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Espagne : La mère d’Ilias Tahiri dénonce «un meurtre»

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Khadija Alanti tenant la photo de son fils, Ilias Tahiri / DR.
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Après une ordonnance du parquet pour approfondir l’enquête sur les circonstances du décès d’Ilias Tahiri, en juillet 2019, la mère du jeune garçon est sortie de son silence. Ce weekend, elle a rappelé que son fils, mort pendant son immobilisation au sol par plusieurs agents de sécurité et le directeur du centre pour mineurs Tierras de Oria à Almería, a été victime d’un meurtre.

«La vidéo parle d’elle-même : ce n’est pas un accident», a dénoncé la maman, dans un entretien à El Diario. Maintenant que de nouvelles investigations s’ouvrent pour définir les responsabilités, la mère d’Ilias revient sur «le racisme» dont son fils a fait l’objet, selon elle, à l’école ou lors de son passage par trois centres pour mineurs.

Plus jeune de cinq frères, Ilias a retrouvé sa mère à Pueblo Nuevo de Guadiaro (Cadix) dans le cadre d’un regroupement familial, un an après s'être installée en Espagne. C’est alors que l’adolescent se confronte à des difficultés à l’école. «Il ne comprenait pas encore l’espagnol et il me disait qu’il était maltraité à cause de cela, qu’il ne voulait plus revenir en classe», se souvient-elle. A 17 ans, le jeune garçon côtoie des amis, qui ont été impliqués dans une affaire de vol. Dans la foulée, il écope d’un an de prison ferme, qu’il passe dans un centre pour mineurs à Algésiras.

Ilias Tahiri sombre de plus en plus dans les problèmes psychologiques, ce qui a nécessité son transfert dans un centre à Cordoue, avant qu’il ne soit envoyé à celui d’Almería.

Celle-ci évoque un traitement dégradant, notamment pendant le mois de Ramadan, ou encore le fait que son enfant se plaignait d’être souvent attaché au lit dans le centre. «Il avait très peur, il disait qu’il était puni sans raisons», indique la maman. Autant d’usages qui ont fait l’objet d’un écrit, que l’adolescent a adressé au tribunal, resté lettre morte.

Dans le dernier centre où il a été admis, Ilias Tahiri n’a pratiquement pas pu voir sa mère. La première autorisation de visite lui a été accordée deux semaines avant le décès, mais a été annulée. «Ils m’ont dit qu’il y avait un problème. Après la tragédie, j’ai rencontré d’autres mineurs et j’ai découvert qu’Ilias avait été puni ce jour-là au sous-sol. C’était une chambre d’isolement». La veille de l’immobilisation qui lui a été fatale, Ilias Tahiri a de nouveau insisté pour revoir sa mère. «Il avait quelque chose d’important à me dire», souligne-t-elle.

Lors de cet échange «surveillé» qui a duré deux heures, le jeune garçon a fait part à sa mère de tous ces traitements, en lui révélant par ailleurs avoir été mis sous traitement médical, ce qui lui aurai causé une importante prise de poids. Ayant 18 ans, il a demandé à être transféré en prison pour terminer le reste de sa peine, les jeunes étant «traités comme des animaux dans le centre». Le lendemain de cette visite, un appel téléphonique a annoncé à la famille qu’Ilias était mort d’une crise cardiaque.

Aujourd’hui, Khadija Alanti espère que «justice soit rendue», après un précèdent classement de l’affaire en janvier dernier, où les juges ont conclu à une «mort violente accidentelle». La Fondation Ibn Battuta s’est saisie du dossier, ce qui a donné suite aux nouvelles ordonnances.

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