéter. J'ai pensé donc à faire des études dans un autre domaine qui me permettrait de trouver un emploi rapidement et c’est ainsi que je me suis dirigé vers le domaine du tourisme», confie-t-il à Yabiladi.

Mais il fera face à une barrière d’une autre nature : son manque de maîtrise de la langue française. «Le directeur de l'institut (de tourisme, ndlr) situé à Tétouan m'avait toutefois encouragé à poursuivre une formation dans le domaine du management», ajoute-t-il.

Un amour né au Maroc

Ainsi, au bout de deux ans, Rachid Zrykou obtient un diplôme lui permettant d’entrer sur le marché du travail. Une aventure qui le mènera à travailler dans un hôtel à Tétouan.

«A la recherche de travail, la direction de l'hôtel m'a d’abord dit qu'il n'y avait pas de postes vacants. Au bout d'une semaine, ils m'ont appelé et j'ai travaillé comme bagagiste à l'été 2016. Mes amis de l'institut méprisaient cet emploi, mais ma seule préoccupation était de gagner ma vie.»

Rachid Zrykou

Cette expérience lui permet ainsi de travailler à Chefchaouen, où son chemin croise celui de plusieurs touristes, dont des Chinois, faisant naître un amour pour l’Empire du Milieu.

Un intérêt qui poussera le Marocain à se lancer dans la recherche d’information sur la Chine en tant que grand marché touristique. Avec l'encouragement des touristes chinois, il commence même à apprendre le mandarin. «C’est à ce moment que je me suis demandé pourquoi ne pas me rendre en Chine. Mon objectif en visitant la Chine était d'apprendre la langue et de retourner au Maroc pour travailler car je voyais mon avenir dans le tourisme», se remémore-t-il.

La langue chinoise indispensable pour réussir dans l’Empire du Milieu

En février 2018, le Marocain arrive à Pékin. Et dès les premiers instants, sa surprise est vite rattrapée par milles et une questions.

«J’avais plusieurs questions qui me traversaient l’esprit, notamment quant à la justesse de ma décision, d'autant plus que je ne connaissais personne en Chine. Je suis alors resté figé, comme pris de vertige.»

Rachid Zrykou

Avant son départ du Maroc, le jeune homme avait toutefois repéré un centre d’apprentissage de la langue chinoise à Pékin. «Je consacrais 12 heures par jour à étudier le mandarin car mon objectif était d’apprendre cette langue rapidemment», ajoute-t-il. 

«Mon professeure m'avait dit que lorsqu’elle avait appris que je venais d'Afrique du Nord, elle croyait que je ne serais pas capable de maîtriser la langue», se rappelle-t-il à propos du certificat de maîtrise de la langue chinoise qu’il a décroché. Il se souvient également ded nombreuses anecdotes ayant marqué ses premiers mois en Chine.

«Les Chinois avaient l'habitude de me poser des questions sur mon origine. Quand je leur disais que je suis un Africain venant du Maroc, ils semblaient surpris et me demandaient pourquoi ma peau était blanche. Loin d'être racistes, leurs questions étaient motivées par une méconnaissance de l'Afrique et du Maroc.»

Rachid Zrykou

Sa rencontre avec le peuple chinois a été faicilité par la maîtrise de la langue. «Aucun diplôme ne vous aidera si vous ne maîtrisez pas la langue», insiste-t-il. Et c’était sa clé pour d’abord décrocher un stage au sein de la China Arabe TV (CaTv), parallèlement à une formation en tant qu’animateur au sein de l'Institut Al-Jazeera.

Des programmes de cuisine à la couverture de l’actualité

Sa période de stage et de formation passée, CaTv lui propose alors un poste en août 2018. Il présente alors une émission en chinois sur la cuisine du pays. «J'ai eu l'idée de ce programme en raison des fausses idées répandues sur la nourriture chinoise», explique-t-il, rappelant que «la cuisine chinoise est riche et variée, avec une longue histoire». «Manger des insectes et des animaux sauvages n'est pas une habitude quotidienne», souligne-t-il.

Après un certain temps, il passe du programme de cuisine à la présentation de journaux télévisés d’information et à la couverture de l’actualité. «J'ai tout fait sur demande. Au début de la crise sanitaire du nouveau coronavirus, j'étais en charge du suivi de la situation à Wuhan et j'ai même interviewé des étudiants arabes ainsi que l'ambassadeur du Maroc», ajoute-t-il.

Durant la période de propagation de l'épidémie du nouveau coronavirus en Chine, Rachid Zrykou était devenu une source d'informations prisée par plusieurs chaînes arabes. Ainsi, en plus de son travail à la chaîne chinoise CaTv, le jeune journaliste marocain travaille depuis mars dernier comme correspondant de Medi1 TV en Chine.

Mais le trentenaire regrette toutefois «la faible présence marocaine en Chine par rapport aux autres communautés arabes». «Celui qui arrive en Chine atteint le futur», insiste-t-il, assurant par ailleurs garder de bons liens avec son pays d’origine.

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