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Grand Angle

L’histoire de Najwa Awane, une championne marocaine de tennis bloquée en Turquie

C'est l'histoire d'une battante, Najwa Awane, championne nationale de tennis en fauteuil roulant. En situation de handicap, la jeune fille s'est retrouvée bloquée en Turquie, alors qu'elle était partie pour un stage d'entrainement. 

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Najwa Awane, championne nationale, africaine et arabe de tennis sur fauteuil roulant / DR.
Temps de lecture: 3'

A l’image de plusieurs milliers de Marocains bloqués à l’étranger, en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, Najwa Awane a vécu une difficile séparation familiale depuis mars dernier. Championne nationale, arabe et africaine de tennis sur fauteuil roulant, elle s’est retrouvée dans la contrainte de prolonger sine die son séjour en Turquie. Partie là-bas le 8 mars pour un stage d’entraînement censé la préparer à représenter le Maroc aux Jeux paralympiques, la sportive de 22 ans est restée ainsi loin de ses parents, de sa famille et de ses amis sportifs.

«Ce voyage était nécessaire pour participer à certains tournois et augmenter mes points, mais aussi pour m’entraîner», a-t-elle déclaré à Yabiladi, soulignant avoir prévu de se rendre ensuite en Suisse, puis en Colombie. Après l’annulation de tous les championnats, elle a finalement décidé de retourner au Maroc, avant de découvrir que ce voyage non plus n’était plus possible.

«J’ai passé une semaine en Turquie. Après l’annulation des tournois, j’ai réservé mon billet de retour pour le Maroc le 16 mars, mais un jour avant le voyage, j’ai été surprise de l’annonce de la fermeture des frontières en raison de la pandémie.»

Najwa Awane

Prise de court lors d’un séjour d’entrainements

A son arrivée en Turquie, Najwa a habité à Izmir, chez une amie également championne de tennis. Elle raconte avoir contacté le consulat du Maroc dans la ville, après la suspension des voyages, pour notifier son cas et informer sur ses conditions de vie. «J’ai eu la promesse que je ferai partie du premier groupe des personnes à rapatrier, dès qu’un vol pouvait être programmé, au vu de ma situation», nous confie-t-elle.

 Najwa Awan, championne nationale de tennis sur fauteuil roulantNajwa Awane, championne nationale de tennis sur fauteuil roulant

Cette attente a duré trois mois, au cours desquels l’héroïne marocaine a espéré un appel du consulat du Maroc, mais ses espoirs ont été douchés : «Dimanche dernier, j’ai lu sur plusieurs sites d’information des Marocains bloqués en Turquie allaient être rapatriés. Lundi, au début, je pensais que c’était juste une fake news parce que je n’avais reçu aucun appel, mais des nationaux avaient déjà été reconduits au pays.»

Najwa contacte alors le consulat marocain à Izmir pour connaître les raisons de son exclusion du contingent, contrairement à ce qui lui a été promis. «On m’a dit que seuls les cas critiques ont été retenus pour ce premier vol», souligne-t-elle. «Les 313 premiers rapatriés sont-ils vraiment en état critique ? Et moi ?», s’est-elle demandée.

Tenant compte de la difficulté d’organiser des vols de retour pour les 32 000 nationaux bloqués à l’étranger, Najwa a longtemps attendu avant de faire parler de son cas. «J’avais confiance et j’étais pleinement consciente de la responsabilité de l’Etat pour rapatrier autant de personnes», souligne-t-elle.

«J’ai eu du mal à m’adapter là où j’ai été hébergée, car je ne connaissais pas encore bien la famille qui m’a logée. Je suis tombée plusieurs fois de mon fauteuil roulant ou dans la salle de bain. Mes hôtes essayaient de me venir en aide, mais j’ai beaucoup souffert.»

Najwa Awane

Une souffrance partagée entre le Maroc et la Turquie

La famille de Najwa, à son tour, souffre doublement. Elle vit l’éloignement de sa fille comme une épreuve, à laquelle s’est ajoutée l’exclusion de la championne des trois premiers vols de rapatriement, opérés mardi dernier entre Istanbul et Tétouan. Face à cette situation, Azouz Awane, le père de la sportive, a rompu le silence.

Dans un statut sur sa page Facebook, il s’est posé des questions sur les critères de sélection adoptés par le consulat et l’ambassade du Maroc en Turquie, pour l’organisation du retour des nationaux. «C’est une injustice flagrante contre une championne en situation de handicap», s’est-il désolé.

Contacté par Yabiladi, le père de famille dit avoir écrit au ministère des Affaires étrangères et au Chef du gouvernement, sans avoir obtenu de réponses. «C’est plus tard que nous avons reçu des informations selon lesquelles il est possible d’inclure son nom dans la liste des personnes qui seront rapatriées vendredi prochain, mais rien n’est encore officiel», affirme-t-il.

L'inistance des parents de Najwa va finalement porter ses fruits. Face aux réactions scandalisées, Najwa a finalement obtenu confirmation de l’ambassade du Maroc pour son rapatriement. Elle confirme à Yabiladi que ce vendredi, elle fera partie d’un nouveau groupe de nationaux, inclus pour un vol spécial. Un dénouement heureux pour une championne qui malgré son mental d'acier a été fortement éprouvée par 3 mois d'exil contraint.

Victime d’une erreur médicale

En 2008, Najwa Awane a été mordue par un pitbull, au niveau des membres inférieurs. Transférée à hôpital, elle a été victime d’une erreur médicale qui a nécessité une amputation.

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