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Interview

Coronavirus et confinement : Vers un «retour à la normale» de la couverture vaccinale au Maroc

Plusieurs semaines après l’alerte lancée par les associations de pédiatrie au Maroc quant au retard du calendrier vaccinal chez les nourrissons et les enfants, la mobilisation semble porter ses fruits. Dr. Moulay Said Afif, pédiatre et président de l’association InfoVac Maroc revient pour Yabiladi, sur l’impact du confinement sur la couverture vaccinale.

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Image d'illustration. / Ph. Fred Tanneau - AFP
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Quel a été l’impact du confinement sur le processus de vaccination au Maroc, notamment chez les nourrissons ?

Les vaccins sont primordiaux, surtout chez les nourrissons puisqu’un grand nombre de vaccins se font durant les deux premières années. De plus, ils permettent de se protéger contre des maladies graves comme la rougeole, la méningite, la coqueluche.

Avec l’apparition du Covid-19, la vaccination a montré son intérêt, car si on avait trouvé un vaccin, on aurait mis fin aux mesures de prévention et la vie aurait repris son cours normal.

La vaccination a également permis la diminution drastique de la mortalité infantile. On n’enregistre plus au Maroc de cas de poliomyélite depuis 1987, de tétanos néonatal depuis les années 2000. Aussi, on ne voit qu’un ou deux cas de méningite à Haemophilus chez les nourrissons par an alors qu’on était à 250 cas. Tout cela montre l’importance de la vaccination.

Or, avec le confinement, nous nous sommes aperçus que les gens ne venaient pas vacciner leurs enfants dans les cabinets de pédiatres ou dans les centres de Santé, qui attirent plus de 90% des enfants vaccinés. La situation était grave, ce qui a nécessité de lancer l’alerte.

La mobilisation a-t-elle porté ses fruits, avec un retour à la normale de la couverture vaccinale ?

Il y a eu une mobilisation des associations de pédiatrie de tout le Maroc. Nous avons fait un communiqué, qui a été suivi par une réaction immédiate du ministère de la Santé, avant même l’Organisation mondiale de la Santé. Dans une circulaire, le ministre de la Santé a affirmé qu’il ne faut pas interrompre la vaccination des nourrissons jusqu’à 18 mois.

Nous avons une couverture vaccinale ayant baissé jusqu’à 63%. Mais, en l’espace d’un mois, nous sommes revenus à une couverture de 93%, entre fin mai et début juin. Nous avons rattrapé le retard du calendrier vaccinal de ces enfants, ce qui très important.

Comme nous avons fait le nécessaire, il y a eu une campagne de sensibilisation à la télévision pour inviter les gens à aller vacciner leurs enfants, que ce soit dans les cabinets ou les centres de Santé.

Il y a eu toutes les mesures de protection, avec des consultations sur rendez-vous, la distanciation, le lavage de mains, le port de masque. D’ailleurs, toutes les sociétés de pédiatries à l’échelle mondiale ont déclaré qu’il n’y a pas besoin de masque de protection pour les enfants de moins de six ans, qui ne se contaminent pas entre eux. Ce sont les adultes qui peuvent contaminer les enfants.

Quelle a été la situation des enfants atteints de la Covid-19 au Maroc ?

Nous avons stigmatisé les enfants à tort, car nous avons cru qu’ils étaient des contaminateurs beaucoup plus importants que les adultes, ce qui est faux. Les enfants contaminent 7 fois moins que les adultes. Comme les enfants sont en bonne santé de par leur âge et leur immunité, 90% de ceux ayant eu le Covid-19, que ce soit au Maroc ou à l’étranger, sont asymptomatiques ou ont des symptômes bénins.

Au Maroc, nous n’avons déploré qu’un seul décès de nourrisson. Cette petite fille avait un retard de croissance staturo-pondérale et une insuffisance rénale. Sur les presque 650 enfants touchés, tous ont guéri et n’ont pas eu de complication et n’ont pas été en réanimation, contrairement aux adultes.

Appelez-vous à laisser les enfants sortir, compte tenu des répercussions négatives du confinement sur leur santé ?

Il faut que les enfants, chez qui nous avons constaté des troubles psychologiques, puissent sortir à l’extérieur. Nous parlons de troubles de sommeil, anxiété, énurésie nocturne ou encore des régressions du langage. Des enfants sont devenus coléreux, car ils sont confinés entre quatre murs.

Les études ont aussi recommandé que les enfants sortent et qu’ils se réunissent avec d’autres enfants de leurs âges, même avec cette pandémie, car les enfants ne se limitent pas au tissu familial et restent plus sociables. Comme ils ne peuvent plus aller à l’école, il faut diminuer la pression.

Il faut apprendre à vivre avec le virus, en maintenant les mesures de prévention.

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