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Grand Angle

En crise, la Royal Air Maroc veut réduire la voilure d’un tiers

Après plusieurs compagnies internationales, c’est au tour de la RAM d’annoncer une vague de licenciements pour faire face à la crise qui menace le transport aérien, fortement impacté par la crise. Ainsi, plus de 850 salariés, toutes catégories confondues, pourraient perdre leur emploi. La compagnie devrait également se délester d'une partie de sa flotte.

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Abdelhamid Addou, pdg de Royal air Maroc / DR
Temps de lecture: 3'

La compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM), frappée de plein fouet par la fermeture des frontières et l’immobilisation de ses appareils suite à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) prépare ses scénarios pour une sortie de crise.

Jeudi, le top management de l’entreprise publique a convoqué à une réunion du «comité d’entreprise», boudée par l’association marocaine des pilotes de ligne (AMPL). Devant les représentations des syndicats des salariés, Abdelhamid Addou, PDG de la RAM a ainsi exposé les mesures devant atténuer l’impact de cette crise. Des mesures ayant fait l’objet d’un flash info publié hier soir par le bureau syndical de la fédération nationale du transport aérien (FNTA), affiliée à l’UMT.

Un licenciement de «858 salariés, toutes catégories confondues»

Dans sa note d’information, le syndicat cite une «réduction de la flotte», une «fermeture de certaines représentations», une réduction de l’effectif de 858 salariés, toutes catégories confondues» et un plan de départ volontaire en faveur du personnel ayant plus de 57 ans avec 15 ans d’ancienneté, sous réserve de l’approbation de la hiérarchie et dont les conditions sont toujours en négociations. Pour faire face à une période de gravité historique pour les salariés de la compagnie, la FNTA les a appelé à «rester solidaires et mobilisés autour du bureau syndical et de leurs représentants».

Contacté par Yabiladi ce vendredi, Allal Babalahcen, secrétaire général du bureau syndical de la RAM, affilié à l’UMT précise qu’il s’agit d’une «réunion d’information» plutôt qu’un «comité d’entreprise». «Pour nous, ce n’était pas un comité d’entreprise car celui-ci devait remplir un certain nombre de conditions. Or ils n’ont pas partagé avec nous au préalable l’ordre du jour», commente-t-il. «Nous les avons écoutés. Nous attendrons leurs propositions pour les analyser et présenter nos arguments et nos recommandations, car un comité d’entreprise n’est pas là juste pour entendre», ajoute-t-il.

Interpelé sur la vague de licenciement qui touchera la compagnie nationale, il considère qu’il «n’est pas normal que des familles se retrouvent sans ressources et sans emploi». «Cela fera jurisprudence pour les autres entreprises qui prévoient des vagues de licenciements», met-il en garde.

«Notre position est ferme et nous ne cautionnerons jamais des licenciements économiques. Nous savons très bien que la situation difficile ne date pas d’aujourd’hui. La crise sanitaire n’a été que l’accélérateur. Nous ne pouvons pas venir aujourd’hui et commencer à licencier des salariés, que ce soit ceux n’ayant que deux ou trois ans d’ancienneté ou ceux ayant 25 ou 30 ans.»

Allal Babalahcen

Céder 1/3 de la flotte pour faire face à la crise ?

Rappelant que les deux parties sont «toujours dans la phase de négociations», le syndicaliste annonce qu’un comité d’entreprise, «en bonne et due forme», se tiendra la semaine prochaine, «si les conditions sont réunies». «Nous ne pouvons pas assister à un comité pour qu’on nous expose la crise financière de la RAM à travers une présentation pour statuer ensuite. Nous ne pouvons argumenter des choses que nous n’avons pas reçues en avance. De plus, le législateur a prévu cela dans le code du travail», explique-t-il. Et de préciser que la loi «énonce aussi que le comité doit faire appel à un expert, rémunéré par l’entreprise, avant d’émettre des recommandations», car «en fin de compte, les délégués syndicaux ne sont pas des experts».

Selon Le360, l’un des scénarios évoqués lors de la réunion d'information d’hier consiste à «licencier 30% du personnel navigant technique (environ 180 pilotes), 30% du personnel navigant commercial (hôtesses et stewards) et 13% du personnel au sol, sans compter les suppressions d’emplois chez les filiales (RAM Handling, etc)».

Quant à la réduction de la flotte de la RAM, la compagnie n’écarte pas «l’éventualité de céder une vingtaine d’avions dont 4 Embraer, 4 Dreamliner 787 et une douzaine d’appareils B737». Et de rappeler que la flotte de Royal Air Maroc comprend actuellement 59 appareils dont trente-sept B737, deux B737 Max (immobilisés depuis le crash d'Ethiopian Airlines en mars 2019), un B767 Cargo (dédié au fret aérien), neuf B787, quatre Embraer 190 et six ATR 72-212A.

Yabiladi a tenté de joindre, depuis jeudi, la RAM ainsi que l'AMPL pour recueillir leurs réactions, en vain.

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