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Grand Angle

Sarcelles : Portrait d'une franco-marocaine, flic et mannequin

D. mène une double vie, dans le Val d'Oise, à Sarcelles : flic à la ville, elle est top modèle amateur. Dans les deux camps, son public est conquis.

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Temps de lecture: 4'

«D. est une vraie hargneuse, c’est une fille, mais à l’intérieur, c’est un mec», laisse tomber Achille, patron du club de free fight ABS TEAM et coach de boxe anglaise de D., en mal de qualificatifs. Un garçon manqué D. ? 90-63-88, un petit trente six pour 1m80. 5 jours par semaine, D., franco-maroco-algérienne est membre de la brigade anti-criminalité au commissariat de police de Sarcelles, dans le Val d'Oise, en banlieue parisienne. Deux jours par semaine, elle cultive sa part féminine comme mannequin avec autant d’appétit pour le flash des photographes que pour les regards conquis et admiratifs de ses collègues de police.

Née à Villecresnes, D. a 25 ans. Elle a grandi en banlieue parisienne entre une mère algérienne et un père marocain, originaire d'Agadir. Avec deux frères plus jeunes, 18 ans et 22 ans, «je jouais un peu les grands frères», se souvient D. Passé le bac, elle s’intéresse d’abord à l’aide aux victimes avant de s’engager, dans la Police secours, en 2007, comme gardien de la paix. «Ce n’était pas du tout ma vocation à l’origine et puis j’ai aimé l’action, la sensation d’être au cœur des choses», explique-t-elle.

En parallèle, en 2006, comme si elle avait voulu compenser cet engagement dans un monde masculin, elle fait ses premières «photos». La même année, elle gagne le premier concours de miss franco-maroc. Un ami l’a poussée à le faire pour représenter Agadir, car, «je ne voulais pas perdre et y aller pour rien», explique-t-elle. De l’autre côté, quand elle se décide, sa mère lui annonce «si tu le fais, je ne te parle plus», «je lui ai dit que je ne lui demandais pas sa permission, que j’allais le faire et que si elle voulait venir, elle était la bienvenue», raconte D., la voix calme et posée.

Finalement, sa mère viendra jusque sur la scène pour la féliciter. Avec ce titre, la gardienne de la paix découvre le monde de la mode et des défilés. Depuis, elle n’a pas arrêté, malgré les réticences de son entourage, son travail et ses principes. «Par mes origines et mes convictions religieuses je refuse de poser nue ou à demi-nue pour porter de la lingerie, et j’ai dû refuser des shooting, pour ça», souligne D.

Les machos de la BAC

En juin 2011, nouveau défi : D. tente les épreuves pour entrer à la BAC, la Brigade Anti-criminalité, essentiellement basée sur le flagrant délit. «Sur une vingtaine d’hommes, nous étions 3 femmes. J’ai été la seule à réussir l’épreuve éliminatoire de tir», indique la jeune femme. Une fierté rapidement suivie d’une mise à l’épreuve d’un autre genre : être la première femme à intégrer la BAC de Sarcelles. «Pendant trois mois, je ne calculais personne, j’étais complètement fermée», se souvient-elle. En pantalon de treillis et sweat shirt noir, elle n’a qu’un leitmotiv : faire ses preuves, ne pas être la «mistinguette» que ses collègues s’attendent à voir.

La stratégie paye car D. est professionnelle et ne compte pas ses efforts. «C’est un titan, elle est plus que motivée», lâche David Taïeb, 28 ans, l’un de ses plus proches collègues. «Dans notre groupe d’entrainement on ne l’a jamais épargné, raconte-t-il, elle avait beaucoup plus de mal que nous, au départ, mais elle n’a jamais lâché, se souvient-il, elle s’entraine deux fois plus que nous.» Amoureuse de D., la brigade au grand complet ? «C’est la folie !», coupe son collègue, comme une évidence. «Tout le monde l’aime bien, c’est la protégée du groupe», explique-t-il.

