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Tribune

L’intégration régionale avec les pays de la rive atlantique comme alternative au grand Maghreb

Avec des côtes s’étendant sur plus de 3500km, le Maroc est un pays complètement axé sur la mer, qui a toujours constitué à travers l’histoire, l’essentielle source de menaces et d’atouts. Bénéficiant d’obstacles naturels au niveau de l’Est, les stratèges des différents empires et dynasties ayant successivement gouvernés le Maroc, se sont le plus souciés des menaces venant d’outre mer et ont toujours placé l’océan et son contrôle au cœur de leurs priorités.

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Le Docteur d’Etat en sciences humaines de la Mer et professeur à l’Ecole Royale Navale, Dr. Jamal Eddine Borki, affirme que l’empire Chérifien ne serait jamais tombé sous l’emprise du protectorat si le Maroc n’avait perdu sa force navale. En effet, il est regrettable de savoir que la nation qui a inventé le légendaire «Chebec» (1), se trouvait vers la fin du XIXème siècle, avec une flotte de demi-dizaines d’unités dépassées. Un retour en arrière montre que les maux que vivait le Maroc ont commencé quand le Sultan Moulay Soulaïman ferma les portes du Maroc à toutes relations avec l’Europe, qui se faisaient essentiellement via la mer, et décida de s’orienter vers l’Est, pour des raisons religieuses et culturelles  et décida d’offrir les unités navales de l’Empire à l’Algérie et la Tunisie, relevant jadis de l’autorité de la Sublime Porte à Istanbul.

Par contre, sous son prédécesseur le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah, le Maroc connaissait une grande prospérité. En Effet, sous son règne le Maroc donnait une grande importance à la mer et aux transactions commerciales avec les royaumes de l’Europe. La force navale marocaine était à son apogée, surtout qu’il a réussi à utiliser les fameux corsaires marocains pour demander plus d’impôts à ses alliés européens.

Ceci confirme le constat déjà avancé, la mer est la source du beau et mauvais temps pour le Royaume Chérifien. Et comme l’histoire a tendance à se répéter, la puissance du Maroc ne peut venir à l’encontre de sa géographie et sa nature, et sa faiblesse ne peut que venir de son enclavement ou avec une stratégie qui ne respecte pas sa nature et sa géographie.

Cette orientation océanique s’est toujours répercutée sur la stratégie d’expansion de l’empire marocain, cela en préférant puiser leurs ressources plus au sud en longeant la côte atlantique, par la prise de contrôle et d’influence dans la zone s’étendant jusqu’à la guinée au sud, et en se limitant au Mali à l’Est. Ceci marqua le caractère spécifique du Maroc comme étant un îlot à l’abri de l’Est et ses maux, un orient qui n’a jamais séduit les ambitions stratégiques des sultans marocains.

En effet les peuples de la rive atlantique ont toujours constitués des «périphéries» par rapport à la puissance «centrale» de Fès ou Marrakech, les empreintes de cette influence qui a duré plusieurs siècles se trouvent encore sous plusieurs formes, comme les zawiyas en l’occurrence «Tijania»  qui symbolisent en quelque sorte le leadership dont jouissaient les sultans marocains à travers cette région.

Les liens sociaux, culturels… qui se sont tissés durant des siècles entre le peuple marocain, et les peuples de cette région d’influence historique, facilitent l’acceptation de ces populations du leadership marocain, lequel est considéré non hostile à leurs yeux.

La renaissance du Maroc comme étant une puissance régionale, devra en grande partie se baser sur la solidité des liens avec cette zone représentant la profondeur stratégique du pays et qui constituerait la principale source de matières premières et le principal débouché pour la machine industrielle marocaine. Le leadership politique et militaire doit d’abord s’appuyer sur un leadership économique puissant pour qu’il puisse être crédible et durable dans le temps. Chose dont SM le Roi Mohammed VI, Chef Suprême, Chef d’Etat Major Général des Forces Armées Royales, a pris conscience, à travers l’importance qu’il a accordée à la coopération Sud-Sud avec nos amis africains ainsi qu’à la revalorisation du corps naval de nos glorieuses Forces Armées Royales.

Sun Tzu auteur du célèbre «Art de la guerre» disait que «celui qui n’a pas d’objectif ne risque pas de l’atteindre», le Maroc doit d’abord se réconcilier et reconnaitre son histoire et à travers cela identifier ses ennemis et rivaux historiques, pour pouvoir mettre en place une stratégie intégrée à même de permettre de repositionner le Maroc à nouveau comme un pays qui compte sur l’échiquier mondial.

(1) Chebec : Le chébec ou chebek est un petit bateau méditerranéen. D'origine hispano-arabe, il sert pour le commerce ou la guerre. Très fin, il navigue à la voile et à l'aviron

Visiter le site de l'auteur: http://www.far-maroc.on.ma

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