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Grand Angle  

Le président algérien préoccupé par le projet marocain de caserne militaire à Jerada

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a évoqué sur France24 le projet marocain de caserne militaire à Jerada, estimant qu'il constitue «une forme d'escalade».

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Abdelmadjid Tebboune lors de son interview exclusive à France24 / Ph. F24
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Le président algérien a accordé, ce samedi soir, une longue interview à la chaîne France 24. Phénomène assez rare pour être remarqué, cet entretien s'est déroulé au palais d'El Mouradia dans un contexte de relations tumultueuses entre Paris et Alger ces derniêres années. Covid-19, crise économique, hirak, Bouteflika, relations franco-algériennes, Syrie, Libye, ont été les grands sujets abordés.

Abdelmadjid Tebboune a également abordé en toute fin de l'entretien, les relations tendues avec le Maroc. «Jusqu’à présent l’escalade était verbale mais nous constatons que nos frères marocains passent à une autre forme d’escalade», a-t-il souligné. Il se réfère ainsi au projet des Forces armées royales de construire une caserne militaire à Jerada, à 38 kilomètres de la frontière avec l’Algérie.

Le chef de l’Etat s’est montré, par ailleurs, très prudent à l’heure de répondre sur l’intention de son pays de se lancer dans la réalisation d’une base militaire. «Je ne peux ni le confirmer ni l’infirmer», a-t-il répondu.

Pourtant la chaîne télévisée Echourouk News avait annoncé, le 23 juin, que «les autorités supérieures du pays ont également décidé, conformément au principe de réciprocité, de construire une base militaire stratégique dans un endroit proche de la base marocaine (Jerada), afin de protéger ses frontières et sa sécurité nationale des risques et menaces directs que constituent cette présence». Une infirmation reprise le même jour par les quotidiens L’Expression et El Watan qui citent tous «des informations des services de renseignements fiables».

Tebboune souffle le chaud et le froid

Malgré les tensions entre les deux pays voisins, le président a écarté toute escalade militaire : «Je ne pense pas. La sagesse a toujours prévalu entre les deux pays (…) J’espère que ça va s’arrêter.»

Répondant à une question sur la fermeture des frontières terrestres avec le Maroc, Tebboune a affirmé que cette fermeture «est une réaction à une action humiliante pour le peuple algérien. Les frontières ont été fermées au moment de l’instauration du visa. Ce n’est pas le Sahara occidental». Des déclarations que le candidat Tebboune a déjà tenues lors de la campagne des présidentielles du 12 décembre 2019. Il avait alors conditionné le retour à l’ordre qui prévalait avant 1994 à la présentation d'excuses officielles de la part du royaume, expliquant que «le peuple algérien a été humilié» par la décision du royaume prise en août 1994.

«Nous souhaitons le plus grand bonheur et tout le développement au peuple marocain frère. Nous n’avons aucun problème avec les Marocains. Nous n'avons aucun problème avec le roi du Maroc», a-t-il encore martelé. Mais de cette tirade rassurante, il n'a pu s'empêcher de lancer une dernière pique : «Il semble que ce sont les frères marocains qui ont un problème avec nous.»

L’interview accordée par Abdelmajid Tebboune à France 24 intervient à la veille de la commémoration de la fête d’indépendance et au lendemain du feu vert de Paris au rapatriement des ossements de résistants algériens vers leurs pays.

Article modifié le 05/07/2020 à 00h10

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