Abdellah Al Asli est admis depuis le 1er mars dernier en soins intensifs à l’hôpital universitaire de Guadalajara. Une commune située à Tolède au centre de l’Espagne. «Nous n’avons pris conscience de son cas que le 16 mars dernier. La police, responsable de son état, a essayé de camoufler son jeu. Ses amis ont harcelé le commissariat de leur commune pour avoir de ses nouvelles. Ceux-ci ont prétexté qu’il a été refoulé au Maroc. Après vérification, ils ont su que leur ami n’était pas réellement rentré au pays. Ensuite, après plusieurs appels, ils ont entendu une autre version mensongère : qu’Abdellah se serait jeté, de son plein gré, du haut d’un mur pour ne pas être rapatrié. Mais lorsque nous sommes allés sur place pour nous enquérir de son état de santé, nous avons été choqués d'apprendre qu'il était devenu tétraplégique». Ce témoignage est de Nadia Otmani, présidente de l’Association El Amal, des Marocains d’Espagne. «Son état actuel est pour le moins alarmant. Il ne bouge pas ses membres inférieurs, ni supérieurs. Il ne parle pas, mais il nous entend et nous comprend. Hier, il a pu recevoir la visite de son cousin et était très heureux», continue la militante associative.
De même, hier, à l’occasion de la journée internationale contre le racisme, le militant espagnol Esteban Ibarra a promis d’aider Abdellah à s’intégrer dans la vie professionnelle en Espagne quand il surpassera son problème de santé. «En Espagne, la loi sur l’immigration n’interdit pas aux étrangers de fouler le territoire national. Des mesures flexibles permettent même à un étranger de rester de plein droit dans le pays jusqu’à l'obtention des papiers de résidence. Les délais accordés à ce droit varient de 3 mois à 3 ans selon la situation du ressortissant», mentionne Nadia Otmani avant d’ajouter : «Le cas d’Abdellah fait appel à la jurisprudence espagnole mais aussi à la société civile du pays. Que la version de la police locale s’avère vraie ou erronée, il est victime d’un acte raciste, inhumain et illégal», défend-elle.
Aujourd’hui, Abdellah Al Asli souhaite recevoir la visite de sa mère. Contactée par l’association El Amal, cette dernière semble rencontrer des difficultés administratives du côté de l’Ambassade espagnole. «Nous avons contacté l’ambassade espagnole au Maroc, mais nous ne comprenons pas pourquoi les services concernés refusent de comprendre le cas d’Abdellah. A mon avis, ils ne veulent pas «diplomatiser» l’affaire ni même comprendre qu’elle est avant tout une affaire humaine», s’insurge-t-elle.