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Grand Angle

France-Municipales à Trappes : Ilhame Atillah, du social au politique

Trappes est une ville en région parisienne avec une forte communauté marocaine, où Ilhame Atillah a grandi. Travaillant dans l'accompagnement d'enfants en situation d'échec scolaire mais aussi dans l'associatif, elle côtoie chaque jour le malaise social. C'est de ce constat amer qu'elle tire sa volonté de changer les choses dans sa ville et qu'elle décide de se porter candidate sur une liste indépendante pour les municipales de 2008. Loin des parcours classiques de la politique et de la vie partisane, Ilhame nous livre ses motivations et ses ambitions pour les trappistes.
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- Yabiladi.com : Comment êtes-vous passé de l'accompagnement aux jeunes en difficultés scolaires à candidate sur une liste de gauche aux élections municipales ?
- Ilhame Atillah :
J’ai été sollicité au mois d’octobre pour participer à un groupe de réflexion dont l’objet était d’échanger sur ce qui n’allait pas sur la ville et sur la politique qui y était menée. Au vu d’un état des lieux négatif qui a été constaté, nous avons, de fil en aiguille dressé les grandes lignes d’un programme adapté aux besoins de notre ville.
Nous avons donc constitué une liste « Les Trappistes d’Abord, Construisons à Gauche pour 2008-2020 » et choisi Dominique Dubuisson, au sport depuis 19 ans sur la ville, pour nous représenter en tête de liste. A partir de ce moment, tous les moyens ont été déployés pour mener à bien cette campagne

- C'était un peu une surprise pour ceux qui vous connaissent...
- En effet, de par mon éternel hostilité au monde politique, certains de mes proches étaient surpris de me voir engagée dans une campagne municipale et cantonale, mais au regard des valeurs et des principes que ce groupe véhicule, tous ont saisi le sens de ma démarche et l’investissement que je démontre. Des vraies valeurs de gauche nous animent, à savoir la solidarité, la construction collective d’un avenir commun, les valeurs sociales et environnementales etc..
Je suis malgré tout de nature militante et lorsque je suis convaincue, je m’investis à 100%, je défends ce en quoi je crois, et aujourd’hui, je crois en une vie meilleure pour les trappistes.
Et enfin, cela rejoint mes engagements auprès des jeunes en difficultés.

- Vous vous dites de sensibilité de gauche mais pourtant vous ne mâchez pas vos mots sur le maire sortant socialiste. Ne risquez-vous pas de faire le jeu de la droite ? Que reprochez-vous au juste à Guy Malandain ?
- Cette ville est sortie de 30 ans de communisme et elle subit encore les conséquences de certains travers. Nous avions donc pensé en 2001 qu’un changement, toujours à gauche bien entendu, apporterait du sang neuf et une politique nouvelle. Nous avons été contraints de constater que nous nous étions trompés car bien que le maire sortant étant investi par le Parti Socialiste, il a mené durant 7 ans une politique de droite en ne sollicitant jamais les habitants et encore moins ses adjoints, en prenant des décisions seul, ou avec sa première adjointe uniquement, poussant ainsi certains de ses collaborateurs à démissionner de leur fonction.
Concernant la droite, il est évident que Trappes est résolument à Gauche et qu’elle ne sera jamais à Droite, et proposer une deuxième liste de gauche c’est proposer une alternative à nos concitoyens car entre un « habile dictateur de gauche » et un démagogue de droite, nos habitants ont le droit de choisir une liste qui leur ressemble, des trappistes comme eux qui vivent les mêmes problèmes qu’eux. Et il est important de préciser que le maire sortant n’a jamais habité Trappes, tout comme certains de ses adjoints, et que lorsqu’on ne vit pas le quotidien d’une ville, comment peut-on prétendre la connaître et pouvoir améliorer son cadre de vie ?

- Quels sont les atouts de votre liste pour mobiliser l'électorat trappiste ?
- Notre liste n’est constituée que de trappistes, de divers horizons et porteurs de fortes valeurs sociales. Nous avons la fierté de ne pas être encarté, donc de ne recevoir d’instructions d’aucun parti que ce soit. Nous revendiquons un esprit de solidarité pour la gestion de notre ville et notre liste représente parfaitement la diversité de Trappes.

- On a vu fleurir des listes prônant la diversité mais avec des français d'origine étrangère placés dans des positions de faire valoir. Concrètement, êtes-vous en position éligible pour un poste d’élu ?
- Au départ, ma volonté de rejoindre ce groupe était motivée par l’envie de changer les choses, de donner un souffle nouveau à cette ville et participer à l’amélioration du cadre de vie des Trappistes. Plus nous avancions dans le travail, plus je me sentais investie par cette nouvelle mission et l’envie de poursuivre au-delà de l’échéance électorale m’encourageait. Pour répondre concrètement à votre question, je suis placée en 10ème position sur la liste et je suis susceptible d’être élue par les trappistes comme conseillère municipale.. Néanmoins, nous sommes tributaires des résultats du suffrage. Mais aujourd’hui, je ne reculerai pas si le maire me proposait des responsabilités.
La diversité de cette liste s’est créée naturellement, il n’y a eu aucune stratégie politique pour mettre en avant les jeunes issus de l’immigration, cette manipulation étant le propre de la droite qui prône ce qu’ils appellent « l’ouverture ».

- Etant vous même d'origine marocaine, comptez-vous sur la mobilisation des franco-marocains nombreux à Trappes ?
- Notre liste s’appelle « Les Trappistes d’abord », nous ne voulons instrumentaliser aucune communauté ethnique ou religieuse. Notre souci est de servir les Trappistes, tous les Trappistes, quelque soit leurs origines ou leur appartenance.
Nous avons rencontré récemment une association cultuelle et nous avons simplement échangé sur notre programme et sur nos ambitions pour la ville. Nous avons été clair sur ce que nous pouvions réaliser mais tout autant limpide sur ce que nous ne pourrions pas faire car nous ne pouvons nous permettre de faire des promesses aux gens pour gagner leur voix, et ne pas les tenir une fois notre équipe municipale en place. Une seule chose compte pour nous : La démocratie.

- Votre engagement politique pour ce scrutin aura-t-il une suite, même en cas d'échec ?
- Tout d’abord nous comptons sur les Trappistes pour faire le bon choix le 9 mars, mais aussi le 16, et il est évident que notre démarche ne s’arrêtera pas demain même en cas d’échec. Nous nous impliquerons avec autant d’intérêt dans la définition de notre avenir et préparerons les prochaines élections avec le même enthousiasme.
Nous présentons également une liste pour les élections cantonales qui se déroulent au même moment, et je suis suppléante du candidat Claude Fressonnet pour représenter le canton de Trappes auprès de l’assemblée départementale. Cette élection est tout aussi importante car elle permettra d’aller défendre des projets au conseil général et apporter des subventions supplémentaires pour les trappistes.

Propos recueillis par Mohamed Ezzouak
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