Menu

Grand Angle  

Des étudiants marocains bloqués à l’étranger face au risque de devenir SDF

Les étudiants marocains qui étudient à l'étranger se sont retrouvés dans l'incapacité de survivre au milieu de la crise sanitaire mondiale. Incapables de payer le loyer et la nourriture, certains d'entre eux risquent de finir à la rue.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Depuis mars dernier, les frontières du Maroc restent fermées aux touristes étrangers mais aussi aux Marocains bloqués à l’étranger. C’est le cas notamment de plusieurs milliers d’étudiants marocains qui ne peuvent plus rentrer chez eux. De plus, même avec le début des opérations de rapatriement, cette catégorie, non concernées, peine à joindre les deux bouts.

En raison de la crise sanitaire du coronavirus, certains d'entre eux confient à Yabiladi qu'ils risquent bientôt de se retrouver à la rue, faute d’argent pour payer leurs loyers, ou à cause de la décision des autorités des pays d’accueil. C’est le cas de Soufiane, un étudiant de 22 ans, qui déclare ne plus avoir de moyens de payer son séjour, qu’il considère désormais comme «forcé» à Jizan, ville située à l'extrême sud-ouest de l'Arabie saoudite, sur les bords de la mer Rouge.

Des jeunes menacés d’expulsion

Etudiant en architecture dans le cadre d'un programme d'échange, l'étudiant doit quitter le campus universitaire dans quelques jours, alors qu’il ne sait toujours pas où aller. «Le semestre a pris fin il y a plus d'un mois et la bourse que je reçois de l'université a cessé», a-t-il déclaré. «L'administration du campus m'a appelé et m'a dit que je dois partir parce que l'établissement sera utilisé pour héberger les patients Covid+», rapporte le jeune homme. Soufiane survit grâce à la nourriture que ses camarades lui apportent.

Salma*, un étudiant de 26 ans à Séoul, est dans le même bateau. L'étudiante en ingénierie déclare aussi ne pas être en mesure de payer le loyer de son appartement après avoir perdu son emploi à temps partiel en raison de la crise sanitaire mondiale. Au Maroc, ses parents, qui lui envoyaient de l'argent, ont également perdu leur emploi.

«Mes parents ont cessé de travailler à cause de la crise du coronavirus et ils ne sont plus en mesure de me soutenir financièrement.»

Salma

Incapable de payer son séjour en Corée du Sud, Salma a toutefois pu survivre, grâce à la générosité de ses amis et celle d'une Marocaine qui l'a aidée à payer le loyer et à se procurer de la nourriture. Cela n’a cependant pas été suffisant. «Maintenant, je suis confrontée au danger de vivre dans la rue, car je n'ai plus de soutien financier et même mes camarades de classe ne peuvent plus payer mon loyer», déclare-t-elle.

La capitale sud-coréenne Séoul. / DRLa capitale sud-coréenne Séoul. / DR

C’est également le cas également de Sanaa*, étudiante en pharmacie, à Sunderland, au nord-est du Royaume-Uni. Agée de 20 ans, elle s’est retrouvée toute seule avant que d’autres pays ont rapatriés leurs étudiants. 

«L'école est terminée et tous les étudiants étrangers ont été rapatriés. Je vis seule et dans une semaine, je devrai payer le loyer alors que je n’ai pas les moyens pour le faire», témoigne-t-elle, la voix pleine d’inquiétude. En plus de la situation déjà difficile, Sanaa a récemment souffert de problèmes de santé.

«J'ai commencé à avoir un essoufflement à cause de mon asthme. Je souffre également d’anxiété et des fois je ne peux ni dormir ni manger. Mon médecin m’a conseillé d’aller voir un thérapeute alors que je commençais à avoir des pensées suicidaires.»

Sanaa

Un manque de ressources grandissant

Pour sa part, Najlae*, 20 ans, est bloquée aux Etats-Unis où elle était arrivée dans le cadre d'un programme d'échange de quatre mois. «Mon visa a expiré le 31 mai et je devais être à la maison à la mi-mai», a-t-elle expliqué.

Hébergée actuellement par un cousin éloigné en Californie, elle vivait à New York avant que les choses ne deviennent inquiétantes pour elle. «Les cas de coronavirus ont augmenté et l'université a renvoyé tous les étudiants chez eux. Je me sentais vulnérable et effrayée», a-t-elle déclaré.

«La situation s'est vraiment dégradée lorsque les manifestations ont commencé et qu'un couvre-feu a été appliqué», se rappelle cette jeune femme souffrant aussi d'un problème de santé. «Mon père a dû fermer son entreprise pendant trois mois. Il a du mal à joindre les deux bouts, ce qui rend les choses encore plus difficiles pour moi», ajoute-t-elle, l’air impuissante.

La situation n'est pas meilleure pour Othmane*, étudiant marocain au Sénégal. Le Marocain de 19 ans a lui aussi du mal à survivre. «C'est très cher de vivre ici», a-t-il précisé, ajoutant que sa carte de crédit, grâce à laquelle il récupérait l'argent de sa bourse, a été bloquée au niveau d’un guichet automatique, le seul moyen est de la récupérer au Maroc.

La capitale sénégalaise Dakar. / DRLa capitale sénégalaise Dakar. / DR

Nisrine*, étudiante en médecine dentaire en Jordanie, a également des difficultés avec ses finances dans ce pays du Moyen Orient. Arrivée dans le cadre d’un programme d'échange, la Marocaine âgée de 20 ans et qui avait l'habitude de recevoir une bourse à la fin de chaque semestre, affirme ne plus avoir d’argent. «Même nos parents qui nous envoyaient de l'argent éprouvent également des difficultés à cause de la crise», a-t-elle regretté.

De nombreux autres étudiants attendent toujours leur rapatriement ou l'ouverture des frontières pour rentrer chez eux, au Maroc, tandis que les opérations de rapatriement organisées par les autorités marocaines ciblent en priorité les citoyens vulnérables et les touristes munis de visas de type C.

* Les prénoms ont été changés

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com