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Grand Angle  

Malaise des écoles privées face à la décision de reporter le retour des élèves en classe

Les écoles privées, déjà remontées contre le gouvernement après les sorties de Mohamed Amekraz, critiquent aussi la décision de Said Amzazi de reporter le retour aux écoles pour septembre. Elles considèrent la décision comme un coup de grâce porté à un secteur «vulnérable».

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Photo d'illustration. / DR
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Le torchon brule à nouveau entre le ministère de l’Education nationale et les écoles privées. Au lendemain de la décision de Saïd Amazazi de reporter le retour des élèves aux écoles au moins jusqu’à septembre, les écoles privées ont exprimé leur mécontentement.

Cette mesure vient s’ajouter à ce qu’elles considèrent comme «privation de bénéficier du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus» et l’«attaque» dont elles ont fait l’objet de la part de Mohamed Amekras, ministre du Travail et de l’insertion professionnelle.

Ainsi, dans une vidéo postée hier sur YouTube, Toufik El Alj, secrétaire national de l’association marocaine des établissements privés d’enseignement a dénoncé une «campagne» menée contre les écoles privées. «Cela fait que plusieurs parents ont arrêté de payer les frais de scolarité de leurs enfants, mêmes si ces derniers assistent aux séances d’enseignement à distance», dénonce-t-il, pointant du doigt le fait que ces parents «étaient encouragés en cela par les sorties médiatiques du ministre du Travail».  

«Plusieurs familles n'ont pas été impactées par les conséquences économiques de la crise sanitaire. Et malgré cela, cette catégorie qui a pu économiser des revenus et augmenter son pouvoir d’achat, a refusé de payer les frais de scolarité de ses enfants», fustige ce patron d’écoles.

«Nous avions alors espéré un retour à l’école et dans les salles. Mais la dernière annonce, mauvaise et lourde nouvelle, s’est ajoutée à l’exclusion des écoles de bénéficier du Fonds de la gestion de la pandémie.»

Toufik El Alj

Critiquant à la fois les sorties médiatiques d’Amekraz et d’Amzazi, le fondateur de l’Ecole Gauthier rappelle au ministre du Travail que «ce fonds ne lui appartient pas». «Il a été créé par Sa Majesté le Roi et appartient désormais à tous les Marocains qui y ont contribué», déclare Toufik El Alj. «Priver le secteur de l’enseignement privé depuis mars, sachant que les parents refusent de payer les frais de scolarité, est une erreur», insiste-t-il.

Et de rappeler que «les patrons de ce secteur ne sont pas venus aggraver le chômage, mais ont maintenu l’emploi».

Les écoles reprochent à Amzazi d’avoir enterrée le secteur

A Saïd Amzazi, le représentant des écoles privées reproche d’avoir «égorgé et achevé un secteur qui a toujours été à [ses] cotés». «Vous avez détruit l’espoir des élèves alors qu’ils rêvaient de bonnes notes pour aller dans des écoles supérieures et des spécialités tant voulues et vous avez privé ces parents de cet espoir», critique-t-il.

Sur un ton plus menaçant, Toufik El Alj considère que la récente mesure «menace 35 000 emplois du secteur». «Avec cette décision, vous avez condamné le secteur à l’anéantissement et vous l’avez enterré», déplore-t-il.

«Si vous ne voulez pas payer 2000 dirhams pour trois mois pour ces enseignants en chômage technique, vous allez régler des indemnités pour la perte d’emploi pendant six mois et ce, non pas pour 43 000 personnes seulement mais 90 000 ou 100 000 de ces employés.»

Toufik El Alj

Tout en insistant sur la «vulnérabilité» du secteur de l’enseignement privé, il s’est interrogé sur les capacités de l’école publique à accueillir ceux d’écoles ne pouvant pas maintenir le navire à flot. «En annonçant que les cours ne reprendront qu’en septembre et que tout le monde passe au niveau suivant, quelle motivation avez-vous laissé, monsieur le ministre, chez les élèves pour continuer à suivre des cours à distance ?», conclut-il.

Mercredi, devant les membres de la Commission de l’enseignement à la Chambre des représentants, Said Amzazi a révélé que 4% des écoles privées n’ont pas respecté leur engagement en adoptant l'enseignement à distance. «La continuité pédagogique est de la responsabilité du ministère, et ces établissements privés ont été saisies à cet égard», a-t-il déclaré, en précisant que le ministère prendra des décisions disciplinaires contre les institutions qui n’ont respecté cet engagement.

Selon les données officielles, le nombre d'établissements d'enseignement privés au Maroc est de 5 800, ce qui signifie que 232 établissements (4%) n'ont pas été impliqués dans le processus d'enseignement à distance.

Il y a quelques jours, et devant la commission parlementaire des secteurs sociaux, le ministre du Travail, Mohamed Amekraz avait déclaré que certains établissements de l’enseignement privé qui ont bénéficié du Fonds spécial seront finalement contrôlés pour vérifier qu’ils répondent bien aux critères de soutien.

Auparavant, il avait accusé les écoles d’avoir profité à outrance du Fonds spécial mis en place à l’appel du roi, en déclarant 48 000 salariés en arrêt temporaire de travail.

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