«Les funérailles du jeune Nabil Zouhri, décédé la veille dans des conditions non-encore élucidées, ont donné lieu à une marche pacifique, de plus de 20.000 personnes, depuis le cimetière jusqu’au centre de Taza. Une fois arrivé près du siège de la préfecture et de la résidence du gouverneur, la police, munis de matraques, tentait de disperser les marcheurs», rapporte à Yabiladi, Mohamed Chabairi, président de la section locale de l’AMDH. Tous les ingrédients pour qu’un affrontement entre les deux parties aient lieu, étaient présents. Chose qui n’a pas tardé à se produire avec «le rituel des jets de pierres de part et d’autres et précipiter à même la foule un véhicule de la police. Heureusement, nous n’avons relevé ni blessés ni arrestations», poursuit Chbairi.
Vidéo de la camionnette de police fonçant sur la foule
Un décès et deux versions
Ces nouveaux affrontements surviennent dans un contexte de haute tension entre les forces de l’ordre et les habitants de la ville, notamment les étudiants universitaires, les diplômes sans emploi et les jeunes du quartier Koucha. Les circonstances du décès de Nabil Zouhri n’ont fait qu’envenimer davantage la situation. Amis de la victime et la police ont, bien entendu, des versions contradictoires sur la mort de jeune : «les premiers affirment qu’ils étaient en pique-nique dans la montagne Bougarba, non loin de Koucha, avant que des éléments de la police ne fassent éruption et commencent à pourchasser Nabil dans une zone rocailleuse et le drame s’est produit. Nabil a fait une chute mortelle. En revanche, la police prétend qu’elle était sur le lieu pour procéder à l’arrestation de Zouhri», assure Mohamed Chbairi. Dans l’après-midi du samedi, juste après que l’information du décès de Nabil Zouhri ait fait le tour de la ville, le quartier Koucha, où résidait la victime, a connu des manifestations spontanées en signe de solidarité avec la famille des victimes.
Les promesses de Benkirane
Cette semaine Taza pourrait connaître la tenue de sit-in ou de marches à l’occasion du procès de ce lundi d’un groupe d’étudiants et l’annonce, mardi, du verdict dans un dossier où sont impliqués des membres de l’association Al Adl wal Ihassane.
Depuis le 4 janvier, Taza est la scène de confrontations entre les forces de l’ordre et les habitants de cette ville. Le 13 février, Abdelilah Benkirane a promis, lors d’une réunion tenue au siège de la primature, avec les élus de la ville de résoudre les problèmes sociaux que connaît cette localité. Dans des déclarations à la presse, rapportées le même jour par la MAP, Mustapha Khalfi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, annonçait «la mise en place d’une commission chargée du suivi et de l’examen des dossiers urgents». Plus d’un mois après ces «révélations» du ministre PJDiste, la situation à Taza n’a pas changé.