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Grand Angle

L’Algérie et le Maroc en lutte d’influence au Niger

Le Niger a valeur de test pour la nouvelle politique africaine du président Abdelmajid Tebboune. Le choix de ce pays sahélien comme cible prioritaire n’est pas fortuit, puisque proche du Maroc.

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Nasser Bourita remettant une lettre royale au président nigérien Mahamadou Issoufou / Archive - DR
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Le Niger est dans le viseur du pouvoir en Algérie, même si le pays sahélien est traditionnellement connu pour sa proximité avec Rabat. Le roi Mohammed s’était en effet rendu à Niamey en 2004, 2006 et en 2019. La dernière commission mixte, tenue à Rabat en décembre 2017, s’était conclue par la signature de 16 accords stratégiques.

Le Niger était aussi parmi les premiers défenseurs de l’adhésion du royaume à la CEDEAO. Il a ainsi permis au Maroc de prendre part officiellement au somment extraordinaire du groupement économique ouest-africain, en septembre 2019 à Ougadougou, consacré à l'examen de la menace terroriste.

Mais depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune, le 19 décembre 2019, l’Algérie a décidé de mettre le cap sur le Niger, multipliant les dons humanitaires adressés à Niamey et les entretiens avec les hauts responsables nigériens.

Le Maroc ne veut pas céder du terrain

La pandémie du Coronavirus a offert aux Algériens une opportunité pour lancer officiellement leur campagne. Le mois de mai a connu l’envoi de 57 tonnes de denrées alimentaires et de médicaments pour lutter contre la propagation du Covid-19. Une opération humanitaire suivie immédiatement d'un entretien téléphonique entre les présidents Tebboune et Issoufou sur «l'évolution de la situation sanitaire dans les deux pays et les perspectives d'élargissement des concertations et de la coopération bilatérales», rapporte un communiqué de la présidence algérienne publié le 13 mai.

Ces entretiens ont été précédés la veille par une réunion entre l’ambassadeur d’Alger à Niamey, Ali Drouiche, et le Premier ministre nigérien Brigi Rafini. L’attaque menée par des groupes terroristes, survenue le 12 mai, contre des localités situées à l’Ouest du Niger, et ayant fait plusieurs victimes parmi les civils, a été condamnée par le ministère algérien des Affaires étrangères.

Autant d’indicateurs attestant d'un réchauffement des relations entre l’Algérie et le Niger. Un rapprochement qui, visiblement, irrite Rabat, décidée à maintenir l'excellence des relations avec Niamey. Ce vendredi 5 juin, l’ambassadeur marocain, Allal El Achab, s’est entretenu avec le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé, au sujet du renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays dans le domaine militaire ainsi que sur la situation sécuritaire dans la région du Sahel.

Le choix du Maroc de répondre par la coopération militaire n’est pas sans rappeler la nature de la riposte algérienne au don humanitaire du royaume au Mali. Pour mémoire, le 17 mai, Rabat a mis à disposition de Bamako la clinique périnatale Mohammed VI. Un don auquel Alger a immédiatement réagi par l'envoi de cinquante-trois véhicules militaires à l’armée malienne. Preuve que les pays du Sahel demeurent un enjeu d'influence régional important pour les deux pays du Maghreb.

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