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Grand Angle

Diaspo #148 : Nadira Najib, une ingénieure marocaine qui brille aux Etats-Unis

En 2008, Nadira Najib a décidé de partir aux Etats-Unis, dans un parcours mêlant ingénierie et recherche académique dans le domaine de l'environnement. Son parcours l’a amenée à travailler au sein de grandes entreprises internationales, avec l’idée de se réinstaller un jour au Maroc... lorsque son destin en décidera.

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Najiba Nadir, une scientifique chevronnée aux Etats-Unis / DR.
Temps de lecture: 4'

Native de Casablanca en 1984, Nadira Najib a été couvée de toute l’affection que peut lui donner son entourage familial. Elle fait son enseignement primaire dans une école privée, jusqu’à ce que la mort de son père, en 1991, bouleverse cette paisible vie de famille. Face aux difficultés financières, les études dans une école privée sont vite devenues inenvisageables. La maman se résoud à l’inscrire dans le public. C'est ainsi que l'élève studieuse suivra son cursus au collège Ibn al Muakkite à Casablanca, puis au lycée Moulay Abdellah.

Nadira Najib obtient son baccalauréat en sciences expérimentales, ce qui lui ouvre les portes de la Faculté des sciences et des technologies, à Mohammedia. Sur les bancs de l’université, l’étudiante évolue en génie chimique avec succès, mais sans avoir eu le choix d’envisager des études à l'étranger. «La situation financière de ma famille ne m’a pas permis de me projeter dans des études ailleurs, d’autant plus que j’étais l’aînée de deux frères», confie-t-elle à Yabiladi. Mais loin d’être résignée, Najiba se retrouve pleinement dans la filière pour laquelle elle a opté. Elle se décrit d’ailleurs comme une personne qui a toujours été «passionnée par les travaux pratiques».

Mais pour autant, les quatre années passées à la faculté seront parfois difficiles pour Nadira. «Afin de se rendre à Mohammedia, il y avait le train ou le bus. Mais je faisais le trajet en empruntant le bus n°900, car le prix du ticket était moins cher», se souvient-elle.


Un rêve américain se réalise

Après quatre ans d’études terminées avec succès, Nadira entre dans la vie active. Elle intègre le Centre technique des industries du bois et de l’ameublement à Casablanca, où elle est chargée du contrôle qualité. Mais un an plus tard, en 2008, changement de cap vers les Etats-Unis. Elle collaborera à un projet de recherche à l’Université de Harvard, l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses dans le monde. Pourtant la thématique du projet est éloignée de sa formation initiale.

«J’ai collaboré pendant un an pour le projet de recherche 'Wikipédia sur l’islam', dans l’espoir de changer les stéréotypes sur l’islam, notamment aux Etats-Unis, mais en adoptant une approche scientifique. Je travaillais précisément sur le sujet de 'l’islam, les femmes et la science'. C’était pour moi une expérience formidable.»

Nadira Najib

«A mon premier retour au Maroc, un douanier m’a posé des questions sur mon métier. En lui déclarant que je travaillais à l’Université de Harvard, il ne m’a pas crue et m’a demandé comment j’étais arrivée là-bas. Je lui ai dit en riant qu'il y a même des Marocains à la NASA !», se souvient-elle avec amusement.

Ayant pris le goût pour les études, elle s’inscrit à l’Université de Stevens, dans le New Jersey. «Cette université compte de nombreux professeurs arabes et est connue par son excellent programme dans le domaine de l’environnement. Je voulais étudier dans ce domaine, en me concentrant sur l’eau et les eaux usées», nous explique-t-elle.

«Pour le master, mon projet était le traitement des eaux et l’extraction du phosphore, car cette substance endommage considérablement l’environnement. Après deux ans de Master, j’ai décidé de poursuivre un doctorat dans la même université, où j’ai obtenu une bourse complète», souligne la chercheuse.

Un parcours entre recherche et travail de terrain

Mais un an plus tard, Nadira Najib est gagnée par une certaine lassitude. Un sentiment de solitude à cause de tout le temps passé au laboratoire s’empare d’elle. «J’avançais positivement dans mes recherches, mais je sociabilisais très peu, donc j’ai décidé d’arrêter mes études pendant une période et j’ai commencé à chercher du travail», confie-t-elle.

Nadira rejoint alors Langan, une multinationale spécialisée dans les technologies vertes, connue notamment pour avoir mis en place les fondations de la célèbre «Tour de l’horloge» à La Mecque, en Arabie Saoudite. «Pendant sept ans, nous avons veillé sur toutes les études techniques en amont du projet», déclare-t-elle avec fierté.

L’ingénieure a par ailleurs travaillé sur nombre de gratte-ciels aux Etats-Unis et dans d’autres pays, où elle supervise les études liées au sol, en préparation de la phase de construction. Nadira se rappelle aussi de cette première fois où elle s’est rendue sur un chantier. «J’étais la seule femme et j'accompagnais mon patron sur l’un des sites. Les travailleurs l’ont abordé, sans jamais m’adresser la parole, en pensant que j’étais sa fille. Ils ont été très surpris lorsqu’il leur a annoncé que j’étais leur nouvelle cheffe de chantier», se souvient-elle.

Il y a six mois, Nadira a décidé de changer à nouveau d’environnement professionnel. Désormais, elle travaille pour le géant américain Honeywell, une des plus grandes entreprises dans le domaine des technologies électroniques complexes. Cette marque est présente un peu partout dans le monde et compte deux succursales au Maroc.

Une reconnaissance professionnelle aux Etats-Unis 

De tout ce parcours, Nadira retient ses souvenirs marquants. L’année 2017 restera gravée dans sa mémoire, riche en reconnaissances professionnelle et académique.

«Mon patron m’a nominée pour le prix du jeune ingénieur de l’année (moins de 35 ans) dans le nord du New Jersey, décerné par l’American Society of Civil Engineers. Quatre mois plus tôt, j’ai remporté le prix de meilleure jeune ingénieure montante, octroyé par le Civil Structure Engineer Magazine. L’année d’après, j’ai décroché mon doctorat en génie de l’environnement, spécialisée en filtration de l’eau.»

Nadira Najib

Quant à l’idée d’envisager un retour au Maroc, Nadira indique qu’elle y pense depuis un moment, mais sans avoir une visibilité sur quand elle franchirait le pas. Si elle revient au royaume, elle ambitionne de travailler dans le domaine de l’éducation. Son parcours dans l'école publique est resté gravé dans sa mémoire : «J'observe que l’école publique dans mon pays est en déclin, et cela me fait mal.»

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