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Grand Angle

«En 1999, Amnesty voulait organiser son congrès annuel au Maroc», révèle Mohamed Sektaoui

Les clashs entre le Maroc et Amnesty International sont fréquents et occupent l’espace médiatique marocain, et parfois international. Néanmoins, les relations entre Rabat et AI avaient connu une embellie, sous la primature de Abderrahman El Youssoufi ainsi qu'en 2009, comme nous le révèle Mohamed Sektaoui, directeur général de l’ONG au Maroc.

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Abderrahmane Youssoufi avec les membres d’Amnesty / Source : Amnesty Maroc
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Il fut un temps où les relations entre Amnesty International et le Maroc étaient empreintes de cordialité et même d'une certaine entente, au point que sa section locale à Rabat avait eu le statut d'ONG reconnue d’utilité publique. Une situation passée qui tranche avec les appels appelant aujourd’hui à sa fermeture.

«L'annonce avait été faite par le Premier ministre de l'époque, Abderrahman El Youssoufi, lors d'un discours prononcé le 10 décembre 2001 à l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale des droits de l’Homme», se rappelle Mohamed Sektaoui, directeur général d’Amnesty International Maroc, dans une déclaration à Yabiladi. Cette qualité «d'utilité publique» avait été également octroyée à l’Association marocaine des droits humains (AMDH), l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH) et Transparency Maroc.

En effet, dans une lettre datant du 12 novembre 2001, consultée par Yabiladi, El Youssoufi informe le secrétaire général du gouvernement, Abdessadek Rabiî, qu’après consultation et approbation par écrit des ministres concernés par la requête, il avait décidé de répondre favorablement à la requête d’AI Maroc. Il s'agissait, en fait, des ministres de la Justice (Omar Azziman, SAP), des Droits de l’Homme (Mohamed Aujjar, RNI), de l'Education nationale (Abdellah Saaf, PSD), de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Najib El Ouariti El Ouazzani, RNI) et de la Communication et culture (Mohamed El Achaari, USFP). 

Feu El Youssoufi lui demandait, en conséquence, de préparer un décret accordant le statut d’utilité publique à Amnesty Maroc. «Malheureusement l’opérationnalisation de la mesure prise par El Youssoufi n’a jamais vu le jour», regrette aujourd'hui Mohamed Sektaoui.

En 1999, Amnesty voulait aussi organiser son congrès annuel au Maroc

Amnesty International a attendu huit ans pour remettre ce dossier sur la table des «discussions cordiales» avec des responsables marocains. «En mars 2009, AI avait choisi de réunir tous ses cadres dans un congrès à Marrakech. A cette occasion, la secrétaire général, Irene Khan avait sollicité une entrevue avec le roi Mohammed VI. Celui-ci avait alors chargé les ministres de la Justice, Abdelouahed Radi (USFP) et de l’Intérieur, Chakib Benmoussa (SAP) de la rencontrer à Rabat», raconte l'actuel directeur de la section Maroc. 

«Sur la décision du statut d’utilité publique prise en 2001, ils nous ont affirmé qu’ils ignorent tout de la décision d’El Youssoufi et nous ont proposé de présenter un nouveau dossier, ce que nous avons fait. Depuis, nous n’avons reçu aucune réponse.»

Mohamed Sektaoui

Dans ses déclarations à Yabiladi, Mohamed Sektaoui révèle une phase cachée de la relation «cordiale» entre le Maroc et Amnesty. «Abderrahman El Youssoufi, une fois de plus, voulait qu’AI organise son congrès annuel au Maroc dès 1999. Tous les préparatifs étaient en bonne voie, notamment le transport et l’accueil de 500 congressistes. Mais au dernier moment le couperet de l’annulation tomba.»

Et de conclure en adressant un message à qui de droit, affirmant que «le choix du royaume d'abriter le congrès de 1999 était une volonté de la part d’Amnesty d’encourager l’expérience d'ouverture démocratique et politique initiée, quelques années auparavant, par le roi Hassan II et montre surtout qu’elle n’est pas une ONG opposée au Maroc».

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