En décembre 1981, Israël annexait unilatéralement le Plateau du Golan occupé depuis la guerre des six jours en 1967, le rattachant à son District nord. Trois jours plus tard, le Conseil de sécurité des Nations unies votait une condamnation de l'occupation dans sa résolution 497. Dix ans plus tard, l’Espagne accueillait, le 30 octobre 1991 une rencontre sous les auspices des États-Unis et de l’Union soviétique, une première tentative de la communauté internationale afin d’engager un processus de paix au Proche-Orient.
Le rôle de Bill Clinton pour la reprise des négociations
Les négociations impliquant Israël, la Syrie, le Liban, la Jordanie et les Palestiniens constitueront une occasion en or pour Damas d’évoquer l’occupation du Golan ainsi que sa souveraineté.
Trois ans plus tard, le président Hafez el-Assad a réussi à rencontrer le président américain Bill Clinton, lors d’un sommet entre les deux chefs d’Etat tenue à Genève, en janvier 1994. Parrain du processus de paix au Proche-Orient, Clinton est parvenu alors à décrocher une reprise des pourparlers entre Israël et la Syrie.
C’est dans ce contexte que Yitzhak Rabin fera appel au roi Hassan II pour l’aider à connaître les concessions qu’Assad était prêt à faire pour récupérer le Plateau du Golan. Dans une longue interview accordée ce mercredi à Times Of Israel, Shabtai Shavit, ex-directeur du Mossad de 1990 à 1996, reconnaît avoir «joué un petit mais crucial rôle dans le processus syrien», en ayant des contacts avec le roi du Maroc.
Il raconte qu’après le sommet entre Hafez el-Assad et Bill Clinton à Genève, Yitzhak Rabin l’avait contacté pour lui confier qu’il ne peut pas établir d’«évaluation définitive, en noir et blanc, des concessions qu'Assad serait prêt à faire en échange d'un retrait du Plateau du Golan».
…Et celui d’Hassan II ayant mis fin aux pourparlers
«Et puis il m'a envoyé voir le roi Hassan du Maroc pour lui demander de vérifier auprès d'Assad ce qu'il était prêt à concéder», poursuit Shabtai Shavit. L’ancien patron du Mossad raconte avoir demandé au roi Hassan II de «cacher» le fait que cette demande vient d’Israël et de «trouver une raison différente» pour justifier cette question.
«[Hassan II] avait une raison plausible - il faisait partie des "gardiens des lieux saints de Jérusalem". Il était impliqué dans les processus au Moyen-Orient. Il a envoyé mon homologue marocain à Assad.»
Après cette visite de l’émissaire d’Hassan II en Syrie, dont le nom n’est pas dévoilé, il s’était alors rendu en Israël. «Je l'ai emmené à Rabin et il lui a fait un rapport verbal long et détaillé», précise l’ancien responsable israélien. Ce qui a convaincu Yitzhak Rabin que Hafez el-Assad n'était pas prêt était une déclaration du président syrien rapportée par le responsable marocain. «La fameuse phrase d'Assad était : Je veux plonger mes pieds dans la mer de Galilée. Le responsable marocain a dit avoir entendu cela directement d'Assad. Et cela a convaincu Rabin qu'Assad n'était pas encore prêt», conclut l’ancien chef du Mossad.
De ce fait, le Plateau du Golan restera occupé, jusqu’à nos jours, par Israël. Pire, Tel Aviv tentera en vain de décrocher une reconnaissance de la communauté internationale, en vain. Ce n’est qu'en mars de l’année dernière que le président américain Donald Trump signe un décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan, au mépris de la résolution 497 du Conseil de sécurité qui considère cette annexion comme «nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international».