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Interview

Le consulat du Maroc à Colombes accompagne 717 Marocains bloqués dans les Hauts-de-Seine [Interview]

Le département des Hauts-de-Seine fait partie de ceux qui comptent un nombre important de Marocains, en séjour temporaire mais bloqués en France depuis la suspension des voyages à cause de la pandémie du nouveau coronavirus. Consule du Maroc à Colombes, Souad Zairi dit en avoir identifié au moins 717. INTERVIEW.

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Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 3'

Combien y a-t-il de Marocains sur le territoire que couvre le consulat du Maroc à Colombes ?

Après recensement, nous en avons identifié 717 sur le département des Hauts-de-Seine (92), auprès desquels nous devons assurer écoute et accompagnement nécessaire jusqu’à ce qu’ils soient rapatriés. Il s’agit donc d’intervenir auprès de Marocains venus pour des raisons touristique, médicale, professionnelle ou pour une visite familiale.

A l’instar des autres consulats du Maroc à l’étranger, celui à Colombes est en effet tenu de respecter les consignes données par les hautes instructions royales, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères, pour venir en aide aux Marocains en séjour temporaire qui se sont trouvés bloqués là où ils se trouvent, à cause de la suspension des voyages en temps de pandémie du nouveau coronavirus.

Concernant la partie financière de ces aides, nous procédons en dressant une estimation budgétaire par quinze jours. On établit le budget prévisionnel pour les prises en charge de l’hébergement, du logement, des dons financiers et des achats médicaux, avec la coordination des services de comptabilité et des régisseurs. Pour les prises en charge des morts, nous établissons un budget à la demande.

En quoi a consisté votre intervention auprès des ressortissants marocains jusque-là ?

Les premières actions ont consisté déjà à prendre en charge les décès (funérailles et enterrements) des MRE dont les dépouilles ne peuvent pas être rapatriées en temps d’urgence sanitaire. Au niveau départemental, nous en avons déploré 28 à cause de la covid-19, sans parler de ceux dont les dossiers n'ont pas été transmis au consulat. 12 parmi eux ont été pris en charge par le ministère [délégué chargé des MRE, ndlr], à travers un appui financier pour des dossiers s’élevant en moyenne à 3 000 euros chacun, selon les factures présentées par les pompes funèbres.

Le deuxième volet de notre intervention a consisté à prendre en charge les Marocains restés sans logement après épuisement de leurs ressources financières ou la fermeture des hôtels où ils ont séjourné. 14 personnes, ont été prises en charge par le ministère, pour leur logement et leur restauration depuis le 15 mars dernier jusqu’à ce jour.

Les dossiers des Marocains fragiles et atteints de maladies chroniques sont souvent munies de leurs ordonnances, qu’ils nous envoient afin de limiter les déplacements pendant le confinement sanitaire. Nous coordonnons alors avec des pharmaciens, souvent marocains, pour accélérer l’acquisition de médicaments que des bénévoles mobilisés avec nous se chargent de distribuer à domicile. Cette action a bénéficié à plus d’une quarantaine de nos compatriotes bloqués.

Pour les personnes dont des problèmes médicaux surviennent au cours de ce séjour, nous avons aussi mobilisés des médecins, souvent marocains exerçant en France, pour des téléconsultations gratuites. Ils nous envoient aussi leurs ordonnances pour prendre en charge les prescriptions médicales. Nous sommes intervenus aussi auprès de Marocains hébergés chez leurs familles, enfants ou proches, parmi ceux dans un besoin financier.

Cette aide s’organise-t-elle avec un circuit associatif ?

En effet, en parallèle de ces actions, des associations de Marocains de notre département sont venus vers nous en exprimant leur souhait de se rendre utiles, surtout pendant ce mois de Ramadan qui intervient en pleine crise sanitaire.

Cette aide a été bien accueillie, surtout que les personnes en situation difficile ne sont pas uniquement ceux en séjour temporaire qui se sont trouvés bloqués ici. Nous sommes contactés par des étudiants marocains, des commerçants dont les activités ont été mises à l’arrêt, des personnes sans revenus fixes [et sans titres de séjour, ndlr] en situation précaire à cause de la pandémie du coronavirus… Nombreux sont ceux qui subviennent à leurs besoins à travers un travail non-déclaré, qui a pris fin avec la crise sanitaire.

De ce fait, nous nous sommes joints aux cinq à six organisations qui ont regroupé leurs efforts pour organiser des actions d’aide chaque vendredi de cette période de jeûne. Il s’agit de distribuer des paniers alimentaires constitués de denrées pouvant être conservées longtemps, en plus d’enveloppes financières pour compléter l’achat de produits.

Au premier vendredi, cinquante paniers et autant d’enveloppes ont été distribués, avec la signature de décharges. Le second vendredi, quatorze de ces paniers ont ainsi bénéficié à des étudiants et le troisième vendredi, 150 paniers ont été distribués.

Des associations, des fonctionnaires du consulat, des familles MRE et tout le monde à participé à compléter les frais nécessaires pour ces aides, afin que nous puissions répondre à toutes les demandes, en plus des actions à titre individuel et personnel sur lesquelles des donneurs souhaitent rester discrets. La crise sanitaire a en effet montré qu’il y a plus de personnes dans le besoin qu’on ne le croit, notamment des concitoyens en détresse et qui n’osent pas demander de l’aide, mais que nous avons identifiés pour les accompagner également.

Y a-t-il des préparatifs pour un éventuel retour ?

Le rapatriement se prépare pour les jours qui viennent, en effet. Nous ne connaissons pas encore les dates ou les modalités de cette opération. Nous sommes désormais tenus de réaménager nos listes des personnes que nous accompagnons à travers nos actions, en commençant par les personnes âgées, malades et isolées.

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