S’imposer auprès de ses collègues est une chose, en imposer dans les rues de Sarcelle en est une autre. Dans certains quartiers le jeune mannequin est connu comme le loup blanc, son nom a été même été tagué sur les murs, rapporte David Taïeb. «Elle se fait souvent emmerder de par son origine. Certains ont du mal à accepté de se faire contrôler par une femme et plus encore d’origine marocaine», explique David. Ses origines maroco-algériennes deviennent utiles dans un autre contexte. Dans certains quartiers à forte communauté d’origine étrangère où elle est inconnue, «elle passe inaperçue, elle n’est pas reconnue immédiatement comme flic, personne ne la voit, alors c’est un peu notre espion», s’amuse-t-il.

Forcer le respect

Même stratégie dans le club de boxe de Achille pour les mêmes résultats : des hommes conquis et admiratifs. «J’étais impressionnée, elle n’a pas peur de prendre des coups», explique Achille. Pour elle, pas de MMA, outre qu’il n’y a personne de son gabarit avec qui elle pourrait combattre, il y a des prises au sol qui supposent un corps à corps, «je n’ai pas osé, je ne préfère pas», indique D. Face à elle, les hommes bodybuildés craindraient-ils de boxer trop fort ? «Ah non ! Elle n’aimerait pas que je dise cela, et puis c’est faux, elle est plutôt du genre à dire «vas-y tape», elle veut gagner sa place», insiste son coach. Elle l’a gagné, aujourd’hui, seule fille du groupe, elle est «considérée un peu comme une sœur, c’est un peu notre mascotte», explique Achille.

A l’admiration conquise de haute lutte des hommes qui l’entourent, D. ajoute le regard flatteur des photographes, car «faire sa star devant un objectif j’ai toujours aimé ça», reconnait-elle avec candeur. «Je suis comme toutes les filles, j’aime les belles robes, la mode et les chaussures», énumère-t-elle, mais pas question de passer des heures sur internet pour éplucher les défilé des grands couturiers. Avec sa peau mate et ses traits fins, la jeune femme a posé pour des créatrices maghrébines, comme Rkia Ait Blal, dans le cadre de défilés organisés aux Antilles, ou pour des créateurs comme Julien Moret. «Je n’ai pas vraiment les traits d’une rebeu, je peux passer pour un peu tout : on m’a déjà dis que je ressemblais à une italienne, une nana des îles ...», se rappelle D.

Pour la jeune femme, se glisser dans la peau d’un personnage est jouissif : la carapace peut tomber. «D. est deux personnes totalement différentes à la BAC et avec moi. Dans son travail, elle a dû s’imposer par la fermeté, ici elle peut sourire», explique Rkia Ait Blal, pour qui la jeune femme sert régulièrement de mannequin. Sourire mais sans perdre de vue le sérieux nécessaire à toute chose bien faite. «Elle arrive à l’heure, elle a pris ses dispositions à la veille pour arrivée avec un visage reposé ; elle sait aussi être à l’écoute des créateurs pour interpréter aux mieux leur attentes», souligne Rkia.

A osciller entre les pôles masculin et le féminin, D. n’a encore jamais eu à choisir. Aujourd’hui elle pense même à s’inscrire dans une agence de mannequin. Une mauvaise nouvelle, toutefois, pour Achille, son coach de boxe anglaise «elle a un excellent niveau mais ce qui m’a toujours bloqué pour la compétition, c’est son travail de mannequin. Une arcade sourcilière éclatée sur un mec on s’en fout, mais elle ...»

Une "Mascotte".
Auteur : Sanhaja-Upon-Thames
Date : le 15 février 2014 à 01h04
Servir de mascotte. Aucun parcours n'aura été aussi dur pour servir de... mascotte! Servir de mascotte. Et parfois de mannequin. Une belle réussite... Certains ont une drôle de conception du rêve américain.


Meknessia31
Auteur : Myriam.Z
Date : le 14 décembre 2013 à 23h35
Très cool ! La honte total !!
Masterchef
Auteur : abdel7800
Date : le 04 octobre 2012 à 18h06
Super ..... Un modèle pour les Garçons et Surtout pour les MatchoS.......
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