«La multiplication des réseaux de narcotrafiquants ne doit plus être entrevue comme étant des faits-divers. Il s’agit d’un fléau d’une gravité extrême et les autorités marocaines le savent bien. De même, il importe de dire que ces réseaux ont souvent une relation avec des cellules terroristes transnationales. Celles-ci sévissent essentiellement dans les pays du grand Sahel. Les services de sécurité marocains se coupent donc en quatre pour endiguer le phénomène en décuplant leur vigilance au niveau des frontières du pays», affirme le politologue Mohammed Darif. En effet, ces connexions sont d’autant plus dangereuses qu’elles s’étendent sur plus d’une douzaine de pays subsahariens et nord-africains.
La filature montée par les services de sécurité marocains depuis 2011, a été payante. Le pistage a permis la saisie de plus de 1,5 million d’euros sur les narcotrafiquants et de nombreux et puissants véhicules.
Le réseau transnational de narcotrafiquants disposait de diverses ramifications et comptait sur des collaborateurs présents au Maroc, en Algérie, en Libye, au Niger, au Mali et en Egypte. Ces trafiquants convoyaient la drogue du Maroc vers l’Algérie de nuit, en passant par des zones où le contrôle des services de sécurité est rendu plus difficile par l’étendue des endroits désertiques.
«Ce qui facilite la propagation de ces trafiquants, c’est notamment le fait que les services de sécurité des pays du Sahel ne sont pas sur la même longueur d’onde au niveau de la surveillance. De même, l’argent facile, la corruption, la possession d’armes à feu entravent les efforts sécuritaires déployés dans des pays de la région, tel l’Algérie, le Mali ou la Mauritanie, en raison de leur grande superficie», continue le politologue. En effet, ces réseaux prennent le relais et transportent la drogue plus aisément sur les grandes étendues du sud algérien, jusqu’aux frontières avec le Mali et le Niger.
Un marché juteux
Toutefois, le cas libyen reste spécial. D’après le politologue et professeur universitaire Mohammed Darif, «du temps du régime de Mouammar El-Kaddhafi, les narcotrafiquants tiraient largement profit du laxisme des services de sécurité du pays. Chose qui facilitait davantage l’omniprésence des trafiquants libyens dans les pays frappés de plein fouet par le commerce de la drogue. Ceux-ci ont longuement été formés, par leurs chefs de réseaux, à acheminer leur marchandise à travers des circuits fluides.»
De même, selon des sources marocaines de la revue hebdomadaire stratégique Sahel Intelligence, les bénéfices de ce marché juteux au Maroc se chiffrent à hauteur de 30 milliards de dollars annuellement.