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Grand Angle

Défenseur des causes de MRE, Driss Mechioukhi décède en attendant son rapatriement

Longtemps président du Conseil des Marocains de France de la région PACA, Driss Mechioukhi est décédé ce mardi matin dans une clinique à Marrakech. Hospitalisé le 22 juin dernier, il aura attendu en vain un rapatriement sanitaire urgent.

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Driss Mechioukhi, ancien président du Conseil des Marocains de France de la région PACA / DR.
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Reconnu au Maroc et France pour son engagement de longue date dans le milieu associatif de la communauté marocaine à l’étranger, Driss Mechoukhi est décédé ce matin à Marrakech. Depuis la clinique où il a été admis le 22 juin, ce MRE devait être rapatrié en France, pour être pris en charge par ses médecins traitants. Sa famille, à Safi et à Marseille, aura «fait les mains et les pieds» pour obtenir ce retour, qui «aurait pu lui sauver la vie», selon sa fille.

Auprès de Yabiladi, Yasmine Mechioukhi exprime sa colère et sa tristesse aprèd avoir vu «trainer» ce dossier jusqu’au décès de son père. Elle poite surtout «son assurance, qui était au courant de son cas et en contact permanent avec la clinique, sans qu’aucun des deux ne réponde aux sollicitations de la famille pour engager un rapatriement urgent».

Le 22 juin dernier, Driss Mechioukhi a été hospitalisé et son pronostic vital a été engagé, mais longtemps resté stable. C’est ce qui fait dire à sa fille qu’«il aurait pu être sauvé», mais qu’«on l’a laissé mourir». «Lorsqu’il a été admis à la clinique, les médecins se sont occupé de son cas, qui ne s’est pas détérioré. Mais lorsqu’on nous a proposé une chimiothérapie à 5 000 euros, que nous avons refusée en soutenant que son rapatriement sanitaire urgent était primordial, les soins ont été diminués jusqu’à l’arrêt», affirme Yasmine avec amertume.

Des soins diminués face au retard de rapatriement

«Depuis au moins une semaine, mon père aurait été uniquement sous antidouleurs, mais la facture de la clinique n’a cessé de gonfler, passant de 15 000 euros à 25 000 aujourd’hui», soutient encore la fille du défunt.

«Ce n’est pas parce que nous sommes des MRE que nous sommes forcément fortunés. Je souhaiterais simplement que la clinique justifie ces factures et nous dise exactement ce qu’elle administrait à mon père à part les antidouleurs, mais je n’ai toujours pas eu de réponse.»

Yasmine Mechioukhi

La famille Mechioukhi n’a toujours pas reçu de compte-rendu des examens auxquels le père a été soumis durant ce séjour hospitalier. «Jusqu’à ce matin, la clinique me contactait via Whatsapp pour me communiquer les factures, mais même pas pour m’annoncer directement le décès de mon papa, ce que je trouve extrêmement inhumain, douloureux et inadmissible», regrette-t-elle.

«Lorsque j’ai interpellé mon interlocuteur là-dessus, notre entourage en France nous ayant informés du décès entre temps, je me suis confronté à un violent silence qui ajoute au drame que nous vivons», déclare encore Yasmine. Selon la fille installée à Marseille, l’assurance et la clinique observent en effet «un mutisme total» sur la situation du père, les circonstances de décès et l’évolution de son cas jusqu’à sa mort.

Un deuxième décès dans le contexte de l’urgence sanitaire

Depuis l’hospitalisation de son père, Yasmine a pourtant remué ciel et terre pour obtenir ce rapatriement vital, d’autant plus que le défunt suivait déjà un protocole de chimiothérapie en France. «Nous avons écrit au consulat de France, puisque mon père est binational, lancé notre appel au ministère marocain des Affaires étrangères et aux différentes instance en charge des MRE», affirme-t-elle. Ces appels seront restés lettre morte, Yasmine Mechioukhi soutenant aujourd’hui que «l’assurance a sciemment laissé trainer la demande de rapatriement, pourtant incluse dans le contrat».

Malgré le deuil et la douleur d’avoir perdu son père dans ces circonstances, elle reste déterminée.

«Je n’ai plus rien à perdre, depuis que j’ai perdu mon père. Si je n’ai pas de réponse de la part de la clinique sur les raisons du décès, je suis prête à recourir à tous les moyens légaux, quitte à intenter une procédure en justice.»

Yasmine Mechioukhi

«Mon père a consacré sa vie aux causes des MRE et son engagement a été reconnu par une distinction royale, donc c’est une douleur encore plus grande de le voir partir lorsque c’est lui qui a eu besoin d’aide», souligne la jeune femme.

«Quand vous savez que malgré son état critique, un patient est récupérable et que vous ne faites rien pour qu’il revienne à la vie, il s’agit clairement d’une non-assistance à personne en danger», regrette Yasmine Mechioukhi.

Ce drame s’ajoute à celui de la famille Khiati à Figuig, qui a perdu son père, en avril dernier, après de vaines tentatives de rapatriement sanitaire urgent vers la France. Là-bas, le MRE bloqué au Maroc en raison de la pandémie devait également suivre ses séances de chimiothérapie, qui obéissaient à un protocole encore inexistant dans le royaume.

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