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Interview

Le regroupement des cas Covid+ «va rassurer les citoyens plus que les médecins» [Interview]    

Les ministères de l'Intérieur et de la Santé ont récemment décidé de regrouper tous les malades actifs de la Covid-19 dans des hôpitaux de l'armée à Benslimane et Ben Guerir. Le docteur Al Mountadar El Alaoui, secrétaire national du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) décrypte pour Yabiladi ce changement de cap.

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Photo d'illustration. / DR
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Que pensez-vous de la décision de regrouper les cas actifs de la Covid-19 au Maroc dans deux établissements de santé ?

Il s’agit d’une décision souveraine du ministère de la Santé et des autorités publiques qui chapeautent la gestion de cette pandémie.  Nous n’avons pas d’objection, d’autant plus que les objectifs de cette décision sont clairs : surmonter cette période de confinement et assurer le retour à la vie normale. Le travail doit reprendre naturellement et les hôpitaux doivent reprendre leurs missions, car nos établissements étaient mobilisés à 90% contre le nouveau coronavirus. Seulement 10% des effectifs et des efforts ont été destinés aux autres maladies. Avec cette nouvelle décision, je pense que les rôles seront inversés, et 10% des effectifs continueront leur travail de veille sur la situation épidémiologique. Personnellement, je pense qu’il s’agit d’une décision positive, car les Marocains reprendront les consultations et se rendront aux hôpitaux pour des soins.

Cette décision bénéficiera-t-elle aussi aux médecins du secteur public ?

Je pense que la décision va rassurer les citoyens plus que les médecins. Si les premierd vont être un peu plus rassurés en se déplaçant vers l’hôpital, le corp médical doit rester vigilant car il y a toujours un risque d’infection. Les médecins, conscients de ce risque, ne vont pas être forcément soulagés car avec ou sans la Covid-19, ils ont toujours ce souci de désinfecter certains services et surtout se protéger et protéger les citoyens. Nous devons continuer à faire preuve de vigilance, tous ensemble, car le danger est encore présent, et suivre les décisions émises par les autorités sanitaires.

En outre, depuis plus de trois mois, il y a eu des directives pour orienter l’attention vers la lutte contre la Covid-19. Même les rendez-vous et les interventions chirurgicales qui ne sont pas urgents ont été reportés sin die. Avec la reprise des consultations urgentes, l’activité ne baissera pas pour les médecins, bien au contraire. Ils continueront de faire des gardes et remplir ainsi leurs missions au sein des hôpitaux.

L’appel lancé par le syndicat pour tester les médecins du secteur public, comme pour d’autres secteurs, s’inscrit-il dans cette logique ?

Depuis le début de cette pandémie, nous avons mis de côté nos différends avec le ministère pour tenter d’unir les rangs. Nous n’avons certes pas été consultés depuis le début de cette pandémie mais nous avons soutenu les décisions émises par le ministère durant cette période. Les médecins ne sont pas tous mobilisés pour la lutte contre la Covid-19. Il y a ceux mobilisés dans le cadre de la lutte directe, qui effectuent les tests et administrent les traitements, mais il y a aussi ceux qui travaillent dans les centres de soins et sont consultés pour les autres maladies. De ce fait, ils sont aussi en contact direct avec les citoyens et présentent ainsi un risque d’attraper le virus. C’est la raison pour laquelle nous avons appelé le ministère pour que tous les médecins bénéficient de tests de dépistage de la Covid-19.

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