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Grand Angle

Maroc : Les fidèles s’impatientent face au maintien de fermeture des mosquées

Les appels à la réouverture des mosquées, fermées pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus au Maroc, se sont succédés ces derniers jours. Ce mardi, à Larache, une manifestation a eu lieu, au grand dam du Conseil supérieur des oulémas au Maroc ayant appelé les fidèles à continuer de prier chez eux.

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Des employés des services sanitaires désinfectent une mosquée à Beyrouth, le 5 mars 2020. / Ph. AFP
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Au Maroc, de nombreux fidèles sont remontés contre le maintien de la fermeture des mosquées du royaume contre la propagation du nouveau coronavirus. Mardi, des habitants de Larache ont organisé une manifestation pour protester contre la décision des autorités de maintenir les lieux de culte fermés malgré l’annonce de l’allègement du confinement ayant concerné la majorité des provinces marocaines.

Ils ont ainsi sillonné les rues de la ville, scandant des slogans pour comparer «la fermeture des mosquées» à «l’ouverture des usines». Une réponse indirecte à l’argument avancé par les autorités, qui justifient le maintien de fermeture par la lutte contre la propagation de la Covid-19, alors que plusieurs foyers industriels continuent de plomber les chiffres relatifs aux nouvelles infections.

Pour éviter que ce genre de protestation ne gagne d’autres villes marocaines, les conseils locaux des oulémas se mobilisent. Dans un communiqué, ceux de la région de Marrakech-Safi ont rappelé, hier, les difficultés liées à l’ouverture des mosquées. Ils ont ainsi appelé les fidèles à «plus de patience», les invitant à «prier chez eux pour l’éradication de cette pandémie au Maroc et dans le monde».

Le communiqué insiste sur le fait que l’ouverture des lieux de culte nécessite «vigilance et prudence», rappelant que la pandémie au Maroc n’a pas encore été éradiquée. Les conseils locaux mettent aussi en avant «l’impossibilité» d’appliquer certaines mesures dans les mosquées, comme la réduction de leur capacité à 50%, surtout durant la prière du vendredi, et l’«incompatibilité de la prière en groupe avec les mesures de distanciation physique». La même source cite aussi d’autres challenges, comme la désinfection des mosquées et le contrôle de l'état de santé des fidèles avant d’accéder aux lieux de culte.

Prière en période de pandémie

La sortie des conseils locaux des oulémas de la région de Marrakech-Safi fait suite à une première réaction de celui de l'Oriental, datant du 26 juin qui avait invité les citoyens et les citoyennes à continuer à prier chez eux.

Le Conseil supérieur des Oulémas avait lui-même affirmé, début juin, que la réouverture des mosquées se fera, en temps opportun, et en coordination étroite avec le ministère de la Santé et les autorités compétentes, tout en tenant compte de la situation épidémiologique dans notre pays.

«La prière collective dans notre rite malékite est effectuée en dressant une ligne sans éloignement, mais loin de tout rigorisme ou affectation.»

Conseil supérieur des Oulémas

Malgré les explications des Oulémas, le mécontentement grandit. Dans des tribunes relayées par Howiyapress, média proche des milieux salafistes marocains, ceux-ci mettent sur un même pied d’égalité «le besoin des citoyens de fréquenter les mosquées» et celui de «disposer d’établissement d’enseignement et d’hôpitaux et centres de soins», entre autres.

Certains, à l’exemple d’Hassan Kettani, explique que la distanciation physique n’annule pas la prière en groupe dans une mosquée, en justifiant cela par des versets du Coran et des hadiths. D’autres rappellent que «le coronavirus ne différencie pas entre mosquée, usine, centres commerciaux, cafés et bains maures».

L’impatience de certains fidèles intervient également au lendemain d’une polémique née d’une tribune publiée par Goud.ma. Supprimée aussitôt par le média, qui a présenté ses excuses, elle évoque «comment l’Etat bénéficie en ouvrant les bars mais gagne rien en ouvrant les mosquées». La tribune a largement été critiquée par ceux appelant à ce que l’allègement des mesures de confinement touche aussi les lieux de culte musulman.

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