Menu

Grand Angle

La conservation de la gazelle de Cuvier, nouvel espoir pour réintroduire des espèces disparues

Une récente étude scientifique au niveau du Sahara atlantique a permis de détecter des zones propices à la conservation de la gazelle de Cuvier, espère menacée au niveau mondial. Dans ces espaces, les espoirs sont portés sur la réintroduction d’autres espèces cohabitantes, rendant possible la restauration du système naturel de la faune locale.

Publié
La gazelle de Cuvier se trouve dans les milieux naturels désertiques d'Afrique, notamment le Sahara / Ph. Klaus Rudloff
Temps de lecture: 3'

Reconnu parmi les déserts les plus riches en termes de biodiversité à travers le monde, le Sahara voit ses espères rares s’éteindre les unes après les autres, notamment la gazelle de Cuvier. Sédentarisation de la population, création de nouveaux habitats humains, changements climatiques, mais surtout chasse peu réglementée constituent les facteurs principaux de cette déperdition.

Cependant, les espoirs de reproduire l’équilibre naturel original de cette région existent. En effet, ce dernier peut être concrètement remis en place, selon une récente étude conjointe de chercheurs de l’Institut scientifique de Rabat (Université Mohammed V) et de la Station expérimentale des zones arides (Almeria).

Dans ce sens, cette étude intitulée «Identifier les zones de conservation prioritaires dans un environnement saharien en mettant en avant la gazelle de Cuvier en voie de disparition comme espèce phare» s’intéresse à la région saharienne atlantique, qui se distingue par ses hauteurs, ses fossiles, ses sources hydriques naturelles et ses plaines rocheuses.

Une gazelle de Cuvier et ses deux jumeaux à la Réserve africaine de Sigean (France) - mai 2017 / Ph. Réserve de SigeanUne gazelle de Cuvier et ses deux jumeaux à la Réserve africaine de Sigean (France) - mai 2017 / Ph. Réserve de Sigean

Un terrain propice au repeuplement de la gazelle de Cuvier

Ces recherches sont le résultat d’une expédition biologique entreprise entre 2011 et 2014. Il en ressort que malgré les conditions climatiques changeantes, la zone est l’un des derniers refuges de la gazelle de Cuvier et «probablement son principal bastion, avec l’Anti Atlas occidental».

L’enquête scientifique a d’ailleurs été menée dans l’extrême nord-ouest du désert saharien dans la région de Guelmim-Es Smara, délimitée par deux caractéristiques géographiques : le cours inférieur du Drâa au nord et le bassin supérieur du Sakia El Hamra au sud, décrivent les auteurs.

Dans cette étude, des zones optimales pour la conservation de la gazelle de Cuvier ont ainsi été identifiés sur ces lieux. Des recommandations proposent de les élargir, afin de faciliter la reproduction de cette espèce. En effet, celle-ci fait depuis longtemps l’objet d’une chasse largement tolérée, à tel point que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) la classe comme espèce menacée «vulnérable».

Localisation et topographie de la zone d'étude dans le nord-ouest du désert du Sahara. Image de fond de carte par Shuttle Radar Topography Mission (SRTM)Localisation et topographie de la zone d'étude dans le nord-ouest du désert du Sahara. Image de fond de carte par Shuttle Radar Topography Mission (SRTM)

«La zone contient divers terrains avec des zones accidentées et vallonnées (jbels), des zones plates avec des dépressions salines (sebjas), des plateaux (hammadas), des plaines argileuses (dayas), des plaines pierreuses (regs) et quelques petites zones dunaires (ergs)», décrivent encore les chercheurs, notant les caractéristiques géographiques propices à la vie de la gazelle de Cuvier.

Point de contact entre deux écorégions, celle sahélo-arabe et celle macaronésienne, ce site permet aussi de réunir des caractéristiques de la végétation méditerranéenne, tropicale et de la Macaronésie, recherchées par cette espèce. «Nos résultats indiquent que l’irrégularité locale du terrain (typique des zones les plus abruptes) et l’éloignement de grands regroupement de la population humaine sont les facteurs qui exercent la plus grande influence sur la distribution» de la gazelle de Cuvier dans cette région, indiquent encore les chercheurs.

Une occasion pour relancer la reproduction d’espèces disparues

Selon les chercheurs, l’aire de distribution potentielle de la gazelle de Cuvier sur la région étudiée «contient suffisamment d’espaces isolés de l’activité humaine pour soutenir la réintroduction des espèces menacées». Ainsi, les auteurs encouragent la mise en œuvre sur ces sites d’une stratégie de conservation de la gazelle de Cuvier, mais pas uniquement.

Photo d'illustration / Ph. gsn.maPhoto d'illustration / Ph. gsn.ma

Ces espaces constituent également un terrain propice à la protection d’autres espèces animales, ce qui ouvre une brèche pour recréer des équilibres de la faune locale et poser les nouveaux jalons d’un programme de réintroduction des espèces disparues de la région, comme la gazelle Mohor ou encore le guépard saharien.

«En outre, la protection de vastes zones pourrait promouvoir le développement local conformément à la conservation de la nature, grâce à un tourisme durable qui offre des alternatives à l’économie locale.»

Ainsi les auteurs recommandent aussi d’adapter le système socio-économique local à la nature de l’écosystème de cette région, afin de pérenniser d’une part les activités humaines et l’existence de ces espèces, d’autre part.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com