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Grand Angle

Armement : Le Maroc n’est plus un client fidèle de l’industrie militaire française (rapport)

Le Maroc n’est plus classé parmi les clients fidèles de l’industrie militaire française. Il est même dépassé par l’Algérie, ces trois dernières années. En témoigne le tout récent rapport des exportations françaises d’armement, remis au Parlement.

 

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Florence Parly, ministre française de la Défense
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En 2019, le montant des exportations françaises d’armement s’élève à 8,33 milliards d’euros, s’est félicité la ministre française de la Défense dans le préambule d’un rapport remis cette semaine au Parlement. Un chiffre qui reste cependant en nette baisse par rapport aux 9,1 MM euros enregistré en 2018.

Florence Parly a préférè insister sur la percée réalisée sur les marchés européens. «En 2019, les clients de l’Union européenne ont représenté 42% des prises de commandes auprès de nos industriels (et près de 45% en comptant les autres pays européens, hors-UE). Trois pays européens – la Belgique, la Hongrie et l’Espagne – figurent parmi nos cinq principaux clients. Ces résultats sont inédits, et ils ne sont pas le fruit du hasard», s'est-elle félicitée.

Le rapport confirme le net recul des «prises de commandes» venant du marché marocain, avec 81,6 millions euros en 2019. Un chiffre qui parait dérisoire mais qui reste largement supérieur aux sommes réalisées en 2018 et 2017, avec respectivement 15,3 M euros et 2,3 M euros. Il s’avère que l’Algérie a fait mieux que le Maroc durant les trois dernières années, révèle le document. Les commandes du voisin de l’Est ont attient 45,5 M euros en 2017, 60,5 M euros en 2018 et 117 M euros en 2019.

En 2019, le Maroc a commandé des Etats-Unis plus que les ventes totales d'armement de la France

Cette baisse observée du côté du Maroc, considéré comme l’«allié traditionnel» de la France en Afrique du nord, a coïncidé avec l’élection du président Emanuel Macron en 2017. On peut ainsi constater que les aléas de la politique impactent les ventes d’armes entre les deux pays. Si en 2013, la première année du mandat de François Hollande, les prises de commandes s’élevaient à 584,9 millions euros, elles ont effectué une dégringolade en 2014 pour se situer à seulement 47,6 M euros, l’année durant laquelle une escouade de la police française voulait arrêter Abdellatif Hammouchi, alors chef de la DGST, qui se trouvait à Paris pour prendre part à une réunion des ministres de l’Intérieur du G4 (France, Espagne, Portugal et Maroc).

Avec la reprise de relations plus normales avec Paris, dans le sillage de l’attentat contre Charlie hebdo de janvier 2015, les prises de commandes ont augmenté, pour atteindre 72, 5 M euros. L’année suivante, la normalisation s’est confirmée avec 89,6 M euros.

Si la ministre de la Défense s’est félicitée que les prises de commandes en 2019 dépassent les 8 milliards euros, il est lieu de noter que ce chiffre reste inférieur aux 10,3 milliards de dollars de contrats d’armement conclus la même année par le Maroc avec les Etats-Unis. 

Et c'est dans l'objectif de récupérer des parts de son «marché traditionnel», que Florence Parly a effectué les 5 et 6 février, une visite à Rabat marquée par ses entretiens séparés avec le ministre délégué à l’Administration de la défense nationale, Abdellatif Loudiyi, et le général de corps d'Armée, inspecteur général des FAR, Abdelfattah Louarak.

Trois mois après ce déplacement, le Maroc a accepté d’acheter des missiles du constructeur MBDA France. Un contrat de 191,2 millions euros, financé entièrement par un prêt accordé au gouvernement marocain par la banque française BNP Paribas. La reconquête d'un marché se fait ainsi au prix de concessions financières par la France. 

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