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Grand Angle

Maroc : Le personnel hospitalier, grand oublié de la crise sanitaire

Le Maroc sort peu à peu de la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus. Mais le personnel hospitalier, qui a été en ligne de front, n'a vu aucune amélioration matérielle. En plus de leur sacrifice, leurs salaires ont été ponctionnés comme ceux de tous les fonctionnaires.

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Photo d'illustration / Ph. Mosa'ab Elshamy - AP - SIPA
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Dans nombre de pays touchés par la pandémie du nouveau coronavirus, la crise sanitaire aura permis une prise de conscience sur la situation sociale et les conditions de travail des professionnels de santé. L’une des premières réponses dans ce sens, en France, a été sous forme de prime, quoique contestée par des médecins eux-mêmes. En effet, ces derniers appellent plutôt à ce que le secteur public de la santé, ainsi que les structures hospitalières, soient dotés des moyens suffisants pour garantir la continuité de ce service à travers le monde.

Au Maroc, ce point fait débat, après trois mois d’état d’urgence sanitaire et de sacrifices du personnel soignant. Aucune prime, ni mesure pour améliorer les conditions de travail du personnel hospitalier n’ont été annoncées par le gouvernement. Alors que les équipes médicales ont été en première ligne face à la propagation de la Covid-19, leurs salaires ont été soumis à des ponctions automatiques et obligatoires, à l’instar des autres fonctionnaires dans le cadre de la mobilisation contre le nouveau coronavirus. Auprès de Yabiladi, des médecins confirment que «la retenue s’est faite sur les salaires d’avril, mai et juin, à hauteur d’un jour par mois».

Contacté par Yabiladi ce mercredi, le secrétaire national du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), El Mountadar Alaoui, précise que la valeur moyenne de la ponction serait ainsi de 800 dirhams par mois. Il reste par ailleurs sceptique sur une éventuelle prime. Si une telle initiative est annoncée, «ce ne sera qu’un geste symbolique qui ne changera pas grand chose», selon lui.

Une révision des politiques publiques de la santé plutôt qu’une «prime covid-19»

Pour El Mountadar Alaoui, les médecins du secteur public n’ont pas renforcé la mobilisation au sein du personnel médical et hospitalier pour percevoir une prime, mais «pour affronter une situation de pandémie mondiale et être au service des concitoyens, avec les moyens qui ont été alloués à cet effet, en bonne entente avec tous les départements du secteur».

«Nous n’attendons pas de prime, qui ne nous ajoutera pas grand-chose et qui, surtout, ne permettra d’améliorer ni le service public de la santé, ni la situation sociale des médecins hospitaliers, comme ces dernier l’exigent depuis des années.»

El Mountadar Alaoui

«Une motivation financière de la sorte reviendrait plutôt à infantiliser le personnel médical», conteste El Mountadar Alaoui. Celui-ci plaide pour que l’après-urgence sanitaire soit plutôt «un moment pour remettre à niveau réellement le secteur public de la santé et mobiliser le budget nécessaire, comme cela a été fait spécifiquement pendant la crise sanitaire et qui a porté ses fruits». Il appelle aussi à «réviser les salaires des médecins pour les aligner avec les doctorats d’Etat, ce qui fait partie des principales demandes de ces praticiens, bien avant la pandémie».

Dans ce sens, le secrétaire national du SIMSP indique que «durant cette période exceptionnelle et pour faire face à la pandémie, les revendication syndicales ont été mises de côté, de même que les différends avec le ministère par rapport au dossier revendicatif». «Maintenant, il ne s’agit pas de nous ‘récompenser’ pour nous être acquitté de notre devoir citoyen, mais d’ouvrir le dialogue avec les médecins».

Selon le praticien, ce dialogue entre ministère de la Santé et médecins est loin d’être au niveau où il devrait être. «Certaines directions régionales de la Santé exercent même des pressions sur nos secrétaires régionaux, pour mettre sous le boisseau les dysfonctionnements administratifs du service de la santé, au niveau local», regrette-t-il.

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