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Grand Angle

Maroc-UA : Le virage africain, 4 ans après...

Depuis son accession au trône, le 30 juillet 1999, le roi Mohammed VI a placé l’Afrique au rang de priorité. Un engagement acté par un retour au sein de l'organisation continentale, le 17 juillet 2016, marquant ainsi un tournant dans la politique étrangère du Maroc.

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Le 17 juillet 2016, le Maroc présentait officiellement sa demande d’adhésion à l’Union africaine. La requête avait fait l’objet d’un message du roi Mohammed VI, remis en son temps à Kigali au président en exercice de l’UA, le Tchadien Idriss Deby, par le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami. La dimension africaine du royaume était au cœur de la lettre royale. Une dimension qui transcende les aléas de la politique ayant conduit Hassan II en 1984 à se retirer de l’Organisation de l’unité africaine en réaction à l’admission de la «RASD» deux années auparavant.

Ce premier pas a été précédé, comme souligné par le souverain dans son message, par une forte contribution du royaume «à développer un modèle unique, authentique et tangible de coopération sud-sud» grâce notamment à «l’implication des opérateurs marocains et leur forte présence dans le domaine de la banque, des assurances, du transport aérien, des télécommunications et du logement.»

Des secteurs qui ont fait l'objet d'une politique volontariste en terme d'investissements publics et privés marocains en Afrique.Cette présence s'est également traduite par la signature de 500 accords de coopération avec l’ensemble des pays africains, selon une étude du ministère des Finances intitulée «Relation Maroc-Afrique : l’ambition d’une "nouvelle frontière"», publiée en juillet 2015.

Depuis 2016, le Maroc chasse sur des terres qui lui étaient auparavant hostiles

Depuis le 17 juillet 2016, le Maroc a retrouvé sa place au sein «de sa famille institutionnelle». Une décision officiellement actée lors du sommet ordinaire d’Addis-Abeba de janvier 2017. En quatre ans, Rabat a réussi à se positionner en tant qu’acteur majeur sur la scène africaine. Outre le renforcement de ses liens avec ses traditionnels partenaires continentaux de Afrique de l’Ouest, le royaume chasse désormais sur des terres qui lui étaient autrefois hostiles, tels l’Angola, le Ghana, le Nigéria, la Zambie, l’Ethiopie ou encore la Tanzanie.

Il était auparavant impensable que le roi Mohammed VI se rende en Zambie ou au Ghana, comme en février 2017. Il était également innimaginable de le voir s'entretenir avec le président angolais, João Lourenço, comme en novembre 2017, à Abidjan lors du sommet UA-UE, et à Brazzaville en avril 2018 à l’occasion du 1er sommet  de la Commission Climat et du Fonds bleu du Bassin du Congo. Des déplacements et des entrevues qui ont facilité et accéléré le processus de rapprochement avec ces Etats.

Tournant notable : La condition du retrait de la reconnaissance de la «RASD», exigée autrefois par le Maroc pour nouer des relations de partenariat, a été reléguée aux oubliettes. Un pragmatisme qui a séduit de nombreuses capitales africaines souhaitant se tourner vers l’avenir et bénéficier de l’expérience marocaine dans les domaines agricole, sécuritaire, militaire, financier ainsi que religieux.

L’Algérie de Tebboune veut rattraper son retard

Seul un petit groupe de refuzniks, mené par l’Afrique du sud et la Namibie, notamment au niveau de l’Afrique australe, continue d’être otage de dogmes hérités de la Guerre froide et rejette la main tendue du Maroc. Malgré les blocages, cette opposition ne constitue réellement pas un frein à sa politique africaine, le royaume ayant multiplié ses interventions sur le continent même dans les pires séquences. La pandémie du coronavirus lui a donné, d’ailleurs une autre occasion, d’apporter sa contribution -avec des produits médicaux «made in Morocco»- aux efforts d’une quinzaine d’Etats africains dans la gestion de la crise sanitaire. Des aides médicales envoyés également à des pays reconnaissant toujours la «RASD».

Cet engagement marocain est appelé à se poursuivre même si l’Algérie parait décidée à rattraper son retard. Le premier acte de cette opération de reconquête africaine a été l’annonce faite par le président Tebboune, lors du sommet de l’UE (février 2020 à Addis-Abeba), de  la création de l’agence algérienne de coopération internationale, confiée à un colonel de l’armée. Quant au 2e acte, il devra se jouer dans les mois à venir, à l’occasion du referendum constitutionnelle, avec le feu vert qui sera de toute évidence accordé à l’armée algérienne de se déployer hors de ses frontières pour participer à des missions de paix de l’ONU en Afrique ou ailleurs. Cela promet des empoignades entre les deux voisins ennemis sur la scène continentale.

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