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Grand Angle

A Ksar El Kébir, la mobilisation pour les chibanis et les démunis

Lancée par l’association Ensemble contre l’isolement des personnes âgées, la Plateforme d’aide aux personnes âgées isolées à Ksar El Kébir a élargi son action aux démunis. Plus de 30 000 repas journaliers ont été distribués depuis le début du confinement.

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 Meryam Elbandki, cheffe de cuisine travaillant initialement à Marrakech, s'occupe actuellement de la cuisine solidaire. / DR
Depuis le début du confinement, Ensemble contre l’isolement des personnes âgées distribue des repas au profit des personnes les plus démunies de Ksar El Kébir. / DR
Depuis le début du confinement, Ensemble contre l’isolement des personnes âgées distribue des repas au profit des personnes les plus démunies de Ksar El Kébir. / DR

Au Maroc, les associations s’adaptent aussi pour faire face à la crise sanitaire causée par le nouveau coronavirus. Ainsi, à Ksar El Kébir, l’association Ensemble contre l’isolement des personnes âgées a élargi sa cible initiale. Destinée d’abord aux personnes âgées, l’association s’est fixée comme nouvelle mission de fournir des centaines de repas journaliers aux plus démunis de la ville. «L’idée existait déjà depuis le lancement de notre initiative Amri al Walida à Ksar El Kébir puis de l’association Ensemble contre l’isolement des personnes âgées et le centre d’accueil du jour dans le cadre de notre Plateforme d’aide aux personnes âgées isolées, Dar Wladi», nous déclare ce mercredi Labib Elmsaadi.

Ancien MRE, ex-banquier reconverti en chauffeur de taxi à Paris, il avait choisi en 2017 de revenir au Maroc au chevet de sa mère et se consacrer au soutien des personnes âgées dans sa ville natale. «Dar Wladi (chez mes enfants) est destinée à accueillir les personnes âgées en période journalière, leur faire bénéficier de vêtements et de salles de bains en plus d’une cuisine solidaire. Nous préparions ainsi des repas pour les personnes âgées qui ne pouvaient pas se déplacer», explique-t-il.

Des personnes âgées, des travailleurs et des SDF

De 30 et 40 repas par semaine, l’association a atteint 60 repas lors des premiers jours du confinement. Lors de ses visites dans les lodges populaires de la ville, Labib Elmsaadi et ses collègues ont alors constaté que la situation était critique pour un grand nombre de personne. Ainsi, en plus des personnes âgées et isolées, les travailleurs journaliers étaient sans revenus et les SDF sans soutien.

«Une grande partie des résidents de ces lodges faisait de la mendicité, dans les cafés et les restaurants pour avoir de l’argent pour manger et payer leurs loyers. Certains quémandaient de l’argent devant les portes des mosquées alors que d’autres travaillaient pour la journée. Avec le confinement, ils n’avaient plus de revenus.»

Labib Elmsaadi

Ensemble contre l’isolement des personnes âgées a alors décidé d’augmenter ses capacités pour préparer et transporter des repas à l’ensemble de ces catégories. «En moyenne, on était à 450 jusqu’à 500 repas par jour entre le petit déjeuner et le diner avant le Ramadan. Pendant le Ramadan, on leur proposait le Ftour et le S’hour mais actuellement, nous ne faisons que les diners», précise Labib Elmsaadi, qui note fièrement que l’ONG a «pratiquement dépassé les 30 000 repas depuis le 17 mars».

Une solidarité basée sur les dons et sans aides de l’Etat

En plus de soutenir une soixante de familles qui accueillent au moins une personne âgée chez elles, l’association a également couvert la ville de Larache en fournissant des repas aux SDF en collaboration avec l’Entraide nationale et la commune, chaque mercredi et samedi, depuis le confinement.

Avec 11 bénévoles et quatre salariés, il a pu compter aussi sur sa femme, Meryam Elbandki, cheffe de cuisine travaillant initialement à Marrakech. Trois voitures, en plus de l’aide de ses amis ont permis à l’association de se lancer dans ce défi.

Quant aux denrées récoltées pour préparer les repas, cet ancien MRE précise avoir lancé une initiative aussi pour les femmes au foyer, en leur proposant de préparer des repas aux plus démunis chez elles que l’ONG distribuera par la suite. «Depuis, des familles nous contactent pour nous informer qu’elles ont préparé 100 ou 200 repas. Nous avons aussi accueilli des dons en nature, comme du pain, de la viande, des fruits et légumes, des œufs, en plus de l’argent qui a servi à payer les dépenses pour la préparation des repas», ajoute-t-il.

Un pari que l’ONG a réussi, sans subventions des autorités. «Nous ne disons pas non aux aides des institutions car nous en avons besoin. Mais au lieu d’une subvention, nous souhaiterions un budget de fonctionnement établi sur la base de notre projet. D'autant plus que nous avons constaté que nous devons soutenir 30% des résidents de ces lodges, qui ne pratiquent pas la mendicité, ne travaillent pas et ne reçoivent aucune aide», explique Labib Elmsaadi.

«Durant le confinement, les gens ont vraiment soufferts. Des femmes, des enfants et des hommes frappaient à notre maison pour demander du pain, du lait ou même de l’huile. Ce sont des gens qui habituellement parvenaient à travailler pour subvenir à leurs besoins, mais aujourd'hui...», déplore-t-il.

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