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Grand Angle

Etude sur les Marocains et les réseaux sociaux : Moins d'un quart de militants

Qui sont les utilisateurs de media sociaux au Maroc ? Que veulent-ils ? Une enquête du Cesem, le centre de recherche de HEM (école de Hautes Etudes en Management à Rabat), publiée hier, mardi 26 mars, distingue quatre profils parmi les utilisateurs des réseaux sociaux marocains. Un fait marquant ressort : si le printemps arabe a laissé croire que la «jeunesse» avait été le fer de lance de la mobilisation par les réseaux sociaux, l’étude montre, que parmi les Marocains, les «mobilisateurs» ont majoritairement plus de 35 ans.

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«Nous avons réalisé cette étude, parce que, suite aux évènements dans le Monde arabe, nous avons pris conscience qu’il y avait une carence en terme de données, que les media sociaux, au Maroc, étaient un domaine sous analysé», explique Driss Kiskes, directeur du Cesem et co-auteur, avec Adib Bensalem, enseignant chercheur au Cesem, de l’enquête statistique «Profils des utilisateurs marocains de media sociaux», réalisé entre septembre 2011 et mars 2012.

Une urgence. Pendant que le Cesem, le centre de recherche de l’Ecoles en Hautes Etudes de Management de Rabat procédait à cette étude, le nombre d’utilisateurs de Facebook, au Maroc, a augmenté de 503 260, personnes, pour atteindre 4,4 millions d’utilisateurs. La croissance du nombre d’usagers est supérieure à la moyenne mondiale, puisque le Maroc, entre juin 2011 et mi-mars 2012, passe de la 36e, à la 35e place selon le classement mondial, réalisé par le site Social Bakers.

L’étude révèle 4 profils taxinomiques parmi les usages faits des médias sociaux comme Facebook, Tweeter, Youtube ou Meetic par les Marocains. Les «mobilisateurs» représentent un taxon très instructif au regard du contexte régional des révolutions arabes. Cette tendance, rassemble seulement 21,92% des répondants à l’étude. «Les mobilisateurs» ne viennent pas, en premier lieu, pour «faire du réseau», ni pour s’amuser, mais pour exprimer leurs opinion et mobiliser autour de certaines causes, explique les auteurs de l’étude.

Ce sont majoritairement des hommes, mais contrairement «à certaines idées reçues : le cyber activisme n’est pas forcément l’apanage des plus jeunes», souligne l’étude. La majorité relative des cyber-militants, 37,4% d’entre eux, ont plus de 35 ans, alors que l’échantillon représentatif de l’étude, compte une proportion de 78,51% de jeunes âgés de 15 à 35 ans. Ces «mobilisateurs», en plus d’être parmi les plus âgés de l’échantillon, sont également les plus intégrés professionnellement, les mieux rémunérés, avec une forte représentation de cadres.

Twitter élitiste

Au sein des enquêtés, ils sont les plus grands utilisateurs de Tweeter. «La twittomania, fer de lance réputée des révolutions en Tunisie et en Egypte demeure faible au Maroc», soulignent les auteurs de l’étude. «L’usage de Twitter est élitiste au Maroc. Une situation à mettre en lien avec la relative faiblesse de la classe moyenne au Maroc», ajoute Driss Kiskes.

Les «mobilisateurs» sont les seuls, de tous les profils, à être engagé de façon réellement citoyenne. L’autre profil le plus actif sur les media sociaux, soit 30,92% des enquêtés, «les communicateurs» - ou plutôt «communicatrices», puisque les femmes y sont majoritaires - cherchent avant tout à faire du réseautage professionnel. Plutôt jeunes et éduquées, elles sont «plus solidaires qu’engagés», selon l’étude, elles ont un usage quasi-boulimique et plutôt utilitariste de leur usage des réseaux sociaux. 90% des Marocaines de la diaspora enquêtées se retrouvent dans ce groupe.

Draguer sur Facebook

47,14% des enquêtés ont un usage beaucoup moins actif est réguliers des medias sociaux. Loin de considérations professionnelles ou citoyennes. Ils viennent passer le temps, rencontrer des amis, discuter ou draguer. 25,87% d’entre eux correspondent plutôt à un profil que les auteurs de l’étude qualifient d’ «affectif». Particulièrement jeunes, avec 59,3% d’entre eux âgés de 15 à 24 ans, ils appartiennent plutôt aux classes sociales basses de l’échantillon et viennent «discuter avec des inconnus, draguer, oublier leurs problèmes …», indique l’étude. Ils se connectent, plus souvent que les autres, depuis les «cyber».

Les «observateurs», 21,27% des enquêtés, rassemblent ceux qui ont un usage encore plus passif des réseaux sociaux. Ils ne recherchent pas tant le contact avec les autres, ce qui est le propre, pourtant, de ces réseaux, mais pour jouer en ligne et consulter les murs de leurs amis sur Facebook. Plutôt en retrait socialement, ils viennent visiter, passer le temps.

Tous ces profils ont en commun de présenter une forme de continuum entre le monde «réel» et le monde «virtuel». Ils montrent qu’il n’existe pas de rupture dans l’approche qu’ont les Marocains des media sociaux, par rapport à leur attitude au quotidien et la place qu’ils ont dans la société.

Les différents profils en fonction de l'ordre de leurs usages des media sociaux

L'administration du questionnaire de l'enquête

Les enquêteurs du Cesem ont réalisé un échantillonnage aléatoire sur la base d'un questionnaire accessible sur le site pendant 45 jours et dont la promotion s'est faite par un e-mailing ciblé et les sites de Au Fait, Lakome et Yabiladi. L'enquête se base sur les réponses de 456 personnes représentatives de la diversité démographique et sociale des utilisateurs marocains des medias sociaux, par leur nombre (sur une base de 3 millions d'utilisateurs marocains des media sociaux) et par un système de quotas.

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