Le verdict final est tombé. Les auteurs présumés de l'attentats de Marrakech - un homme s'était fait exploser le 28 avril dernier sur la terrasse du café de l'Argana - ont été reconnus coupables et leurs peines ont été alourdies par le tribunal antiterroriste, selon AFP. Le principal accusé Adil Othmani, comme lors du procès en première instance en octobre dernier, a été condamné à mort. Son complice Hakim Dah, condamné initialement à la prison à perpétuité, a écopé, lui aussi, de la peine de mort. Des peines de 6 à 10 ans de prison ont été attribuées aux six autres accusés, tandis que le neuvième co-accusé devra purger une peine de deux ans de détention.
Un verdict «lourd» et un acte de «complaisance» envers les familles des victimes et de leurs pays, pense Khalil Idrissi, un des avocats des accusés. Pour son confrère, Me Abdelrahman, «la Cour a aggravé les peines contre plusieurs accusés qui n'ont aucun rapport avec ce crime». Les familles des victimes se disent, elles, «satisfaites», même si certaines reconnaissent qu’elles ne voulaient pas forcément la peine de mort au risque que les accusés soient considérés comme des martyrs.
Peine de mort VS droit à la vie
«Nous avons été consternés par le fait qu’il y ait une peine de mort supplémentaire», déclare la présidente de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), Khadija Riyadi, faisant remarquer que la constitution prévoit pourtant clairement - et pour la première fois - le droit à la vie. «Avec ce genre de verdict, nous assistons à un retour en arrière. C’est une contradiction totale», estime Mme Riyadi. Selon elle, les procédures judiciaires ont été accélérées à tort et «plusieurs aspects devaient être approfondis».
«C’est pas du tout facile de concevoir un tel verdict que ce soit pour les familles ou pour nous», confie Mme Riyadi. L’AMDH et les familles de six des accusés avaient organisé une conférence à la veille du procès en appel afin de demander un procès équitable. Les familles des accusés avaient profité de l'occasion pour dénoncer les violences des forces de l’ordre en l’encontre de leurs enfants en prison. Le juge d’instruction avait demandé des examens médicaux prouvant que les accusés étaient sujets à des actes violents, mais les résultats n'ont pas été communiqués. «C’est dommage qu’on fasse encore des procès comme ça dans un Maroc où on dit que les droits de l’homme sont respectés, déplore Mme Riyadi. On en est encore loin.»
Cette dernière condamnation en appel tourne la page d’un évènement désastreux qui a causé la mort de 17 personnes et blessées 21 autres.