Le Maroc a rapatrié près de 200 de ses ressortissants «bloqués» à Melilla, le vendredi 15 mai. Des centaines de Marocains qui se trouvent encore dans la ville, dont une majorité de démunis, se sont plaints de la composition de la liste établie par le président du conseil communal de Nador, Rafiq Moujait, en coordination avec la prefecture de Nador.
La controverse visant les autorités locales marocaines a traversé la frontière, pour entacher les responsables de la Délégation du gouvernement espagnol à Melilla. On apprend que la représentante de Madrid est dans le viseur de ses supérieurs hiérarchiques.
«Sabrina Moh (membre du PSOE, ndlr) a reçu un avertissement pour sa gestion du rapatriement du 15 mai», nous confie une source proche du dossier. «Ils lui reprochent notamment d’avoir autorisé des ressortissants porteurs de la nationalité espagnole à quitter un territoire, qu’ils disent sous souveraineté de Madrid. Ce qui constitue, selon eux, une violation à une mesure de l’état d'urgence, interdisant aux Espagnols de quitter le pays», explique la même source.
Le fisc espagnol commence à s’intéresser aux biens des binationaux
Hier dans des déclarations à la presse, la Délégué du gouvernement a botté en touche une question sur le retour au Maroc de citoyens ayant la nationalité espagnole, se limitant à annoncer que «les procédures définitives» seraient menées à cet effet.
De part ses fonctions, Mme Moh a une autorité sur le corps de la police et en reçoit ses rapports. Elle aurait pu ordonner une enquête sur la liste des noms que la partie marocaine lui a transmise. Pour mémoire dans des déclarations à Yabiladi, le président du conseil communal de Nador, Rafiq Moujait, a révélé que «des personnes inscrites sur la liste ont décliné l’invitation du retour. Elles résident dans leurs maisons à Melilla et ont refusé d’être placés en quarantaine dans un hôtel» à Saidia.
Outre l’avertissement adressé à la Déléguée du gouvernement, on apprend que cette affaire suscite un engouement particulier auprès des services du fisc qui commencent à s’intéresser aux biens des ces binationaux au Maroc en vue de les taxer. Des politiques, y compris des élus communaux et parlementaires au Maroc, ont des propriétés immobilières, agricoles et industrielles au royaume alors qu’ils sont porteurs de la nationalité espagnole.
L’enquête n’est qu’à ses débuts. A moins qu'elle ne soit étouffée sous certaines pressions et considérations politiques.