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Grand Angle

L’étrange éloge de médias algériens pour le nouvel ambassadeur marocain

Phénomène suffisamment rare pour être remarqué : des médias algériens proches du pouvoir ne tarissent pas d'éloges à l'égard du nouvel ambassadeur du Maroc à Alger. Comment expliquer cet étrange retournement ?

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La nomination d’un nouvel ambassadeur du Maroc en Algérie n’est pas passée inaperçue. Si la majorité des médias algériens ont repris l’information de l’arrivée de Mohamed Aït Ouali à la place de Lahcen Abdelkhalek, les quotidiens Echourouk et l’Expression ont accordé un intérêt particulier à ce changement opéré au niveau des commandes de la représentation diplomatique à Alger.

Le journal arabophone, très proche de la hiérarchie militaire et des milieux conservateurs, a réservé mardi 7 juillet un article à ce sujet intitulé : «le Maroc nomme un nouvel ambassadeur en Algérie... qu’est-ce qui va changer ?».

Sans apporter une réponse claire à la question, son auteur rappelle que cette désignation intervient dans un «contexte très délicat» dans les relations entre les deux voisins ennemis, citant particulièrement le dérapage verbal de l’ancien consul du royaume à Oran, Boutaher Aherdan, qui a qualifié l'Algérie de «pays ennemi». Il cite aussi la «provocation marocaine» sur la frontière, en référence au projet de construction d’une caserne militaire des Forces armées royales à Jerada.

«On prête plusieurs qualités au nouveau représentant du royaume à Alger»

Mercredi, c’était au tour du quotidien francophone l’Expression. «Nommé dans un contexte très particulier où les relations entre les deux pays traversent une zone de turbulence, le nouvel ambassadeur marocain en Algérie, Mohamed Aït Ouali, aura du pain sur la planche», écrit la voix du Rassemblement national démocratique dirigé depuis le 28 mai dernier par Tayeb Zitouni, l’actuel ministre des Moudjahidines.

La publication s’interroge sur les motifs de ce changement : «Est-il une action stratégique ? S'agit-il d'une simple opération tactique pour s'exonérer à moindre coût du grave dérapage du consul marocain à Oran qualifiant l'Algérie de 'pays ennemi' ?».

Une fois n'est pas coutume au sujet du Maroc, l’Expression n'a pas tari d’éloges sur le nouvel ambassadeur. «On prête plusieurs qualités au nouveau représentant du royaume à Alger : on dit de lui qu'il est 'une grosse pointure diplomatique', certains assurent qu'il a l'oreille du roi et d'autres le qualifient d' 'homme de gestion des crises'. Nul doute, Mohamed Aït Ouali n'est pas un ovni diplomatique, tombé au beau milieu d'une arène minée, au moment où les rapports politiques entre Alger et Rabat passent par une phase de tension».

Hier le journal Echourouk est revenu dans une vidéo à la nomination d’Aït Ouali, intitulée : «Le Maroc et l’Algérie : l’ambassadeur philosophe réparera-t-il ce qui a été brisé du temps de l’ambassadeur journaliste ?».

Pour mémoire, après un long passage en Jordanie, la désignation en 2016 de Lahcen Abdelkalek en tant qu'ambassadeur à Alger avait créé des remous. En cause, son appartenance au parti de l’Istiqlal, formation politique qui continue de défendre la marocanité de Tindouf et Bechar, ce que l'ancien secrétaire général de la Balance, Hamid Chabat, se plaisait à appeler le Sahara oriental. Son remplacement explique le soulagement et le ton élogieux à l'égard de Mohamed Aït Ouali, par la presse proche du pouvoir algérien... jusqu'à la prochaine polémique entre les deux pays.

Article modifié le 11/07/2020 à 00h29

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