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Grand Angle

Maroc : Des masques de protection allègent la solitude des sourds et malentendants

Et si les masques étaient un moyen de distanciation physique mais pas sociale ? A partir de cette idée, l’association Les Sourdoués à Tanger a conçu des masques transparents, adaptés aux personnes sourdes et malentendantes, afin de les sortir de leur solitude accentuée par le confinement sanitaire.

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Nadia Alami, présidente de l’association Les Sourdoués, avec l’un des enseignants de l’ONG / DR.
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D’ici quelques jours, les sourds et les malentendants pourront porter des masques de protection spécialement conçus pour eux, dans un contexte sanitaire où ils sont devenus obligatoires pour limiter la propagation du nouveau coronavirus. Derrière cette initiative, l’association Les Sourdoués à Tanger a pensé à une meilleure intégration des sourds et malentendants au sein de la société, en facilitant la communication entre eux. Ainsi, ces masques incluent une protection transparente au niveau de la bouche, pour faciliter l’échange en langue de signes.

L’initiative a vu le jour deux semaines après l’instauration de l’état d’urgence sanitaire au Maroc, indique à Yabiladi Nadia El Alami, présidente de l’association et par ailleurs comédienne. «En voulant se renseigner sur les dates de reprise des cours au sein de l’association, les bénéficiaires devaient porter des masques, comme le corps enseignant, sourd lui aussi ; cela a rendu difficile l’échange pendant nos réunions», nous explique-t-elle.

Maintenir les liens sociaux malgré le confinement

Dès lors, Nadia El Alami a réfléchi aux meilleurs moyens pour faciliter l’interaction sociale aux sourds et malentendants après le confinement surtout que le contact doit être maintenu avec les enseignants durant cette période. A la recherche de solutions, elle a découvert la vidéo d’une internaute américaine, montrant la confection de masques de protection avec une partie transparente au niveau de la bouche. C’est ainsi qu’elle s’est dirigée vers une entreprise de textile à Tanger en lui proposant l’idée, qui a été positivement accueillie.

En mai dernier, l’usine a conçu un prototype de ces masques, envoyé à un laboratoire spécialisé à Casablanca, pour vérifier la qualité du tissu et son adéquation avec les exigences de sécurité sanitaire, ce qui a pris du temps, indique encore Nadia El Alami.

«Ce sont des masques lavables réutilisables seulement sept fois. Mais les sourds peuvent porter un masque conventionnel lorsqu’ils n’ont pas besoin de communiquer, afin de conserver le plus longtemps possible les transparents.»

Nadia El Alami

En attendant de recevoir une certificat Imanor nécessaire à la fabrication, l'ong a mobilisé un large réseau d'associations de sourds-muets au Maroc, pour faire bénéficier un maximum de personnes. «J’en ai contacté dans plusieurs villes marocaines pour recenser le nombre de bénéficiaires, afin de leur envoyer des masques dès finalisation», précise Nadia El Alami. Cette initiative va bénéficier à 32 associations, basée dans 23 villes marocaines.

Elargir l’utilisations des masques transparents aux autres villes

Prochainement, l’association compte fabriquer au moins 2 000 masques qui seront utilisés avec la levée du confinement sanitaire. «Ils ont été conçus et essayés par des sourds, venus à l’usine pour voir concrètement s’ils étaient appropriés et confortables à porter, ce qui nous a aidés à améliorer le modèle», indique-t-elle.

«Je me souviens d’une phrase qu’une personne sourde-muette m’a dite : ‘nous sommes marginalisés dans la société et avec l’obligation du port des masques conventionnels pendant la crise sanitaire, nous nous sentons encore plus marginalisés’.»

Nadia El Alami

Cette phrase a renforcé la détermination de la présidente de l’association à poursuivre son travail et élargir l’initiative. «Nous commencerons avec les 2 000 masques, mais nous augmenterons la production par la suite et nous les distribuerons aussi aux pharmacies et aux médecins, mais ils resteront gratuits pour les sourds», prommet-elle.

L’association a décidé de nommer ces modèles «Maski’rit», car ils facilitent le décloisonnement des bénéficiaires. «Je sais que la situation sera encore plus difficile à la fin de la quarantaine, car ces personnes seront obligées de se déplacer pour répondre à leurs besoins quotidiens et il leur sera donc difficile d’échanger avec les autres, sans moyens adéquats à cet effet», souligne Nadia El Alami.

Selon elle, les orthophonistes et même les ORL peuvent acquérir les masques de l'association Les Sourdoués, afin d’échanger plus facilement avec les personnes concernées.

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